Josyane Savigneau : souvenirs d’avant le « Point de côté »… Zéna ZALZAL

Ex-rédactrice en chef du « Monde des livres », Josyane Savigneau a consigné dans « Point de côté » (éditions Stock)* quelques souvenirs de parcours, dont de très belles rencontres. «La calomnie s’est imposée, il faut tourner la page. » Une phrase lapidaire qui va chambouler l’existence de Josyane Savigneau. Cette journaliste, qui a longtemps été l’emblématique directrice du Monde des livres, le supplément hebdomadaire du grand quotidien français, se retrouve brutalement écartée en 2005 de son poste de responsable littéraire. Une « mise au placard » qu’elle ressent alors avec la virulence d’un Point de côté (cet élancement qui arrête le coureur en plein effort) et qui va l’amener à porter un regard rétrospectif sur sa vie. Car cet incident a réanimé en elle le sentiment, longtemps éprouvé, d’être « une personne déplacée », écrit-elle. Partant du récit de son éviction, la journaliste du Monde va ainsi revenir dans Point de côté sur « un parcours qui avait débuté une cinquantaine d’années plus tôt dans une petite ville de province –du mauvais côté du pont ». L’exercice autobiographique auquel se livre cette critique littéraire, qui a par ailleurs deux biographies à son actif (Marguerite Yourcenar, l’invention d’une vie et Carson McCullers, un cœur de jeune fille), est impeccablement mené. Sans s’attarder sur des règlements de comptes mesquins, ni verser dans le pathos, Savigneau confie dans ce livre ses sentiments, ses émois, ses souvenirs personnels et professionnels, ces derniers de haut calibre. Elle évoque ainsi, d’une plume sobre, ses rencontres «admiratives » avec Beauvoir, Sollers, Yourcenar, Edwige Feuillère, Doris Lessing, Philip Roth ou encore son amitié avec Juliette Gréco… Et conclut en s’interrogeant: «Si le temps est venu de renoncer à la bagarre ? (…) D’admettre que j’ai perdu la bataille, somme toute menée joyeusement malgré les embûches, depuis le “mauvais côté du pont” ? Devrais-je oublier les villes, Paris, New York, Beyrouth dont je suis tombée amoureuse dès la première visite, en dépit des cicatrices de la guerre civile ? » Beyrouth que Savigneau retrouve à l’occasion de ce XVe Salon du livre francophone, puisqu’elle y signe son livre demain, dimanche, à 20h00, au stand Virgin. *Pour avoir l’intégralité du programme du Salon du livre de Beyrouth, consulter le site suivant : www.salondulivrebeyrouth.com