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Parmi les signatures d’aujourd’hui Mes oiseaux, ma passion Maya GHANDOUR HERT

Mouna Bassili Sehnaoui a, depuis toujours, cette prédisposition particulière à placer un motif d’oiseau sur ses tableaux. Il n’est donc pas vraiment étonnant qu’elle consacre aujourd’hui un très bel ouvrage à ses dessins des charmantes bêtes à plumes sur un texte extrêmement riche et documenté de Joseph Tarrab. « Le Cinquième jour, entre Ciel et Terre », jour où Dieu créa ces fascinantes créatures. Si les ornithologues sont les personnes qui étudient le comportement des oiseaux, alors Mouna Bassili Sehnaoui pourrait être « ornithographe », un mot inventé pour elle et qui désignerait sa passion pour les volatiles qui n’est pas du tout…volatile. Elle dit avoir toujours aimé mettre un oiseau quelque part dans ses tableaux. Les enfermer dans une cage ? Non, merci. Pas le genre de la maison. Elle préfère de loin les observer en liberté, écouter leur gazouillis ou, encore, aller à la chasse aux oiseaux dans les musées du monde. C’est en effet dans les départements consacrés aux arts islamiques ou en provenance du Moyen-Orient qu’elle a repéré des milliers de motifs de volailles représentées sous plusieurs formes et sur divers supports, allant de la tapisserie au bois, en passant par la sculpture, la mosaïque… Vivement intéressée par la place de l’oiseau dans l’iconographie orientale, par ses représentations mythologiques et bibliques, de l’Ancienne Égypte à Byzance, en passant par l’Empire ottoman, Bassili Sehnaoui peint une série de toiles inspirées par ce thème. Et leur consacre une exposition qui a eu lieu à Paris, en 2007. Mais l’artiste reste sur sa faim. « J’avais, entre-temps, produit tellement d’ébauches, griffonné tant de petites notes et d’interprétations que je pensais qu’il y avait beaucoup plus à dire là-dessus. » Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Elle sollicite alors la plume de Joseph Tarrab, un autre oiseau rare qui a puisé dans sa vaste culture pour rédiger un texte très instructif qui cite autant la légende du Phénix que les poèmes de Saint John Perse, dont Braque avait été inspiré, et le film Les oiseaux de Hitchcock. Truffé, gavé presque de références panachées, cet essai n’en reste pas moins vivant et hautement divertissant. Il s’agit, en effet, de souligner ici autant la culture que l’humour subtil de l’auteur. De même que sa virtuosité à sauter (voler ?), non pas du coq à l’âne, mais d’une référence à l’autre, d’un siècle à l’autre, ou encore d’un continent à l’autre, en l’espace d’une phrase. Associant par exemple le paon qu’Apollinaire se plaisait à ridiculiser (« en faisant la roue, il se découvrait le derrière ») aux Yézidis qui rendent un culte au « Melek ta’us », l’Ange paon. Au fil des pages, le lecteur apprend par exemple que la première représentation d’un oiseau a été sculptée dans une défense de mammouth il y a 32 000 ans. Que même si toutes les mythologies du monde accordent une place de choix à l’oiseau, certains volatiles ont des symboles positifs dans certains pays et négatifs dans d’autres. Il y a là l’histoire du Phénix, cet oiseau légendaire, qui, selon la croyance de l’Antiquité, renaissait de ses cendres après plusieurs siècles. De la colombe avec le rameau d’olivier dans le bec, symbole de l’âme qui a atteint la paix de Dieu. Et même celle du Pégase ou « gryllus », cheval ailé au corps de coq, logo de Dar an-Nahar (l’éditeur de l’ouvrage). En parallèle au texte, Sehnaoui présente donc là certains de ses tableaux et dessins inspirés par l’iconographie ancienne, mais aussi des reproductions d’autres tableaux, résultat d’une expression personnelle, comme cette toile intitulée Birds Over Bagdad, illustrant là les méchants oiseaux, ceux qui sont en acier et de mauvais augure. Ils planent, menaçants, sur la ville irakienne… L’oiseau, toujours quelque part entre les hommes et les dieux, symbolise la liberté divine, il est messager des dieux, il est l’âme des hommes. « Par sa faculté de traverser toutes les frontières, l’oiseau est là pour nous mettre face à nos responsabilités. Il est le dépositaire et le garde-fou des soubresauts qui secouent le monde devenu Village. »  Mouna Bassili Sehnaoui a adopté la philosophie des Maoris. « Ces indigènes de Nouvelle-Zélande se considèrent de passage sur cette Terre où rien ne leur appartient. Ils sont là pour la préserver et la passer à leurs enfants. C’est admirable. » Cet ouvrage est dédié à « tous ceux qui consacrent leur vie à laisser après eux un monde meilleur ». Toutes ailes déployées. Signature cet après-midi, à 17h00, au stand de la librairie Dar an-Nahar.
Mouna Bassili Sehnaoui a, depuis toujours, cette prédisposition particulière à placer un motif d’oiseau sur ses tableaux. Il n’est donc pas vraiment étonnant qu’elle consacre aujourd’hui un très bel ouvrage à ses dessins des charmantes bêtes à plumes sur un texte extrêmement riche et documenté de Joseph Tarrab. « Le Cinquième jour, entre Ciel et Terre », jour où...