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Actualités - OPINION

Un peu plus de... Avoir 14 ans à nouveau De Médéa Azouri HABIB

Je ne me rappelle plus bien qui a dit, il y a quelques jours à la télé, qu’ « on ne rêve que jusqu’à 16 ans, ensuite on passe le reste de sa vie à essayer de réaliser ces rêves-là », mais je pense que c’était Jacques Brel. Toujours est-il qu’il avait terriblement raison. On a tous et toutes beaucoup rêvé durant notre adolescence à « la suite », à notre suite. Cet avenir que l’on projetait, on a l’a tous vu, tour à tour, glorieux, émouvant, féerique et enchanté, et plein de joie. On a tous rêvé devant les posters collés dans nos chambres à l’effigie de Madonna, des Beatles, de George Michael, d’Elvis ou de Marylin Monroe. On s’est tous imaginé dans la peau de Tom Cruise dans Top Gun, d’un James Dean dans Rebel Without A Cause, ou d’une Sophie Marceau dans La boum. Ces instants-là sont, pour beaucoup d’entre nous, derrière nous. Mais il suffit parfois de quelques secondes pour revivre cette espèce de sensation prépubère à nouveau. Ce « revival », il a généralement lieu devant un écran télé ou dans une salle de cinéma… Samedi dernier avait lieu l’avant-première de High School Musical 3. Trois salles avaient été réquisitionnées afin d’accueillir les adolescentes, leurs mamans, leurs cousins, leurs petits frères et leurs petites sœurs. L’ambiance est surchauffée, les gens s’engueulent. Une mère interpelle l’autre parce que sa fille de 12 ans a réservé plusieurs places pour ses copines qui sont en retard, les petits s’impatientent, les grands râlent. Puis la salle devient enfin obscure : « Maman, ça commence ? » On applaudit, on crie, le troisième volet des aventures de Troy et Gabriella va enfin pouvoir commencer. Plongée au fond de mon siège, je me demande ce que je fais là. Un film pour ado, produit par la somptueuse maison Disney, ça risque d’être un peu trop bien huilé. Ils vont sûrement être tous très beaux, savoir bien chanter, danser et sourire de toutes leurs dents blanches, et ce côté aseptisé risque de me donner la nausée. « Maman, ça commence quand ? » Et soudain, les voilà : Zac Efron et Vanessa Hudgens en tête (amoureux à la ville comme à l’écran) avec tous leurs amis de cette dernière année à l’école avant le grand saut universitaire. Une sorte de sous-doués version rose bonbon hollywoodien. Je crisse des dents, sors mes « wipes » pour nettoyer les quenottes des enfants autour de moi et soupire en me disant que je vais dormir une bonne heure devant ces amours aussi platoniques que guimauves. « Maman maman, regarde, ils font du bouche-à-bouche », entendis-je au loin. C’est que voilà. Malgré tous mes a priori de trente-cinquenaire sur ce Fame moderne et ultralisse dans un lycée idyllique, je me suis laissé prendre comme une bleue par le côté guimauve et propret de cette amourette de jeunesse. Je n’ai pas vu le temps passer et, tout comme ces jeunes filles adorables assises derrière moi, j’ai souri, applaudi et versé une larme quand le cruel destin (sic) de la vie a décidé de séparer Troy et Gabriella qui avaient choisi deux universités différentes. Que le monde américain nous influence ! Mon Dieu. Même si, au Liban, il y a des soirées de promo en classe de terminale, pour qui a vécu en France, il n’a jamais vu ça. Et ici, faut avouer, que la fleur au poignet ça n’existe pas. Tout comme les campus ultrabright, les confréries alpha ou oméga, les Pom Pom Girls et les coupes de basket inter-écoles de haut niveau. Enfin, comme dans les films américains quoi… Alors oui, j’avoue que j’ai rêvé devant le sourire angélique et les yeux de chiens battus de Zac Efron comme quand j’avais 14 ans et que je regardais La boum en boucle ou À nous les garçons, un véritable nanar où officiait Franck Dubosc en tombeur de ces jeunes femmes. Et entre nous, je n’étais pas la seule ce jour-là à avoir essuyé mes larmes…
Je ne me rappelle plus bien qui a dit, il y a quelques jours à la télé, qu’ « on ne rêve que jusqu’à 16 ans, ensuite on passe le reste de sa vie à essayer de réaliser ces rêves-là », mais je pense que c’était Jacques Brel. Toujours est-il qu’il avait terriblement raison. On a tous et toutes beaucoup rêvé durant notre adolescence à « la suite », à notre...