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Actualités - OPINION

Notre justice à l’agonie

On savait notre justice malade, on l’ignorait à l’article de la mort. L’état dans lequel se trouve ce secteur public, fondement de toute démocratie digne de ce nom, est désormais alarmant. Le coup de grâce lui a sans doute été donné par le blocage des nominations judiciaires qui a eu pour conséquences désastreuses : – la démission d’éminents magistrats pour protester contre cette situation ou pour postuler au Conseil constitutionnel. – la vacance de la présidence du Conseil supérieur de la magistrature, de l’Inspection judiciaire et de la Cour des comptes. – l’impossibilité pour une centaine de jeunes magistrats de commencer leur travail alors que les dossiers en souffrance s’accumulent. – la paralysie des tribunaux où certains magistrats préfèrent reporter audiences et décisions dans l’attente des permutations promises. – le maintien à des postes sensibles de plusieurs magistrats nommés par l’ancien régime ou sujets à des sanctions disciplinaires. Ce chaos n’est pas seulement imputable au retard pris dans l’examen des dossiers disciplinaires de quelques juges, retard qui empêche naturellement la nomination de ceux-ci, il est également dû à l’incurie des autorités libanaises qui, sourdes aux avertissements de notre garde des Sceaux, observent la déliquescence de notre justice avec une insolente indifférence, peut-être même avec délectation, tant il est vrai que certains partis au sein du gouvernement ont intérêt à ce que le Liban demeure une jungle et ne devienne jamais un État de droit. Pour sortir de l’impasse, certains suggèrent que les juges eux-mêmes montent au créneau. Mais ils oublient que cette fronde est impossible puisque nos magistrats sont privés de syndicat, contrairement à leurs homologues français, et assujettis à un devoir de réserve qui confine au mutisme. Reste les avocats. Dans toutes les phases cruciales de notre histoire, ils ont répondu présent. Qu’ils déclarent la grève, une grève ouverte, jusqu’à ce que nos dirigeants sortent enfin de leur léthargie et accourent au chevet de notre justice qui se meurt – si elle n’est pas déjà morte ! Alexandre NAJJAR Avocat, écrivain
On savait notre justice malade, on l’ignorait à l’article de la mort. L’état dans lequel se trouve ce secteur public, fondement de toute démocratie digne de ce nom, est désormais alarmant. Le coup de grâce lui a sans doute été donné par le blocage des nominations judiciaires qui a eu pour conséquences désastreuses :
– la démission d’éminents magistrats pour...