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Les assureurs de plus en plus fragilisés par la chute des marchés

L’aggravation de la crise financière depuis la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers menace désormais les assureurs qui, en tant que grands investisseurs des primes qu’ils collectent, risquent d’être dangereusement fragilisés par la chute des marchés. « Les assureurs seront sûrement les prochains à être dans tous les journaux », prévient Étienne Gorgeon, directeur de la gestion taux et crédit chez Rothschild. Relativement épargnés par la crise financière jusqu’ici, au contraire des banques, les assureurs ont montré de premiers signes de fléchissement lors de la publication des résultats du deuxième trimestre, cet été. Le modèle de fonctionnement d’un assureur crée un décalage entre le moment de la perception des primes et l’indemnisation d’un sinistre (assurance dommage) ou le versement d’un capital ou d’une rente (assurance-vie). Les assureurs sont donc amenés à gérer des sommes très importantes, correspondant aux primes encaissées, et disposent ainsi de portefeuilles de placement considérables. Ces portefeuilles ont souffert de la baisse des marchés, car si les assureurs sont plutôt des investisseurs de long terme, les normes comptables les obligent à valoriser leur portefeuille aux cours actuels. L’accentuation du repli des marchés a encore réduit sensiblement la valeur de leurs placements, ce qui devraient contraindre la plupart des grands assureurs à passer des dépréciations, qui amputeront leurs résultats. Les assureurs et réassureurs allemands « en général ont l’air de laisser entendre que les dépréciations seront assez importantes, ce qui est assez logique », explique un analyste. « Dans la plupart des cas, je m’attends à des résultats soit très légèrement positifs, soit des pertes » pour les assureurs et réassureurs européens, ajoute Stephan Kalb, analyste d’Oppenheim Research. Le numéro deux allemand de la réassurance Hannover Re a ainsi lancé mardi dernier un avertissement sur ses résultats 2008. Invoquant la perspective de lourdes pertes sur les portefeuilles de placement, l’agence de notation Fitch a récemment fait état de « pressions » sur assureurs et réassureurs. En cette période de fébrilité extrême, les investisseurs ont durement sanctionné les titres du français AXA, de l’allemand Allianz, du britannique Aviva, qui ont perdu entre 37 et 49 % depuis le 1er octobre. Au-delà des pertes enregistrées, le marché s’inquiète plus encore de leurs conséquences sur les fonds propres des assureurs et réassureurs. Les dépréciations massives qui s’annoncent au troisième, mais aussi peut-être au quatrième trimestre, pourraient ainsi les contraindre à des levées de fonds en urgence. « Si ça se poursuit comme ça, cela va commencer à être envisageable », anticipe un analyste. « Il se pourrait que ce qui se passe dans le secteur bancaire se passe là aussi », explique M. Kalb, évoquant les exigences nouvelles du marché, qui requiert aujourd’hui des banques un niveau de fonds propres beaucoup plus élevé qu’il y a encore quelques semaines. « Si la perception va dans la mauvaise direction, des sociétés qui n’ont pas l’air en mauvaise situation pourraient avoir recours à des augmentations de capital », ajoute-t-il. Une levée de fonds qui serait sans doute délicate, compte tenu de la dégringolade du cours des actions du secteur et de la défiance marquée des investisseurs vis-à-vis du secteur financier en général. Une situation évoquée par Fitch, qui la qualifie de « particulièrement problématique », l’impossibilité de se renflouer faisant peser sur l’assureur ou le réassureur concerné un risque de faillite.
L’aggravation de la crise financière depuis la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers menace désormais les assureurs qui, en tant que grands investisseurs des primes qu’ils collectent, risquent d’être dangereusement fragilisés par la chute des marchés.
« Les assureurs seront sûrement les prochains à être dans tous les journaux », prévient...