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Actualités - OPINION

Pleure, ô mon pays bien-aimé

Il avait 26 ans, c’était un brillant officier de l’armée de l’air, cette armée qui reste le dernier rempart de la liberté du Liban avant que les forces du mal qui ont commencé leur travail de destruction il y a quarante ans n’arrivent à leur fin. Il avait 26 ans et il est mort en héros, à bord de son hélicoptère marqué aux armes libanaises, tué par des tireurs libanais, sur le territoire libanais et il est tombé en terre libanaise. La fanfare aux morts a retenti de tout son éclat. Les drapeaux étaient en berne et les officiels émus ont assisté à la cérémonie funèbre de ce jeune officier mort pour la raison toute simple que notre terre n’est plus complètement la nôtre et qu’il est des régions auxquelles on n’a pas accès sans un permis spécial d’une autorité qui cherche à imposer son diktat à toute une population apeurée et traumatisée. Farjallah Hayek, auteur libanais francophone, avait écrit un livre qui avait eu à son époque un grand succès?: Dieu est libanais. Il faudra en écrire aujourd’hui un autre?: «?Dieu n’est plus libanais?». Car devant tant de crimes impunis commis sur ce territoire exigu, devant tant d’événements sanglants qui ont assombri notre pays depuis si longtemps, Dieu a dû changer de nationalité et, comme les 20 millions de Libanais disséminés dans le monde, il a renoncé à ses origines, dégoûté de voir son peuple bénit se lancer dans une guerre fratricide où chacun essaie de crever l’œil de l’autre, en attendant de s’emparer du pouvoir, ce qui, hélas, ne pourra se faire que dans le sang. À l’automne d’une vie passée à défendre mon pays contre tous les calomniateurs qui l’ont accusé de mille crimes, je me demande si j’ai choisi la bonne voie et si je n’avais pas dû, comme me l’a un jour reproché ma fille, prendre moi aussi le chemin de l’exil. Je pense surtout avec nostalgie à mes petites-filles Christina, Laetitia, et Yasmina, sur lesquelles j’ai reporté tout mon amour, et je me demande ce que, dans les dix prochaines années, sera leur destin dans ce pays livré à la rage des obscurantistes qui vont lui insuffler un esprit tribal qui le fera revenir 200 ans en arrière. Les garçons pourront peut-être se débrouiller plus facilement et s’adapter à une nouvelle vie, mais les filles, habituées au sens de la famille et aux traditions chrétiennes, auront certainement du mal à retrouver leurs assises et à vivre dans ce milieu hostile. Je maudis du fond du cœur tous ces trublions que la soif du pouvoir pousse à faire le jeu de l’ennemi et à lui servir d’escalier pour qu’ils arrivent à leurs fins. Ils ne savent pas qu’une fois ces derniers arrivés au pouvoir, ils les rejetteront comme une vieille chemise car ils auront pour eux la force et le pouvoir et je ne pense pas qu’ils auront la magnanimité des gouvernants d’aujourd’hui. Je m’étonne encore qu’il y ait des gens aveuglés au point de croire encore à leurs slogans trompeurs et d’applaudir à tout rompre à leurs discours enflammés dans lesquels ils ne manquent pas de féliciter et d’appuyer leurs sponsors qui les ont tirés de la pauvreté morale et matérielle dans laquelle ils croupissaient. Que faire pour sauver ce pays bien-aimé?? Il reste encore une institution qui demeure le creuset de toutes les communautés et des religions de ce pays, c’est l’armée libanaise. Si ses chefs savent recourir aux moyens adéquats pour assainir la situation et ramener le calme, ce pays sera sauvé?; sinon, c’est le chaos qui va s’installer partout. Nous demandons au commandement de l’armée et au président Sleiman d’être implacable envers les criminels. Ce crime qui succède à des centaines d’autres demeurés impunis ne peut être passé sous silence. Les coupables, quels qu’ils soient, doivent payer très vite et lourdement ce crime. Nous préférons une confrontation aujourd’hui à une nouvelle attente. Avec tous les soubresauts qu’elle ne manquera pas de provoquer, leur action doit se limiter exclusivement à la frontière israélo-libanaise. Nos nerfs sont à bout, notre patience a des limites. Je ne pense pas que dans l’état actuel des choses, de nouveaux projets peuvent être réalisés. C’est sur un terrain propre et déminé que l’on reconstruit les plus beaux édifices. Nous demandons la vérité et surtout la justice pour tous et contre tous. C’est notre seule voie vers un avenir serein. Raymond NAHAS
Il avait 26 ans, c’était un brillant officier de l’armée de l’air, cette armée qui reste le dernier rempart de la liberté du Liban avant que les forces du mal qui ont commencé leur travail de destruction il y a quarante ans n’arrivent à leur fin.
Il avait 26 ans et il est mort en héros, à bord de son hélicoptère marqué aux armes libanaises, tué par des tireurs...