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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - «?Façades?: Color Splash In Beirut?» à l’espace Bulle, Centre Sofil, jusqu’au 11 septembre Les photos de Ludmila Lahlou-Bitar, un hommage à la pierre libanaise

C’est à l’espace Bulle, qui accueille habituellement des événements, que Ludmila Lahlou-Bitar a choisi de présenter ses 22 clichés, avec pour fil conducteur, Beyrouth, et pour thème de prédilection, l’architecture d’une ville en voie de disparition. Ludmila Lahlou-Bitar a immortalisé les pierres, avant leur destruction imminente, les figeant pour l’éternité dans une symphonie de couleurs qui ressemblent à un sourire. La nostalgie qui se dégage de ces vieilles, parfois très vieilles bâtisses s’est ainsi débarrassée de toute tristesse, la fadeur s’est enrobée de nouvelles teintes, les rides se sont brusquement effacées. Restent des photos éloquentes de façades sublimes, renfermant en elles, derrière leurs murs épais, leurs portes silencieuses, leurs escaliers magiques, les souvenirs de notre enfance et l’angoisse de les voir disparaître à jamais. Franco-algérienne, la jeune femme, qui a vécu en France, a décroché un diplôme à l’École européenne de photo à Arles et travaillé pour une grande marque de cosmétique internationale où elle s’occupait de création de produits. «?Durant 7 ans, j’étais en charge de création publicitaire, ce qui m’a permis de côtoyer de grands photographes qui m’ont aidée à développer mon œil et privilégier l’aspect créatif sur la technique.?» Récemment installée au Liban avec son époux, Ludmilla est littéralement tombée amoureuse de cette ville. «?J’y suis venue la première fois en 2000. J’ai eu un coup de cœur pour ces lieux. Ils m’ont rappelé Alger que j’ai quitté, exilée. J’ai aimé la chaleur et le savoir-vivre des Libanais.?» Pour preuve, ces 22 photographies où toute son affection, son attachement et sa fascination pour Beyrouth sont affichés en 44 x 58 cm, 45 x 65 cm et 87 x 66 cm. Beyrouth l’étrange, la folle, celle d’hier, d’aujourd’hui, de toujours, l’ensorceleuse, désordonnée, poussiéreuse, mais irrésistiblement belle. C’est au cours de ses errances en solitaire, l’œil affûté, le pas patient, que l’artiste a découvert une maison, puis une autre, qui l’a menée à une troisième. Suit une rencontre qui l’a guidée vers une autre adresse, dans les dédales de ruelles sans noms. Des histoires sont ainsi nées, accompagnées de découvertes et de surprises qui lui ont inspiré ce projet coup de cœur. Après Alger, Arles, Los Angeles et Paris, elle a choisi Beyrouth pour inviter les visiteurs à pénétrer son univers «?surréaliste, ludique et coloré de la “lomographie” avec la photographie numérique?». Inspirée par la technique du photographe Dominique Lachapelle, Ludmila a greffé une caméra Holga argentique en plastique sur son Nikon digital. Le résultat, sans retouche aucune, a été des photos avec une couleur dominante qui semble parfaitement intégrée au sujet. «?Je me suis ainsi réappropriée des lieux oubliés en leur donnant une nouvelle vie.?» Tache de couleur «?Le choix de la couleur, précise-t-elle, s’est fait en fonction de mon humeur et de la tonalité que m’inspirait l’endroit.?» Rose, pour «?voir la vie en rose?», bleu, lorsqu’il s’agit d’une porte décrépie à Byblos, rouge, pour ces balcons où les linges accrochés lui ont rappelé ceux de sa ville natale.?Le choix des photos, après avoir fait des repérages à Beyrouth, Byblos et dans de nombreux villages libanais, s’est imposé, indépendamment des quartiers et des régions, dans une harmonie collective. «?On dirait que ces clichés ont été faits pour être ensemble.» Outre les sons qui semblent se dégager des photos, les odeurs, les rires des enfants que l’on imagine heureux et cette lumière presque aveuglante qui donne aux bâtisses une nouvelle jeunesse, quelques visiteurs privilégiés y retrouveront des souvenirs plus spécifiques. La demeure d’un oncle, d’une grand-mère, d’un voisin dont certaines ont déjà été arrachées à la mémoire collective en peu de temps, cédant la place à des buildings voraces. Les tirages sont faits en édition limitée, deux exemplaires par cliché. Les photographies deviennent ainsi des témoignages indélébiles. «?J’aimerais faire ce travail en beaucoup plus grand, conclut-elle, et les afficher sur des murs de la ville, pour rendre la photo plus accessible.?» Carla HENOUD * Espace Bulle, centre Sofil, Achrafieh, du lundi au samedi, de 10 heures à 19 heures.
C’est à l’espace Bulle, qui accueille habituellement des événements, que Ludmila Lahlou-Bitar a choisi de présenter ses 22 clichés, avec pour fil conducteur, Beyrouth, et pour thème de prédilection, l’architecture d’une ville en voie de disparition.


Ludmila Lahlou-Bitar a immortalisé les pierres, avant leur destruction imminente, les figeant pour l’éternité dans une...