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« La France n’abandonnera pas le Liban », aurait promis Kouchner à ses interlocuteurs... Scarlett HADDAD

Alors que le président français entame aujourd’hui une visite qualifiée d’importante à Damas, des sources libanaises proches du ministre français des AE reviennent sur la dernière visite de ce dernier à Beyrouth. Ces sources rappellent que Bernard Kouchner a tenu à se rendre au Liban avant l’arrivée de Sarkozy à Damas pour deux raisons : d’abord pour montrer que la France n’abandonne pas le Liban et ne trahit pas les principes qui ont dicté sa politique envers la Syrie et le pays du Cèdre au cours des dernières années, et, ensuite, pour s’informer des dossiers en suspens au sujet desquels les Libanais souhaitent une intervention de la France auprès des autorités syriennes. Les sources libanaises précisent qu’avant même son arrivée à Beyrouth, Kouchner avait demandé aux membres de son équipe d’organiser un dîner à la Résidence des Pins, qui regrouperait des pôles politiques du 14 Mars. C’est ainsi que Walid Joumblatt et Samir Geagea, entre autres, ont été invités à ce dîner, alors que Saad Hariri y avait dépêché Ahmad Fatfat. Une invitation avait d’ailleurs été adressée à Mohammad Fneich, mais ce dernier avait déclaré que les invités étant de premier plan, c’est le chef du bloc parlementaire du Hezbollah qui devrait y être convié. L’affaire en est restée là et Kouchner s’est contenté d’un dîner informel avec des personnalités importantes de l’alliance du 14 Mars. Celles-ci ont évoqué le dossier des relations avec la Syrie, ainsi que la poursuite des ingérences syriennes dans les affaires libanaises. Elles ont aussi précisé que l’annonce de l’ouverture d’ambassades entre Beyrouth et Damas n’est pas une si grande concession syrienne, d’autant que les autorités de Damas souhaitent maintenir le Conseil supérieur libano- syrien émanant du traité de fraternité et de coopération, signé en 1991, au plus fort de la tutelle syrienne sur le Liban. Kouchner a soigneusement écouté le point de vue des personnalités du 14 Mars. Mais à la suite de ce dîner, et pendant le dernier verre pris dans un hôtel de la capitale, il a manifesté une certaine impatience, raconte la source libanaise, rappelant que les relations de certaines personnalités n’ont pas toujours été si mauvaises avec la Syrie... Au-delà de la boutade, il y avait aussi chez le ministre français, estime la même source, une volonté d’appeler les Libanais à adopter une attitude plus souple sur certains points. La même source ajoute que Kouchner s’est voulu rassurant, au cours de ses entretiens avec ses interlocuteurs libanais, précisant que l’ouverture de la France sur la Syrie ne signifie nullement un blanc-seing donné à cette dernière au Liban. Kouchner a même promis aux Libanais de soulever avec le président syrien le problème de la situation à Tripoli et le rôle éventuel de la Syrie dans l’aide apportée aux alaouites de Baal Mohsen. Mais la source libanaise précise que le message principal transmis par le ministre français à ses interlocuteurs était le suivant : le projet américain dans la région est en situation de recul, et l’administration américaine n’est plus en mesure d’intervenir ni dans la région ni ailleurs. La France essaie donc de combler un certain vide, mais les données régionales et internationales sont en train de changer. Selon le ministre français, le monde est en train de vivre une étape transitoire, dont les contours futurs ne sont pas encore très clairs, même si la tendance générale est à la fin du monopole américain de la conduite du monde. S’adressant à ses interlocuteurs libanais, Kouchner leur aurait déclaré : « Vos rancœurs contre les Syriens ne sont rien face à la haine que se vouent les Russes et les Géorgiens. » Selon lui, le temps pourrait faire son œuvre, mais il faut auparavant jeter les bases d’une relation plus saine entre les deux États, et c’est là que la France pourrait intervenir. Toutefois, la source libanaise confie que les interlocuteurs de Kouchner ont senti que ce sont plus les négociations indirectes entre la Syrie et Israël, que la situation au Liban, qui intéressent les autorités françaises. Le président français espère jouer un rôle dans le rapprochement des points de vue entre la Syrie et Israël, et dans le déclenchement du processus de négociations directes sous l’égide des États-Unis et de la France. Même si ces négociations ne pourront démarrer avant la mise en place d’une nouvelle administration américaine, les autorités françaises estiment que des progrès peuvent être accomplis dans la préparation du terrain et l’aplanissement de certaines difficultés. C’est dans ce cadre que s’inscrira le mini-sommet qui doit se tenir aujourd’hui ou demain à Damas et qui doit réunir, outre les présidents français et syrien, l’émir du Qatar et le Premier ministre turc. La France, et avec elle Israël sont convaincus qu’un accord avec la Syrie serait de nature à calmer le jeu dans la région, les Syriens ayant une influence sur le Hezbollah, sur le Hamas et même sur certains groupes en Irak, où l’armée américaine est sur le point de remettre la province d’al-Anbar (sunnite et proche de la frontière syrienne) aux autorités irakiennes. C’est donc sur le « rôle positif » que peut jouer la Syrie dans la région que miserait la France. Tout en précisant que la souveraineté du Liban n’en sera pas pour autant sacrifiée...
Alors que le président français entame aujourd’hui une visite qualifiée d’importante à Damas, des sources libanaises proches du ministre français des AE reviennent sur la dernière visite de ce dernier à Beyrouth. Ces sources rappellent que Bernard Kouchner a tenu à se rendre au Liban avant l’arrivée de Sarkozy à Damas pour deux raisons : d’abord pour montrer que la France...