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Actualités - CHRONOLOGIE

Cette exquise musique médiévale…

Edgar DAVIDIAN Un concert important (et bien rare) dans la foulée de cette rentrée musicale. Le quatuor Écho du Danube, sans valse aucune, a donné un exquis florilège des œuvres musicales de la Renaissance. Dans le chaleureux (voûte en bois sculpté) et menu écrin de la chapelle de la paroisse protestante (Manara), le quatuor Écho du Danube, avec le concours du Kulturzentrum et l’ambassade d’Allemagne au Liban, a offert aux mélomanes un voyage au temps de jadis… Au temps où les cours européennes du XVIe siècle (avec quelques légères incursions au XVIIe siècle) résonnaient d’une musique délicate aux élégances surprenantes et aux mille facettes… Pour cela, quatre jeunes musiciens, tous vêtus de noirs, talentueux et inspirés, devant l’autel : à la viole de gambe Christien Zincke, au luth Michael Ducker, au tympanon Elizabeth Seitz et à la harpe Johanna Seitz. Pour ce petit voyage sonore tout en notes frémissantes, entre complaintes mélancoliques, danses alertes et vives et rythmes un peu languides parfois, des pages de John Dowland, Girolamo dalla Casa, Giovanni Battista Vitali, Dario Castello, Andrea Falconiero, Girolamo Kapsberger, Santiago de Murcia, Bernardo Storace, Lucas Ruiz de Ribayaz, Luis Milan, Diego Ortiz, Vicente Adan et Fernando Diego de Hueno… Série de noms peu connus des non initiés, mais une belle révélation au public et une belle découverte sonore pour un étroit cercle d’amis de la musique enchantés par ces mélodies fluides et suaves, surtout dans les très heureux mélanges d’instruments. Notamment la très riche rencontre de la harpe et du tympanon, de la famille de cithare sur table, sorte de proche parent du qanun, avec notes non pincées, mais frappées par des mailloches… Bien sûr, dans ce magnifique voyage entre les frontières médiévales de l’Angleterre, de l’Italie et de l’Espagne, seul émerge encore le nom de Dowland dans ces partitions pour un public très averti. Superbe narration de ce Flow My Tears pour des larmes qu’on ne réprime plus quand le chagrin déborde… Mais aussi, sur une partition d’auteur anonyme, on apprécie les colères et la tempête des « furies » aux tonalités drues et hachées entre harpe délicate et tympanon aux notes fragiles et cristallines…Sans oublier ces splendides images sonores, parfaitement shakespeariennes… Une société profondément raffinée Images vaporeuses et en demi-teintes où semblent flotter Roméo et Juliette avec leur masque inquiétant pour la naissance d’un amour tout aussi splendide, mais tout aussi inquiétant car ravageur et fatal… De Caprice en suave mélodie, en passant par une somptueuse Toccata, une lumineuse Sonate, une décapante Folia et une Chaconne aux arches sonores déployées telles les ailes d’un archange, l’Italie aux élégances sublimes étale avec éclat et un sens d’une brillante mondanité les fastes sonores d’une société médiévale profondément raffinée… Lumière et vivacité encore plus éblouissante pour le pays de Cervantès. De Gaillardes en Fantaisie, en passant par un vibrant Fandango pour terminer sur une énergique et tonique Tarentelle, la musique ibérique est représentée ici avec panache dans une riche et éblouissante palette de couleurs. Dernières notes en feu d’artifice, avec cette tarentelle agitée. Une danse importée du sud de l’Italie… Danse fébrile pour soigner justement la piqûre d’une tarentule ! Pour extraire le poison du corps et conjurer la maladie, rien ne vaut cette danse effrénée (probablement le twist ou le rock de l’époque)… Salves d’applaudissements d’un très petit public. Révérence des artistes et un petit bis pour un auditoire comblé. Dommage qu’une prestation aussi intéressante et exceptionnelle ne draine pas davantage de monde. Dommage surtout pour la notable absence des vrais amateurs de musique, surtout médiévale…
Edgar DAVIDIAN


Un concert important (et bien rare) dans la foulée de cette rentrée musicale. Le quatuor Écho du Danube, sans valse aucune, a donné un exquis florilège des œuvres musicales de la Renaissance.

Dans le chaleureux (voûte en bois sculpté) et menu écrin de la chapelle de la paroisse protestante (Manara), le quatuor Écho du Danube, avec le concours du...