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Diplomatie L’Union pour la Méditerranée prise au piège des tensions israélo-arabes

Les 3 et 4 novembre, à Marseille, se tiendra une réunion cruciale des ministres des Affaires étrangères. Trois mois après son lancement en grande pompe par Nicolas Sarkozy, l’Union pour la Méditerranée, loin d’avoir dépassé les clivages qui asphyxiaient le partenariat euro-méditerranéen depuis des années, est déjà englué dans les tensions entre Israël et les pays arabes. « Il y a des discussions féroces sur la question de la participation ou non de la Ligue arabe (à l’Union). Du coup, rien n’avance », a expliqué une source européenne, à quinze jours d’une réunion cruciale des ministres des Affaires étrangères euro-méditerranéens à Marseille. Lors de cette rencontre des 3 et 4 novembre, les 43 pays partenaires doivent décider de questions de base comme le lieu, la composition et les pouvoirs du secrétariat général qui sera chargé de gérer les projets concrets de cette nouvelle Union. Cette nouvelle péripétie « n’est pas une surprise. Toutes les questions procédurales épineuses avaient été repoussées » à novembre, a commenté Clara Marina O’Donnell, du Center for European Reforms à Londres. « Il y a eu un optimisme excessif quand Nicolas Sarkozy a lancé cette Union parce qu’il a rebaptisé (le processus de Barcelone) sans régler ses problèmes-clés », en particulier le fait que beaucoup de ses pays membres « ne se parlent pas », a-t-elle ajouté. L’Union pour la Méditerranée reprend en effet l’essentiel du processus dit de Barcelone, lancé en 1995 pour renforcer les relations euro-méditerranéennes mais resté sans résultat notable en raison du conflit israélo-palestinien. La France espérait que sa nouvelle « union de projets », qui prévoit en particulier la dépollution de la Méditerranée, permettrait de dépasser les conflits politiques. « Il y a toujours des problèmes liés au conflit israélo-arabe et c’est pour cela que l’Union pour la Méditerranée a été créée. Mais tout ne peut pas être résolu en un jour. On espère parvenir à des solutions à la réunion de Marseille », a fait valoir une source européenne. Concrètement, le problème actuel vient du fait qu’Israéliens et Arabes n’ont pas la même interprétation du statut d’observateur octroyé à la Ligue arabe lors du lancement de l’Union pour la Méditerranée le 13 juillet. « Les pays arabes veulent qu’elle participe en tant que telle à toutes les réunions, quel que soit le niveau », a expliqué un diplomate d’un pays arabe. « Où qu’elle entre, (la Ligue arabe) travaille contre l’idée même derrière l’Union méditerranéenne qui est la coopération. Elle essaie de chasser Israël de l’Union », a rétorqué un haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères. Résultat : les réunions censées préparer la rencontre ministérielle de novembre à Marseille ont été annulées, selon plusieurs sources européennes. Il y a eu malgré tout des discussions bilatérales sur ces questions, mais il y a toujours une « pléthore de candidats » pour le siège, notamment Barcelone et Tunis, selon une source européenne. Pour le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, il est encore possible de trancher toutes les questions liées au secrétariat général de l’Union en novembre. « Mais il faut rassurer, sur le plan politique, certains qui se posent des questions sur la participation de la Ligue arabe et sur les phrases concernant la gestion du conflit palestinien », a-t-il expliqué la semaine dernière. Contrairement à ce qui avait été annoncé par la présidence française de l’UE le 13 juillet, les Palestiniens n’acceptent toujours pas la déclaration qui fait acte de la naissance officielle de l’Union pour la Méditerranée, car elle ne rappelle pas que le processus de paix doit conduire à la création de deux États palestinien et israélien. Peut-être seront-ils plus satisfaits de la déclaration de Marseille sur le processus de paix, encore en préparation.
Les 3 et 4 novembre, à Marseille, se tiendra une réunion cruciale des ministres des Affaires étrangères.
Trois mois après son lancement en grande pompe par Nicolas Sarkozy, l’Union pour la Méditerranée, loin d’avoir dépassé les clivages qui asphyxiaient le partenariat euro-méditerranéen depuis des années, est déjà englué dans les tensions entre Israël et les pays...