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Actualités - OPINION

Sous la tente

Tout le monde aura appris la menace d’un ministre sans portefeuille de planter une tente au cœur du Sérail et d’y siéger en prenant soin de marquer au feutre noir sur le drap blanc «?Ici se trouve le bureau du vice- président du Conseil?». Initiative hardie, parce qu’effectivement il n’existe pas au Matignon libanais un bureau pour le vice-président. Mais au fait, en existe-t-il dans l’autre Matignon?? Y existe-t-il, tout au moins, un poste à ce titre?? Si d’aucuns prétendent que le régime libanais découle en ligne droite du régime de la IIIe République (ce qui n’est pas très exact), les Français n’ont jamais eu recours à l’institution d’une vice-présidence du Conseil?; et c’est leur affaire. Au Liban, il en va tout autrement. Il est tout à fait normal dans ce pays, dont le régime politique est basé sur le confessionnalisme, c’est-à-dire sur la répartition des charges de l’État entre les différentes communautés, que les grecs-orthodoxes aient une place de choix, vu qu’ils constituent numériquement la quatrième communauté du pays. Il est tout à fait légitime qu’ils occupent constitutionnellement la seconde place au Parlement et, coutumièrement, la vice-présidence du Conseil. D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que les accords de Taëf ont prévu un Sénat dont la présidence irait inéluctablement aux druzes. C’est le Liban que nous avons presque tous accepté?! Sinon, au nom de quoi le président de la République serait-il maronite, etc.?? Le problème est que ni la Constitution ni aucune loi ou règlement n’ont prévu ou codifié l’existence ou les statuts de la vice-présidence du Conseil des ministres, contrairement à celle de la Chambre. Ce qui est une lacune inqualifiable. Mais entre-temps… Les ministres grecs- orthodoxes concernés ont toujours bénéficié, et à juste raison, du titre de «?dawlat el-raïss?», sans pour autant qu’ils ne connaissent leurs prérogatives exactes. Toutefois, je ne sais pas si Albert Moukheiber ou Michel el-Murr aient eu à se plaindre de cette fonction, il est vrai, sans avancement, comme celle des autres présidences d’ailleurs. Mais de là à venir se faire le chantre des doléances d’une communauté «?spoliée de ses droits?», comme si les précédents vice-présidents étaient des renégats à leur communauté?; de là à se bombarder défenseur d’une cause qui n’en est pas une, pour des raisons qui n’échappent à personne, à moins qu’on ne prenne pas au sérieux les Libanais et particulièrement les grecs-orthodoxes, il y a à réfléchir. Les campings, on les connaît déjà?! Une première fois il y a une vingtaine d’années lorsque, pris entre le marteau et l’enclume, nous y avions presque tous participé. Une deuxième fois, il n’y a pas bien longtemps, lorsqu’il était agréable pour les jeunes de vivre à l’œil en plein centre-ville. Mais une troisième fois encore?! C’en est trop. Vraiment, les Libanais ont dépassé l’âge des boy-scouts. Pardon, M. Baden-Powell. Maroun Y. YAZBEC
Tout le monde aura appris la menace d’un ministre sans portefeuille de planter une tente au cœur du Sérail et d’y siéger en prenant soin de marquer au feutre noir sur le drap blanc «?Ici se trouve le bureau du vice-
président du Conseil?».
Initiative hardie, parce qu’effectivement il n’existe pas au Matignon libanais un bureau pour le vice-président.
Mais au fait, en existe-t-il...