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Actualités - CHRONOLOGIE

Dessin Jean-Marc Nahas exp(l)ose ses « Douces violences » Zéna ZALZAL

C’est par la « douce violence » des œuvres récentes de Jean-Marc Nahas que la galeriste Naïla Kettaneh Kunigk inaugure ses nouveaux locaux au Centre Gefinor, Clemenceau*. Il dessine, dit-il, « de façon très rapide et impulsive, cela donne des choses incontrôlées ». Et, paradoxalement, des compositions abouties. Parce que sincères. Surgies du plus profond de la mémoire inconsciente de cet écorché vif qu’est Jean-Marc Nahas. Un tracé puissant, instinctif et précis tout à la fois. Des traits et hachures jetés fougueusement sur papier marouflé – parfois habillés de couleur à l’acrylique – qui donnent vie et forme à ses assemblées de personnages évoluant dans des rectangles juxtaposés. Dans ces sortes de lucarnes sur toiles – qui donnent au visiteur l’impression d’être un voyeur –, Jean-Marc Nahas place des personnages en situations. Des hommes solitaires même en groupe, même en famille, des femmes ennuyées ou à la nudité violente, « pornographique », exposée aux regards concupiscents, ou encore des chiens en meutes, des charognards, symbolisant pour l’artiste « la guerre, l’angoisse et l’isolement ». Étrangers à eux-mêmes Il y a quelque chose de l’ordre du Conte de la folie ordinaire dans ces toiles où n’apparaissent au premier coup d’œil que des personnages dans des situations banales, fixés dans une tranche de leur quotidien. En pleine discussion, assis dans une salle d’attente, une scène à la piscine, une autre dans la rue… Sauf qu’en y regardant de plus près, on y repère les éléments perturbateurs de ces situations a priori ordinaires. Ici, des voitures qui roulent sur des têtes engoncées dans le sol ; là, un face-à-face haineux ; ailleurs, une nuée de rapaces au-dessus d’un corps, ou encore un couteau planté en plein cœur… Et cette impression qui s’en dégage puissamment, que les personnages de Nahas sont toujours étrangers à eux-mêmes. C’est ainsi qu’avec un minimum de moyens, parfois juste un trait d’encre, Jean-Marc Nahas rend le bouleversement émotionnel qui l’habite. Une émotion toute de violence rentrée, imprégnée d’un vécu personnel, unique, où la guerre, « comme un viol », a laissé des traces irréversibles. Mais aussi un émoi trahissant la tendresse, la douceur d’un regard posé sur l’homme dans son humanité, sa fragilité la plus bouleversante…Celle de cette fille aux haltères qui symbolise « la force des femmes, leur capacité à se surpasser » ou encore celle de ces puissantes carrures masculines réduites à se tasser sous le poids de l’existence. Et sous les histoires que ce dessinateur chevronné raconte, avec sa technique personnelle et son vocabulaire pictural particulièrement identifiable, transparaît la propre histoire de Jean-Marc Nahas qui, inlassablement, n’en finit pas de raconter sa propre histoire. Tentant d’exorciser ainsi ses vieux démons et ses angoisses intimes. Mais toujours en essayant de brouiller les pistes… Assurant, par ailleurs, « chercher avant tout à ce qu’on lise dans mon travail une écriture, qu’on comprenne une composition, qu’on décèle mes noirs… ». Et affirmant que « la peinture n’a pas besoin de discours rajoutés ». La sienne, baptisée pour l’occasion « Douces violences », encore moins qu’une autre ! Une exposition à voir. D’un œil averti… * Galerie Naïla Kettaneh Kunigk, Centre Gefinor, bloc E. Jusqu’au 29 novembre. Horaires d’ouverture : du lundi au samedi de 11h00 à 19h00. Tél. : 01/738706 -708.
C’est par la « douce violence » des œuvres récentes de Jean-Marc Nahas que la galeriste
Naïla Kettaneh Kunigk inaugure ses nouveaux locaux au Centre Gefinor, Clemenceau*.
Il dessine, dit-il, « de façon très rapide et impulsive, cela donne des choses incontrôlées ». Et, paradoxalement, des compositions abouties. Parce que sincères. Surgies du plus profond de la...