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Actualités - OPINION

Hommage à ma mère et aux autres …

Vingt-huit ans déjà, et comme si c’était hier, ce 10 novembre 1980 comme tous les matins, Odette Mallat Haddad se préparait pour se rendre à son institut. Son premier rendez-vous ce jour-là était avec la « faucheuse » (une voiture piégée). Cette mort qui a sévi dans toutes les familles libanaises et qui continue, jusqu’à cette heure, trente-trois ans après, sa sale besogne (ma tante, Evelyne Mallat, trois ans plus tard, subissait le même sort). Mais voilà, les temps changent. À l’époque, on croyait en notre cause : défendre les chrétiens du Liban. On croyait ferme que si l’on gagnait cette guerre, on sauverait les chrétiens d’Orient du désastre, du danger qu’ils courent aujourd’hui : l’exode. Nous voulions prendre le pouvoir et faire du Liban le pays chrétien de l’Orient, le seul, en tout cas, qui serait la muraille de l’Occident et le rempart contre l’extrémisme. Mais voilà, l’Occident nous a oubliés, et les Américains, pour des raisons stratégiques (le pétrole, le dollar, les ventes d’armes…), ont créé des alliances avec Israël, la Syrie, l’Iran, le monde arabe, et j’en passe, et nous ont sacrifiés sur l’autel des nations. Le Vatican, qui se veut défenseur des chrétiens, s’est trouvé complice muet, impuissant (Staline n’avait-il pas demandé combien de divisions il pouvait aligner ?…). Pour la Pologne, le pape avait mobilisé le monde entier car il fallait venir à bout de l’URSS, un concours d’intérêts interoccidentaux expliquait les choses. Malheureusement, aujourd’hui, on assiste à la disparition des chrétiens d’Irak – drame qui a commencé en 1916, de même qu’en Palestine –, berceau de notre civilisation chrétienne. Leur marginalisation en Égypte les dénudant de leurs droits n’est pas un moindre danger. Idem en Algérie. Les chrétiens de Syrie pourraient subir le même sort que leur congénères irakiens. Le pape Benoît XVI, lors de sa dernière visite aux États-Unis, et le président George Bush, qu’ont-ils décidé pour nous ? Le moment est venu de se réveiller, de réfléchir, de reprendre les choses en main ; il faut à tout prix se réunifier et décider de notre sort. La chrétienté est née dans cette région du monde. C’est dans cette partie du monde que tous les conflits ont puisé leurs sources et leurs solutions. En tant que chrétiens, nous devons revoir nos relations avec le monde entier, et surtout comprendre et étudier notre histoire. Depuis les croisades, nous payons le prix fort, nous nous faisons manipuler, acheter, vendre ; nous acceptons des solutions mitigées, floues et de courte durée. Unissons-nous et arrêtons cette gangrène. Unissons-nous pour sauver nos pays pour que puissent vivre nos enfants sur cette terre, fièrement, en souvenir de leurs grands-parents. Voyons grand, voyons notre avenir, voyons comment partager et vivre en osmose avec nos voisins sans nous faire assassiner, et en toute dignité. Voyons où sont nos vrais intérêts. Et au lieu de dilapider notre argent sur l’inutile, investissons-le pour exister pour qu’un jour nous ne regrettions pas ce moment de perdition. Arrêtons de sacrifier et de vendre à tout bout de champ de lapider notre terre ; rassemblons chaque parcelle de terre, celle longtemps conservée par nos ancêtres, cette terre de paix, de cohabitation, de coexistence, celle qui abrite cet être, cet habitant qu’un jour l’histoire a appelé le « Libanais ». Pour l’avenir, il est temps de réagir et ne plus subir. Arrêtons les massacres. Vivons en harmonie avec l’islam. Que le Liban soit l’exemple, l’unique, le fer de lance, le point de départ. Malgré tout, les États-Unis ne viennent-ils pas de donner une grande leçon de démocratie au monde entier, l’élection d’un président noir d’origine musulmane ? Le monde change, le monde a changé. En mémoire de tous nos morts et martyrs, moi, Libanais, je lance un appel solennel à nos politiciens ainsi qu’à tous ceux qui se disent responsables. Je les appelle à considérer sérieusement l’avenir d’une nation, d’un peuple, du Liban qu’ils prétendent représenter. Je les appelle surtout à agir pour les chrétiens du Liban, ceux de l’Orient, à leurs enfants et aux enfants de l’avenir. Youssef Georges HADDAD
Vingt-huit ans déjà, et comme si c’était hier, ce 10 novembre 1980 comme tous les matins, Odette Mallat Haddad se préparait pour se rendre à son institut. Son premier rendez-vous ce jour-là était avec la « faucheuse » (une voiture piégée). Cette mort qui a sévi dans toutes les familles libanaises et qui continue, jusqu’à cette heure, trente-trois ans après, sa sale...