France 3 fait erreur

En France et à l’étranger, l’émission présentée par France 3 à la suite du décès de sœur Emmanuelle a été largement suivie. Nous l’avons particulièrement suivie au Liban car France 3 y incluait un reportage sur l’AFEL (Association du foyer de l’enfant libanais), association proche de sœur Emmanuelle, qui s’occupe de l’enfance défavorisée. Et soudain, à notre grande stupéfaction, nous entendons le commentateur dire textuellement : « Au Liban, un enfant sur deux est battu et un enfant sur cinq est victime d’abus sexuels. » Vous rendez-vous seulement compte à France 3 de l’énormité de cette assertion, qui non seulement est complètement fausse, mais qui en plus cause un tort certain à notre pays ? Votre commentateur a sans doute, et sans réfléchir davantage, appliqué au Liban tout entier les chiffres donnés par l’AFEL pour les enfants dont ils ont eux-mêmes la charge et qui sont en effet des enfants battus et abusés. Ce n’est hélas pas la première généralisation hâtive, défavorable au Liban (se souvenir de l’émission Envoyé spécial sur les employées de maison asiatiques, dans laquelle certaines situations, véridiques, certes, et combien condamnables, ont été étendues au Liban tout entier, sans s’autoriser la présentation d’un seul cas qui aurait pu tant soit peu équilibrer les propos. L’Association de la voix de la femme libanaise, très présente sur le terrain social avec ces deux centres sociaux, l’un à Fanar et l’autre à Aïn el-Remmaneh, ces nombreux parrainage scolaires (presque 3 000 enfants scolarisés), adresse à France 3 une demande de rectification de ces statistiques erronées, car elles ternissent l’image d’un pays qui a beaucoup souffert des nombreuses séquelles de ses multiples problèmes, mais qui est caractérisé par une volonté de vivre et de remettre le pays à niveau tant au point de vue social qu’économique. La France étant habituellement proche du Liban, nous sommes toujours surpris par certaines flèches qui nous blessent profondément. S’il vous plaît, messieurs les commentateurs, ne lancez plus impunément des assertions que les téléspectateurs peu informés vont prendre pour argent comptant. Lili SARA