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Actualités - REPORTAGE

Cherté La rentrée scolaire ratisse large et multiplie ses victimes

Le pouvoir d’achat est en chute libre et le mois de septembre inquiète nombre de parents. Pourtant, la rentrée scolaire constitue un poste de dépense inévitable : frais d’inscription, fournitures et livres scolaires sont à l’ordre du jour de toutes les familles. D’année en année, le budget de la rentrée scolaire pèse de plus en plus alors que l’inflation a atteint 0,9 % en juillet et devrait, selon les économistes, grimper jusqu’à 12 % cette année. Dans une papeterie de Hazmieh, la vendeuse constate que le prix des fournitures scolaires a augmenté d’environ 25 % depuis l’année dernière : « Les clients gardent leurs habitudes, mais la plupart des parents font de plus en plus leurs calculs, prennent leur temps et réduisent autant que possible les dépenses au strict nécessaire. » Zeina voit défiler toutes sortes de stratégies parentales pour tenter de réduire les débours : certaines familles règlent leur dû toutes les fins de mois, régulièrement, comme la facture du téléphone ou de l’eau. Mais au final, la note est encore plus salée dans la mesure où les enfants sont tentés de se servir sans aucune retenue. « Depuis deux ans, les prix n’arrêtent pas d’augmenter. Nous sommes victimes de la hausse de la valeur de l’euro, et les clients s’en prennent à nous, pensant que nous fixons les prix nous-mêmes. » Le même scénario se répète dans une papeterie de Tabaris. Le vendeur remarque bien un changement dans le comportement des clients : « Ces deux dernières années, les parents achètent le nécessaire et cèdent de moins en moins aux caprices de leurs enfants qui tiennent à avoir toute la panoplie des couleurs et des cahiers. » Il a maintenant l’habitude des clients en colère à qui il explique la crise économique 10 fois par jours… Et pour cause ! Le panier de fourniture de base d’un élève de 6e coûte environ 104 000 LL (sans cartable) et 147 000 LL (cartable compris) en supermarché, ce qui représente environ le triple du prix du matériel de la rentrée de l’année dernière. Mais la plus grosse dépense reste l’achat des manuels scolaires. Dans une librairie d’Achrafieh, une mère se dirige vers la caisse les bras chargés d’une dizaine de manuels : français, mathématiques, physique – chimie, histoire/géo, arabe, espagnol pour ses deux fils en classe de seconde et de terminale : elle paye par carte de crédit quelque 300 dollars par enfant. La montée de l’euro touche aussi les livres étrangers qui ont doublé de prix depuis l’année dernière. Un professeur de littérature des classes de première et terminale raconte : « Nous essayons de ne pas changer les livres d’une année à l’autre pour permettre aux élèves d’hériter des livres de leurs aînés. Nous évitons également les achats inutiles, et nous essayons de remplacer les petites œuvres ou textes par des photocopies. » Ainsi, un véritable système de troc s’instaure. Dans plusieurs écoles, tous les ans, dix jours avant la rentrée, une foire aux livres a lieu. La vente et le troc suivent des règles bien précises : dans le meilleur des états, un manuel est vendu à la moitié de son prix, sinon, c’est la négociation qui tranche. Chaque élève peut alors vendre ses livres pour pouvoir acheter ceux de l’année à venir. Beaucoup mettent en place des systèmes familiaux de rotation des manuels. Les librairies, elles, trouvent des formules pour encourager l’achat de livres neufs : la plastification est souvent proposée gratuitement ou pour 1 000 LL. Dans le secteur public, cette année, l’Arabie saoudite a fait une récente donation de 40 millions de dollars à destination des écoles publiques qui ont permis de couvrir les frais de scolarité et l’achat des livres des élèves jusqu’à la 9e. Mais si les élèves du public sont épargnés, cette année, des frais d’inscription, tel n’est pas le cas des élèves des écoles privées : pour les inscriptions au Lycée français par exemple, les parents doivent débourser 3 750 000 livres (2 500 dollars) par trimestre. D’après l’économiste Louis Hobeika, cité par Virginie Vilar sur www.iloubnan.info, « au Liban, une famille de quatre personnes peut vivre normalement avec 2 400 000 livres (1 500 dollars) si elle n’a pas de scolarité à assumer, sinon, il faut compter trois millions de livres (2 000 dollars). Quand on sait que c’est le double du salaire moyen, on comprend pourquoi certaines familles ont mal ». Sophie HUSSEINI
Le pouvoir d’achat est en chute libre et le mois de septembre inquiète nombre de parents. Pourtant, la rentrée scolaire constitue un poste de dépense inévitable : frais d’inscription, fournitures et livres scolaires sont à l’ordre du jour de toutes les familles.
D’année en année, le budget de la rentrée scolaire pèse de plus en plus alors que l’inflation a atteint...