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Actualités - CHRONOLOGIE

Exposition L’art-témoignage d’Isis Nassar

Zéna ZALZAL Au Centre culturel français, rue de Damas, la plasticienne Isis Nassar expose, jusqu’au 30 octobre, une quarantaine d’œuvres, entre peintures, sculptures et installations, sur le thème groupé de « Guerres, catastrophes naturelles et diversités culturelles ». Tout un programme ! Pourquoi réunir les guerres et les catastrophes avec la diversité culturelle ? La question vient spontanément à l’esprit du visiteur de cette exposition. « Parce que, répond l’artiste, grande voyageuse devant l’éternel, là où je vais, les gens me racontent les bouleversements qu’ils ont subis. » Ce n’est pas que l’on prenne la jeune femme pour le mur des Lamentations, mais tout simplement parce que lorsqu’on sillonne, comme elle, les pays chauds – au double sens du terme – de la planète, on risque d’entendre plus de récits de catastrophes qu’en Europe ou ailleurs ! Cette artiste libanaise, qui a conservé de son enfance passée en Grande-Bretagne, outre un accent très british, l’amour des destinations ensoleillées et exotiques, passe ainsi six mois de l’année en vadrouille, entre l’Amérique latine, l’Asie et les pays arabes. Sauf qu’elle n’y fait pas du tourisme classique. « Je m’immerge totalement dans la société traditionnelle de chaque pays, je loge chez l’habitant et je partage le quotidien des autochtones », indique cette passionnée d’anthropologie, qui rapporte de ses déplacements des peintures-témoignages. À mi-chemin entre le reportage de vie, de coutumes, de rituels, de cérémonies initiatiques et l’expression d’une vision singulière, émotionnelle, de la réalité, les œuvres présentées dans le cadre de cette exposition sont atypiques. En particulier les sculptures et installations, réalisées à base de résine, d’argile, de pierres ou même de coupures de journaux, et évoquant des paysages cataclysmiques ravagés par la guerre, les bombardements, les inondations et autres ouragans. Pittoresques aussi, les peintures à l’huile et mixed médias, tout comme les aquarelles et gouaches, les dessins et eaux fortes, qui respectent une composition invariable, mettant systématiquement à l’avant-plan du tableau des personnages devant leurs habitations ou leurs villages. Figés, souvent surdimensionnés, colorés, parfois à la limite du burlesque, ces hommes, femmes et enfants du Vietnam, du Sénégal, du Mali, du Togo, de Madagascar etc., semblent poser pour la postérité. Ce qui est effectivement le cas. Car c’est sur le vif qu’Isis Nassar peint ses toiles. Sur place, souvent à même le sol, directement sous le regard de ses modèles. Cela donne comme un carnet de voyage qui raconterait, en couleurs denses et vibrantes, traitées en couches pâteuses et épaisses, la diversité culturelle des êtres humains… Et leur communauté de destin. Celui de la lutte pour la survie aux cataclysmes. Qu’ils soient naturels ou du fait de l’homme. D’ailleurs, la jeune femme a consacré trois toiles à la guerre de 2006, et une installation en résine aux événements de Beyrouth de mai dernier. Comme quoi, parfois, il n’est nul besoin d’aller bien loin pour se frotter tout à la fois à la guerre, aux catastrophes et à la diversité culturelle !
Zéna ZALZAL

Au Centre culturel français, rue de Damas, la plasticienne Isis Nassar expose, jusqu’au 30 octobre, une quarantaine d’œuvres, entre peintures, sculptures
et installations, sur le thème groupé de « Guerres, catastrophes naturelles et
diversités culturelles ». Tout un programme !
Pourquoi réunir les guerres et les catastrophes avec la diversité...