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Actualités - OPINION

Gros bobos… à gogo

« J’aime flâner sur les grands boulevards. Y a tant de choses, tant de choses à voir », chantait Yves Montand. « Je rêve », écrivait dans L’Orient-Le Jour du mercredi 5 novembre 2008 notre grand ami et conseiller municipal Georges Tyan. Cela m’incite à l’inviter pour une promenade sur ce seul boulevard d’Achrafieh, tout en lui recommandant de chausser des bottes d’alpiniste ; histoire de transformer le cauchemar en rêve. Il n’y a rien à voir sur ce boulevard. Spontanément, têtes baissées, les piétons regardent où poser leurs pieds… Les dalles roses et grises ont perdu leur couleur : les unes s’enfoncent, les autres se redressent sur tous les trottoirs. Une amie commune se casse le coude, le pied surpris par une dalle indisciplinée. Une jeune fille de vingt ans bascule en avant pour la même raison : fracture ouverte du tibia. Une autre se foule la cheville, le pied coincé dans un pavé enfoncé dans le sol. Cerise sur le gâteau, une dame d’un « certain âge », « accro » de la marche quotidienne, fait soudain un vol plané suivi d’un atterrissage forcé sur les genoux. Un vrai miracle : contusions, plaies béantes, mais pas de casse. Pourtant, la dame connaît bien le terrain : ce petit tronçon est lisse, bien pavé – l’exception. Probablement qu’un pavé serré aux autres étouffe dans cette promiscuité, se rebelle en 24 heures. Voulant prendre l’air, il retrousse le nez et attend la dame : comptine pour enfants, que la dame a rapidement inventée pour calmer l’inquiétude des enfants de son immeuble : pourquoi tu boites ? Pourquoi le sang dégouline sur tes pieds? Monsieur le Conseiller, veuillez conseiller la municipalité de Beyrouth, les Travaux publics de ne pas redaller tous les trottoirs d’Achrafieh : cela prendrait cent ans. Il se peut que nos arrière-petits-enfants en profitent s’ils ne tombent pas sur les arrière- petits-enfants des entrepreneurs véreux. Quelques solutions judicieuses : – Avec la contribution des Travaux publics et du ministère de la Santé, acheter des béquilles, des « walkers », des cannes pour les indigents des trottoirs d’Achrafieh. – Peut-être convaincre la Croix-Rouge de faire, en ambulance, des tournées diurnes et nocturnes afin de ramasser les victimes. – Créer une assurance spéciale trottoirs. La marche dans Achrafieh ressemble de plus en plus à une marche funèbre. Mais pas à celle de Chopin. Lilian MOUSSAWER LAHOUD
« J’aime flâner sur les grands boulevards. Y a tant de choses, tant de choses à voir », chantait Yves Montand.
« Je rêve », écrivait dans L’Orient-Le Jour du mercredi 5 novembre 2008 notre grand ami et conseiller municipal Georges Tyan.
Cela m’incite à l’inviter pour une promenade sur ce seul boulevard d’Achrafieh, tout en lui recommandant de chausser des bottes...