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Actualités - CHRONOLOGIE

Colombie Les FARC chassées de leurs terres

La plus ancienne guérilla du continent sud-américain n’a jamais été aussi faible depuis sa création, dans les années 1960. Dans la petite ville d’Uribe, considérée il y a encore quelques mois comme l’un des bastions des FARC, les soldats de l’armée colombienne font désormais la chasse aux rebelles, symbole de la perte d’influence croissante de la plus ancienne guérilla du continent sud-américain. Dans cette petite bourgade située à une centaine de kilomètres au sud de Bogota, chacun se souvient encore des chefs rebelles arpentant les rues au volant de leurs 4x4, distillant des ordres tous azimuts. Et pour cause, ce genre de scènes se sont déroulées quotidiennement pendant près de 40 ans. Aujourd’hui, les FARC ont quitté la ville pour se réfugier dans la jungle colombienne et les uniformes de l’armée ont fleuri à Uribe. Lors de sa création dans les années 60, la guérilla colombienne n’était qu’une armée de paysans mal organisée qui s’évertuait à populariser ses idées d’inspiration marxiste au sein des campagnes colombiennes. Petit à petit, les FARC ont su prospérer sur ce terreau fertile, la présence de l’État dans les régions reculées du pays demeurant anecdotique. Mais depuis six ans et l’arrivée au pouvoir de l’intransigeant Alvaro Uribe, la guérilla n’a cessé d’encaisser les coups et de reculer sur tous les fronts. Soutenu politiquement et financièrement par les États-Unis, le président colombien a mené ces dernières années une bataille sans répit aux FARC, faisant de la sécurité son « impératif catégorique ». Les chances d’un accord de paix avec les autorités colombiennes s’amenuisent au fur et à mesure que le mouvement perd de l’influence, et l’armée a promis de continuer à livrer une guerre sans merci aux FARC tant que ses chefs ne se diraient pas prêts à négocier. Mises en échec sur le plan stratégique, les FARC ont perdu cette année Manuel Marulanda, fondateur historique du mouvement, mais aussi Raul Reyes, le numéro deux de l’organisation. Le premier, âgé de 77 ans, est décédé d’une mort « naturelle », selon ses proches, tandis que le second a été tué au cours d’une opération menée par l’armée colombienne en territoire équatorien. Autre fait symbolique, un général, membre du secrétariat des FARC, a été tué cette année par un de ses gardes du corps à qui le gouvernement avait offert une prime pour sa trahison. Mais si l’on devait choisir un événement significatif du déclin des FARC, l’épisode de la libération par l’armée colombienne de la sénatrice Ingrid Betancourt et de trois Américains en juillet dernier a montré au grand jour les difficultés rencontrées aujourd’hui par la guérilla. Bernées par une opération humanitaire factice au sein de laquelle s’étaient glissés des soldats de l’armée colombienne, les FARC ont laissé s’échapper sans le savoir quelques-uns de leurs otages les plus précieux, dernière monnaie d’échange dans le cadre de négociations avec Bogota. La déconvenue du début de l’été a poussé certains rebelles à la désertion, venant s’ajouter à la liste des quelque 2 000 combattants qui ont déposé les armes cette année. L’une d’entre elles, Deisy, a confié à Reuters les raisons de son désengagement et de son retour à une vie civile, dans la bourgade d’Uribe. « J’étais fatiguée de cette existence. Beaucoup de gens ne veulent plus risquer leur vie pour quelque chose qui n’en vaut plus la peine », a-t-elle expliqué, résumant en ces termes l’état d’esprit qui règne désormais dans la tête de nombreux rebelles.
La plus ancienne guérilla du continent sud-américain n’a jamais été aussi faible depuis sa création, dans les années 1960.
Dans la petite ville d’Uribe, considérée il y a encore quelques mois comme l’un des bastions des FARC, les soldats de l’armée colombienne font désormais la chasse aux rebelles, symbole de la perte d’influence croissante de la plus ancienne...