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Actualités - CHRONOLOGIE

Théâtre Passons au salon, si vous le voulez bien

Maya GHANDOUR HERT Maison nid, maison cocon ou maison-ruche, havre de paix ou source de conflits, la maison symbolique habite notre inconscient. Et inspire Maya Zbib, qui a tissé une pièce de théâtre autour d’histoires domestiques. Face à un danger imminent, on dit qu’il y a péril en la demeure. D’une personne totalement déboussolée, on dit qu’elle ne sait plus où elle habite. Lorsque quelqu’un agit de manière insensée, on dit qu’il déménage. La sagesse populaire vient conforter les intuitions de la psychanalyse quand elle met en relation nos états intérieurs et notre « intérieur ». Selon elle, c’est l’animal en nous, avec ses instincts, son odorat, qui s’exprime lorsqu’il s’agit de s’installer dans ce territoire privé qu’est notre habitation. Les psys sont d’accord : « Pour se regrouper, se protéger et se distinguer des autres, toutes les espèces animales ont besoin d’un territoire qu’elles imprègnent de leur odeur, de leurs habitudes. La nôtre ne fait pas exception. » Maya Zbib installe donc le divan pour analyser la maison. Et quel meilleur endroit que le lieu dont il est question, c’est-à-dire « chez les particuliers ». Sa représentation, intitulée Ilbat al-Mousiqa (La boîte à musique) et inspirée « d’histoires réelles ou imaginaires de femmes et des liens qui les unissent à leur maison, ce lieu qui abrite tant de rituels, de pratiques diverses, de douleurs, d’espoirs et de rêves », a déjà fait le tour de plusieurs homes sweet homes. Ce soir, c’est chez la voisine* que le théâtre lève le rideau. Diplômée des beaux-arts de l’UL et de l’université de Goldsmith de Londres (où elle a obtenu un masters en performance making), cette jeune actrice et metteur en scène, membre fondateur de l’association culturelle et troupe de théâtre Zoukaka, fait circuler un questionnaire sur Internet et à des connaissances à propos de la maison, ce qu’elle représente pour eux et les souvenirs qui y sont attachés. Avec le matériel collecté, elle a monté une pièce…de toutes pièces. De la cave au grenier, elle y fouille le trésor des souvenirs enfouis de ses habitants. Procédant du contenant aux contenus qui sont encore des contenants, Zbib passe ensuite en revue les « maisons des choses », le tiroir, le coffre, l’armoire qui portent en eux une sorte d’esthétique du caché. Les placards, les armoires, les tiroirs ne sont-ils pas comme l’inconscient de la maison ? Pour écarter une personne, l’oublier, ne dit-on pas qu’on « la met au placard » ? Portes et cloisons font de chaque pièce un espace clos qui rappelle un peu le ventre maternel. Sécurisante pour les anxieux, cette fonction séparatrice peut aussi paraître frustrante. À en croire Gaston Bachelard, la boîte témoignerait de ce besoin de secret qui habite chaque homme par son appartenance au domaine de ces « images d’intimité qui sont solidaires des tiroirs et des coffres, solidaires de toutes les cachettes où l’homme, grand rêveur de serrures, enferme ou dissimule ses secrets ». À travers des histoires de Monsieur et Madame Tout-le-monde, Maya Zbib fait donc tout simplement ressortir le cadavre du placard. * Ce soir, mardi 7 octobre, au domicile de Afaf et Souheil Massouh, Hamra, rue de Lyon. La représentation débute à 21h00. Les places sont limitées. Il est donc conseillé de réserver à l’avance au 70/996065.
Maya GHANDOUR HERT


Maison nid, maison cocon ou maison-ruche, havre de paix ou source de conflits, la maison symbolique habite notre inconscient.
Et inspire Maya Zbib, qui a tissé une pièce de théâtre autour d’histoires domestiques.
Face à un danger imminent, on dit qu’il y a péril en la demeure. D’une personne totalement déboussolée, on dit qu’elle ne sait plus...