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Actualités - CHRONOLOGIE

Insolite Parlons cigare !

Carla HENOUD Ils sont nombreux dans le monde à partager leur passion pour le cigare de Havane. Après la création du Club des amateurs de cigares de Havane (CACH) à Paris depuis quelques années, un chapitre libanais, parrainé par le Dr Shadi Karam, a vu le jour au Liban. Leur image a été altérée, c’est le moins que l’on puisse dire, dans le pays du m’as-tu-vu, as-tu-bien-vu mes signes extérieurs de richesse. Les traditionnels et très élégants fumeurs de cigare, qui confient que c’est surtout un plaisir à savourer discrètement, en solitaire, ou à deux, s’offusquent de ces cafés où la fumée suave de leur péché favori devient insupportable. Où les coupables ne savent même pas tenir l’objet convoité, ni se tenir, encore moins tirer sur le cigare, le déposant, offense suprême, dans un cendrier, au lieu de laisser la cendre retomber, lentement, « comme une feuille d’arbre en automne ». Zino Davidoff décrivait si bien le rituel : « Il y a, disait-il, dans les gestes lents, dignes, mesurés du fumeur de cigare une cérémonie qui permet de retrouver des rythmes oubliés et de rétablir une communication avec soi-même. » Fumer tue, fumer mal le cigare tue le mythe. Celui des Che Guevara, Hemingway, Churchill, Hitchcock, JFK ou Philippe Noiret, qui figurent dans le répertoire des célèbres fumeurs de cigare. CACH France Claude Lebey, chroniquer gastronomique à L’Express, Gault-Millau et Paris Match, auteur de nombreux ouvrages gourmands dont, chaque année depuis 1987, Le Guide Lebey des restaurants de Paris et Le Petit Lebey des bistrots parisiens, a fondé avec le même plaisir, très épicurien, le « Club des croqueurs de chocolat », « Les amis des bistrots parisiens » et le fameux CACH (Club des amateurs de cigares de Havane). « Claude a eu la bonne idée, précise Shadi Karam, de rassembler autour de lui et de l’amour du cigare des gens raffinés, et des personnalités littéraires, politiques et économiques, tels Claude Imbert, Patrick Werner ou Jean-François Revel. Il m’a fait l’honneur de me compter parmi la trentaine de membres, aujourd’hui devenus 50. » Une fois par mois, ces amateurs de cigares de Havane se réunissent pour un déjeuner au « siège » du club, le restaurant « Le Carré des feuillants », à Paris. « Pour faire la distinction entre les bons et les moins bons fumeurs, et partager le plaisir avec des compatriotes, j’ai proposé à Claude Imbert de dupliquer le concept au Liban. » CACH s’exporte pour la première fois, destination le pays du Cèdre. « Je cherche à combattre les gens qui achètent n’importe quel cigare et fument mal », souligne ce fumeur qui en a découvert très tôt les recoins et les saveurs les plus cachés à Cuba. CACH Liban Tous les premiers vendredis du mois, les trente membres de ce cercle très fermé, qui n’accepte plus d’adhérents car « 30 est un bon chiffre ! », se réunissent pour un déjeuner au restaurant « Le Maillon » du centre Sofil. Riad Salamé, François Bassil, Bernard Khoury, Michel Tuéni, Roger Nasnas, Hanna Anbar, Ramsay Najjar, Mickey Tuéni, Talal Makdessi figurent parmi les privilégiés. Chacun peut inviter un ou plusieurs amis pour cette dégustation de cigares de Havane faite sous la supervision de Mohammad Zeidan, conseiller technique et par ailleurs importateur du produit. Ce « pape du cigare », qui, il faut le signaler, a inspiré à Cuba Tobacco un cigare baptisé « Phoenicio », émis en édition limitée à l’occasion du 30e anniversaire de sa société Phoenicia Trading. Un intervenant qui ne fait pas partie du club est également convié pour parler d’un sujet de son choix. Au rendez-vous de ce premier vendredi du mois d’octobre, Dario De Urra Torriente, ambassadeur de Cuba à Beyrouth. « Je voudrais, au-delà du cigare, précise Shadi Karam, créer un forum où se discutent les problèmes de l’heure, qu’ils soient sociaux, écologiques ou économiques. Que cette institution puisse devenir un lobby, un véhicule d’aide sociale qui soutienne toute opération de mécénat. » Pas de femmes dans ce club très masculin. Pourtant, déclare-t-il, « nous ne sommes pas misogynes mais nous n’en connaissons pas… ». Il est vrai que les Madonna, Sharon Stone, Christine Ockrent, Isabella Rossellini et autres Demi Moore, qui savent déguster un cigare sans tomber dans la vulgarité, ne sont pas légion, ici ou ailleurs ! Ce rendez-vous entre médecins, professeurs d’université, intellectuels, architectes, banquiers, industriels, commerçants, promoteurs immobiliers, assureurs et journalistes se veut également une délicieuse leçon de choses. Il suffit, d’ailleurs, d’écouter Shadi Karam décrire la robe, la couleur, la fabrication, l’arôme et le parfum de son cigare, écouter les récits de ses voyages au pays du havane, pour comprendre l’intensité de sa passion et son sourire satisfait lorsqu’il avoue : « elle brûle bien ! »
Carla HENOUD

Ils sont nombreux dans le monde à partager leur passion pour le cigare de Havane. Après la création du Club des amateurs de cigares de Havane (CACH) à Paris depuis quelques années, un chapitre libanais, parrainé par le Dr Shadi Karam, a vu le jour au Liban.

Leur image a été altérée, c’est le moins que l’on puisse dire, dans le pays du m’as-tu-vu,...