Portrait d’artiste Sa Dingding ou la nouvelle voix de la Chine…

Edgar DAVIDIAN De Pékin à Londres, elle est sacrée superstar. Une jeune femme de vingt-cinq ans qui fait un tabac dans le monde du spectacle et de la chanson. Un vrai conte bleu asiatique pour une artiste, chanteuse et compositrice, originaire de Xilinghot (nord de la Chine), enfant à l’étoile bienheureuse d’une mère d’ethnie mongole et d’un père chinois. Et pourtant, rien ne prédisposait Sa Dingding (c’est bien d’elle qu’il s’agit !), un nom aux sonorités bien musicales, d’extraction absolument modeste avec sa famille nomade, aux éclatants feux de la rampe. Et surtout à un tel phénoménal succès avec un premier album (Alive gravé chez Universal), vendu déjà à plus de deux millions d’exemplaires ! Les esprits mal tournés et ceux qui ont la dérision facile diront en toute fausse candeur : mais alors, c’est quelle bourgade de l’empire du Milieu qui a acheté cet album ?… Pouah pour cet humour presque noir… Trêve d’ironie, le succès est là, surtout quand Sa Dingding est triomphalement acclamée, par une foule en délire, à la fermeture des récents Jeux Olympiques à Pékin. Une prestation, transmise planétairement par toutes les télévisions du monde, plus que simplement remarquée… Sans parler d’un magistral concert donné en juillet dernier à Londres au Royal Albert Hall avec des extraits de presse dithyrambiques dans tous les quotidiens britanniques… Et faut-il rappeler aussi les prestigieux prix que Sa Dingding a raflés, notamment celui de World MusicAward de la BBC ?… Les traits délicats, les paupières lourdement ombrées, les lèvres fines et vermillonnées, les ongles longs et laqués, les cheveux noirs et lisses, le teint d’albâtre, les poignets ceints de bracelets colorés, le cou rehaussé de colliers insolites, une silhouette gracile et des costumes échappés aux pages d’histoire de la plus ancienne civilisation au monde, tel est Sa Dingding sous les feux des projecteurs… Musique de fusion entre modernité et tradition chinoise Apparition haute en couleur (au sens littéral du terme !) volant parfois la vedette à sa propre musique entre fantaisie costumière, extravagance vestimentaire, originalité et exotisme outrancier et tapageur... Avec un nom qui sonne (il sonne presque comme un Christmas carol !) et capte, un personnage conjuguant tradition chinoise et modernité, à la fois folklorique et baroque, Sa Dingding est le nouveau visage et la nouvelle voix de la Chine. Pour cela elle a opté pour une musique de fusion où se mêlent esprit traditionnel, couleurs folkloriques des religions minoritaires de Chine (surtout le bouddhisme tibétain) et les rythmes occidentaux avec une belle et audacieuse intrusion de l’électronique. Mélange corsé, tonique, curieux, inédit et détonnant pour la voix forte et obsédante de Sa Dingding qui a aussi à son actif une envoûtante présence de scène et un art souverain de pincer les cordes d’une harpe orientale ou battre la mesure avec des instruments à percussion… Car cette chanteuse-compositrice « new-age » qui écrit ses textes en plusieurs langues, dont le sanskrit, est par ailleurs une excellente instrumentiste. Pour elle, les instruments traditionnels chinois à cordes, à vent et à percussions n’ont guère de secret… Elle en joue en magicienne consommée, c’est-à-dire avec grâce et dextérité. Pour certains, elle est la Bjork d’Asie, pour d’autres, son ascension ne fait que commencer, même si elle a déjà embrasé le public outre-Atlantique et celui de l’Europe… Sa rencontre avec Eric Mouquet (celui qui a vendu son album « Deep Forest » à plus de cinq millions d’exemplaires et qui a écrit tant de tubes à Catherine Lara et Césaria Evora) promet d’être un événement majeur. Déjà Mouquet, pour Sa Dingding, compose et produit trois titres d’un album intitulé « Deep China » à sortir incessamment… Si l’Europe et l’Asie sont si dingues de Sa Dingding, qu’attend Beyrouth pour la révéler au public, jeune et moins jeune ?