Un choix existentiel …

À l’ordre du jour, les législatives de 2009, sujet que tout le monde s’accorde à juger « chaud » surtout en ce qui concerne la communauté chrétienne. En effet pour les membres de celle-ci (candidats et électeurs), l’issue de cette bataille sera décisive, voire historique. Pour toutes les autres communautés libanaises, le problème ne se pose plus (ou pratiquement plus) depuis la réconciliation sunnito-chiite et l’entrevue Hassan Nasrallah-Saad Hariri qui ont tous deux confirmé qu’ils n’auront pas d’alliance électorale. Et bien qu’il subsiste des points d’interrogation quant à une potentielle réunion/ réconciliation /alliance entre Walid Joumblatt et Hassan Nasrallah, la seule véritable incertitude réside dans les alliances des candidats chrétiens et dans le vote des électeurs, qui pèsera lourd dans le scénario final. Or il faut se rendre à l’évidence, les chrétiens sont, une fois de plus, mal « barrés » et les perspectives sont loin d’être brillantes. Malgré les efforts louables des médiateurs, certaines parties, méprisant mains tendues et mea culpa, s’entêtent à torpiller toute tentative de rapprochement et s’attaquent tantôt aux autres pôles chrétiens, tantôt au patriarche, tantôt au président de la République, tantôt encore à la presse et aux médias, à coups de conditions, ultimatums, discours démagogiques diffamatoires, critiques acerbes et attaques ciblées. Évidemment, il est clair que lorsqu’il est impossible de trouver des explications plausibles à des alliances contraires à tout entendement, le seul moyen de fidéliser des partisans et de titiller leur taux d’adrénaline est le recours aux joutes verbales et à l’exhumation des démons et des animosités du passé. C’est à se demander quel est le but ultime de ces hommes, quel est leur véritable programme et sur quoi se base leur vision... En tout cas, visiblement pas sur l’avenir et l’identité d’une communauté, d’un peuple et de tout un pays. Pris dans cette tourmente, les chrétiens sont ballottés et perdus. Le choix est cornélien et les exemples de discorde nombreux : que de frères brouillés, que de familles scindées et que de collègues soudain passés au rang d’ennemis ! Quant aux neutres et aux indépendants, leur position est tout aussi difficile car il n’y a pas de place pour eux et ils finissent par céder, malheureusement, à des données biaisées par des réminiscences du passé. Ainsi, à l’instar des Arméniens qui ont brisé leur neutralité légendaire pour des considérations relatives au libre choix de leurs députés, voilà qu’un Massoud Achkar se sent obligé de rallier les forces du 8 Mars pour ces mêmes raisons (nécessaires mais non suffisantes) bien qu’il pense fermement que « les armes, quel que soit le groupe armé dont on parle, doivent être aux mains de l’armée libanaise » (Déclaration sur OTV et interview d’Élodie Morel Lebbos). Cette conviction vous honore cher Monsieur Achkar, mais ne réalisez-vous pas qu’en vous joignant à ce mouvement, vous annihilez de facto la réalisation de ce point spécifique et vital ? Ne nous égarons donc point dans des considérations secondaires et concentrons-nous sur le « bottom line » ; l’équation est simple et il n’y a pas de place pour le doute tant les programmes sont diamétralement opposés. Il y a lieu, tout bonnement et pour une fois, d’occulter sa vieille antipathie pour tel politicien ou tel parti, d’oublier le passé en ne pensant qu’au futur et de décider quelle option est plus avantageuse pour l’avenir du pays (et notamment le bien-être des chrétiens, puisque c’est d’eux qu’il s’agit). Serait-ce l’option de l’équilibre prôné par Taëf (malgré la réduction incontournable des pouvoirs du président de la République), de l’ouverture internationale, de la liberté et de la pluralité ? Ou l’option de l’allégeance totale et irréversible à l’Iran – avec toutes ses implications obscurantistes et « divinement » religieuses – et par conséquent à sa politique « guerrière » et conflictuelle vis-à-vis du monde occidental ? Que les chrétiens se réveillent ; qu’ils ne répètent plus leurs erreurs du passé, que l’histoire ne puisse plus jamais leur reprocher leur individualisme. Il n’y a pas de troisième solution, le raisonnement ne peut qu’être binaire… Le choix est donc aisé, mais il est aussi et surtout existentiel. Danielle BACHA