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Actualités - OPINION

Le commentaire d’Émile Khoury Nasrallah opère un virage habile en douceur, vers une douteuse douceur !

Dans son dernier discours, Hassan Nasrallah souscrit, en apparence, à l’idéal de pluralisme harmonieux que défendait jadis cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine. Il déclare en effet que « le Liban est un pays singulier, où crises et dangers ne peuvent se traiter dans une logique numérique de majorité et de minorité. Au cas où le camp de l’opposition devrait obtenir la majorité à l’Assemblée, le Hezbollah certifierait sans aucun doute son soutien à la mise en place d’un cabinet d’union nationale, pour que le partenaire d’en face puisse participer à la gestion du pays. Nous n’envisageons pas des élections législatives qui supprimeraient quelqu’un. Le Liban ne se gouverne pas par la minorité ou par la majorité ». Des professionnels s’interrogent sur les raisons qui poussent le leader du Hezbollah à changer de cap. En effet, il y a à peu près un an, il affirmait que la partie qui l’emporterait aux législatives gouvernerait seule, la fraction adverse devant se cantonner dans l’opposition. Souhaitant alors, en souriant, « bon régal au vainqueur », ce qui équivaut à la formule sportive « que le meilleur gagne ». Les cadres cités se demandent, pour commencer, si le sayyed, fin stratège, ne déploie un discours de séduction que par prudence élémentaire. Pour s’assurer d’un retour à la formule de cabinet d’union (avec tiers de blocage !) au cas où les loyalistes devraient de nouveau gagner. Cela voudrait dire, estiment-ils, qu’il se méfie et qu’il n’est pas certain que le 8 Mars et ses alliés sortent vainqueurs de l’épreuve des urnes. Cette consécration du principe de la démocratie consensuelle et non numérique devrait impliquer, selon les demandeurs (opposants) de la participation, une augmentation du nombre de sujets qui nécessitent, en Conseil des ministres, une approbation aux deux tiers des membres. Les thèmes prévus jusque-là dans la Constitution (article 65, alinéa 5) s’énumèrent comme suit : l’amendement de la Loi fondamentale ; l’état d’urgence et sa levée ; la guerre et la paix ; la mobilisation générale ; les accords et traités internationaux ; le budget de l’État ; les plans de développement ; la nomination des fonctionnaires de première catégorie et assimilés ; le redécoupage des districts administratifs ; la dissolution de l’Assemblée ; la loi électorale ; les naturalisations ; le statut personnel ; la révocation des ministres. Les requérants peuvent obtenir gain de cause à travers un amendement constitutionnel. Ils n’ont, par contre, pas le droit de réclamer que l’approbation d’une décision soit toujours tributaire d’un accord à l’amiable. Car cela conduirait, forcément, au gel de mesures à prendre, à la paralysie de l’État. En d’autres termes, si démocratie consensuelle il doit y avoir, c’est dans les limites du raisonnable et de la raison d’État bien comprise, loin de tout esprit de blocage et de sabotage. C’est du reste ce que dit clairement la Constitution (toujours l’article 65), quand elle précise que « les résolutions sont prises à l’amiable et, au cas cela s’avère impossible, par vote à la majorité simple ». Retour à l’ouverture habile de Nasrallah. Les observateurs relèvent qu’elle lui permet de gagner sur les deux tableaux. Si son camp perd, il continue à participer au pouvoir. Et s’il l’emporte, il proposerait certes des sièges au 14 Mars, mais dans le cadre d’une politique tracée par le 8 Mars. Une ligne aux antipodes des vues des loyalistes actuels qui, dès lors, ne pourraient sans doute pas accepter l’offre. Et laisseraient eux-mêmes le rival gouverner seul. À moins que, et cela serait étonnant, les prosyriens n’acceptent de discuter du programme gouvernemental, un accord devant être nécessaire pour former le cabinet. Comme cet accord serait probablement irréalisable, l’on aurait alors une crise ministérielle ouverte, débouchant forcément sur une crise de pouvoir avec un résultat déjà expérimenté : la paralysie de l’État de droit libanais.
Dans son dernier discours, Hassan Nasrallah souscrit, en apparence, à l’idéal de pluralisme harmonieux que défendait jadis cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine. Il déclare en effet que « le Liban est un pays singulier, où crises et dangers ne peuvent se traiter dans une logique numérique de majorité et de minorité. Au cas où le camp de l’opposition devrait obtenir la...