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Actualités - OPINION

La sainte du Caire Marwan EL-TIBI

Sœur Emmanuelle s’est éteinte le 20 octobre 2008 en France. Née en 1908, cette religieuse de près de 100 ans a symbolisé tout au long de sa vie le message d’amour de la chrétienté. Pour Madeleine Cinquin, issue du milieu bourgeois belge, tout commence par un traumatisme. À l’âge de six ans, elle voit son père se noyer devant ses yeux. Son désir de ne plus s’accrocher qu’au sens profond de la vie au lieu de s’attarder sur le superficiel et l’éphémère la pousse à rejoindre les religieuses de Notre-Dame de Sion en 1929. Elle passe sa carrière à enseigner le français dans des établissements scolaires, notamment dans plusieurs pays du bassin méditerranéen. C’est à la fin de sa carrière officielle que son parcours de sœur Emmanuelle telle qu’on la connaît commence. À l’âge de 63 ans, elle retourne en Égypte en 1971 et s’installe dans l’un des bidonvilles du Caire. C’est là qu’elle deviendra « la religieuse des chiffonniers ». Au-delà de son aventure remarquable en termes d’offrande de soi et de consécration à l’autre, nous nous souviendrons de sœur Emmanuelle comme la petite nonne rebelle, qui tutoie les chefs d’État et ponctue ses discours engagés de « yalla » encourageants et stimulants. « Tu veux aider les autres ? Viens avec nous ». Ce slogan résume l’attitude que sœur Emmanuelle a adoptée tout au long de sa vie en œuvrant pour rappeler aux hommes que Dieu n’est qu’amour et que, face au désespoir, la joie de vivre gagnera toujours. Humble et drôle, cette religieuse sympathique a séduit l’univers médiatique français par sa franchise et son honnêteté intellectuelle. Elle n’hésitait pas à avouer que « l’orgueil se glisse partout. J’ai beau être une religieuse, quand on parle de moi, ça me fait plaisir ». Son association ASMAE poursuit son œuvre un peu partout dans les pays du tiers-monde mais également au cœur des banlieues de la capitale française dites « difficiles ». Sœur Emmanuelle avait publié plusieurs livres, notamment Richesse de la pauvreté (2001), Secrets de vie (2000), Yalla les jeunes (1997), Le paradis, c’est les autres (1995). Elle avait publié le 21 août dernier un livre-entretien : J’ai cent ans et je voudrais vous dire, dans lequel elle tire les leçons du siècle qu’elle a traversé. Les hommes de religion sauront parler de l’œuvre de cette sainte en baskets beaucoup mieux que moi. Pour ma part, je tiens juste à saluer la mémoire de celle qui réussit à prouver que pour être près de Dieu il faut d’abord se rapprocher des hommes. Article paru le mercredi 22 octobre 2008
Sœur Emmanuelle s’est éteinte le 20 octobre 2008 en France. Née en 1908, cette religieuse de près de 100 ans a symbolisé tout au long de sa vie le message d’amour de la chrétienté.
Pour Madeleine Cinquin, issue du milieu bourgeois belge, tout commence par un traumatisme.
À l’âge de six ans, elle voit son père se noyer devant ses yeux. Son désir de ne plus...