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Actualités - OPINION

Vous avez dit dialogue ? Paul Ph. EDDÉ

Ainsi, le dialogue fait partie de notre enseignement et de notre héritage de chrétiens. Mais dialoguer, c’est échanger ; encore faut-il avoir quelque chose à consentir. Et depuis quand dialogue-t-on les armes à la main ? Les armes sont des outils de contrainte et le dialogue exclut la contrainte pour déboucher sur la conviction par la raison. Force nous est de constater aussi qu’il n’y a qu’au Liban où l’on s’autorise à discuter (et à s’insulter) sur son appartenance nationale. Il y a là pourtant des axiomes intangibles, indiscutables, non négociables. Être libanais, c’est penser Liban, exclusivement Liban, se refuser complètement et irréversiblement à tout autre allégeance. On s’imagine à tort que les solutions provisoires, les palliatifs, les replâtrages peuvent calmer à court terme. En réalité, ils ne font qu’affaiblir et retarder nos chances de bâtir cet indispensable État de droit qui nous échappe toujours. Et que dire des libertés d’expression et de l’ouverture sur les autres ? Pourquoi par exemple l’importance communauté chiite au Liban est-elle monolithique et hermétique ? Pourquoi des personnages de grande intelligence comme Hassan Nasrallah ou Nabih Berry restent-ils prisonniers de leurs certitudes et de leur peur de voir s’exprimer d’autres membres indépendants de leur communauté, pourtant riche en individualités de cœur et d’esprit ? Trêve donc de chantages suicidaires, de recours à la rue – machine aveugle de suivisme –, d’escroqueries à la vérité. Si l’une des parties au dialogue n’a pas l’intention – et la liberté – d’arriver à un résultat excluant toute équivoque et toute atteinte à l’autodétermination, à l’indépendance et aux libertés fondamentales, nous ne déboucherons (une fois de trop) que sur la même tragique impasse génératrice de peur, de frustrations, de guerres et d’horreurs renouvelées, de désespoir. Quant à l’État, souvent accusé de faiblesse, il se doit de comprendre que rien n’est plus dangereux que de prétendre maintenir la paix quand il s’agit en réalité de l’imposer. Et que veut dire ce nouveau « prêt-à-penser » « stratégie de défense » ? Et qui donc à un mot à dire à cette « stratégie de défense », qui, par rigoureuse définition, n’appartient qu’au seul État concerné ? Osons donc appeler les choses par leur nom. Il s’agit uniquement « d’armes » (subventionnées par l’étranger) proliférant sur un territoire-mouchoir-de-poche dont la protection, la politique et la « stratégie » ne peuvent être que du seul ressort des forces armées régulières de cet État. Arrêtons donc cette interminable descente aux enfers de l’équivoque. Agissons pour une fois – soldes avant liquidation – loin de la supposée ingénieuse politique de l’esquive. Encrassés dans nos idées préfabriquées d’un hier dépassé, sans jamais vouloir nous remettre en question, nous avons grandement besoin d’un autonettoyage, d’une hygiène intellectuelle, dont notre immuable classe politique en déliquescence ignore jusqu’aux rudiments. Il nous est indispensable de muer pour que bêtise, peur et mensonge cessent d’être pour nous une seconde peau. Il n’est d’espoir, de culture de vie que dans le cheminement consensuel, pacifique, sans arrière-pensées et sans compromissions de l’islam et la chrétienté dans le même creuset de « communauté de destin » qui est précisément la raison d’être et la vocation éternelle d’un Liban pluraliste. L’histoire a montré les conséquences tragiques de la complaisance face à la contrainte et à la dictature des idéologies liberticides et des armes. Article paru le mercredi 17 septembre 2008
Ainsi, le dialogue fait partie de notre enseignement et de notre héritage de chrétiens. Mais dialoguer, c’est échanger ; encore faut-il avoir quelque chose à consentir. Et depuis quand dialogue-t-on les armes à la main ? Les armes sont des outils de contrainte et le dialogue exclut la contrainte pour déboucher sur la conviction par la raison.
Force nous est de constater...