Arsenal déjà à l’heure de la remise en cause

Alors qu’ils n’ont plus rien gagné depuis 2005, Arsène Wenger et ses hommes n’auront pas droit à l’erreur ce soir face à Porto. La stupéfiante défaite à domicile contre Hull samedi en championnat d’Angleterre (2-1) a brutalement mis un terme à l’ère des louanges pour les joueurs d’Arsenal qui devront prouver qu’ils ont les moyens de leurs ambitions contre Porto ce soir en Ligue des champions. Ce revers contre un promu sans autre ambition que le maintien « avait tous les ingrédients pour me rendre physiquement malade », a reconnu l’entraîneur Arsène Wenger, qui a tenu des propos inhabituellement durs pour son équipe. Il a laissé entendre que ses joueurs avaient pu se laisser bercer par les louanges reçues depuis plusieurs semaines : « Est-ce qu’inconsciemment, ils se disaient : “C’est bon, ça va passer” ? C’est possible. » Si tel était le cas, ce revers pourrait servir de « bonne leçon » à ses troupes. Mais ses soucis ont peut-être des racines plus profondes. La défense d’Arsenal, notamment sa charnière centrale Kolo Touré-William Gallas, a fait renaître des doutes que ses bonnes statistiques avaient jusqu’alors éteints. Trois des quatre buts encaissés en championnat cette saison l’ont été sur corner. Celui de la victoire de Hull a été inscrit par Daniel Cousin, qui s’est défait sans peine de Touré, avant de dominer tranquillement Gallas de la tête. L’entraîneur de Hull, Phil Brown, a crûment résumé ces insuffisances en exposant ainsi son schéma tactique : « Le plan de jeu, c’était de prendre une demi-douzaine de corners et de coups francs... » « Problème de taille » « C’est plus un problème de taille que de qualité de notre défense », a affirmé Wenger qui a annoncé des « changements ». Johan Djourou et Mikaël Silvestre sont deux défenseurs de grand gabarit dont dispose le Français. Mais comme l’a relevé Wenger, ce problème défensif n’est pas uniquement celui des arrières centraux. Theo Walcott et Denilson ont été particulièrement passifs sur le premier but de Hull, laissant Geovanni s’avancer tranquillement pour adresser sa merveilleuse frappe. Devant, Robin Van Persie a été anonyme, pendant qu’Emmanuel Adebayor peine à retrouver son niveau de l’an passé. Cesc Fabregas donne parfois l’impression de jouer pour prouver à la terre entière quel immense footballeur il est. Walcott a tendance à vouloir dribbler le stade tout seul. Avec l’attaquant Nicklas Bendtner et le milieu Alex Song, Wenger dispose de deux joueurs en mesure d’apporter l’impact physique qu’il appelle de ses vœux. La démonstration de ses jeunes pousses la semaine passée en Coupe de la Ligue contre Sheffield United (6-0) montre que le Français dispose de solutions. Arsenal a déjà perdu deux matches cette saison. Contre Fulham et Hull. Porto paraît un adversaire autrement redoutable. Un succès permettrait de plaider l’accident de parcours imputable à une trop grande « complaisance ». Un nouveau faux pas et commenceraient à revenir à la surface les sempiternels doutes sur une équipe qui n’a rien gagné depuis 2005, trop contente d’elle pour se hisser au niveau de ses immenses ambitions.