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Caméra en deuil Randa Chahal, militante du Liban et du cinéma

C’est à Randa Chahal la cinéaste et la militante que le festival libanais qui se déroulait à l’Empire Sofil a rendu hommage à travers des gens du milieu qui l’ont connue. Entre militantisme et poésie, la réalisatrice franco-libanaise avait réussi à briser les barrières et à repousser certaines limites de l’art du cinéma qu’elle vénérait plus que tout. Communiste idéaliste à l’époque où tous les idéaux se sont éteints, cette ancienne étudiante de l’ENS Louis Lumière avait participé à la renaissance du cinéma libanais à la fin des années 1990, dans le sillage de West Beyrouth, sélectionné à Cannes, ou Beyrouth Fantôme de Ghassan Salhab. Et même si elle demeurait à l’écoute des besoins de la société, ses questionnements à la fin de sa vie portaient sur la nature de son audience. D’ailleurs, même malade, elle continuait à tourner. Pour qui faisait-elle des films?? se demandait-elle. Elle avait soif d’abattre tout genre de sectarisme et d’élargir son public ainsi que les horizons de ses œuvres. C’est ce qu’elle avait commencé par faire dans son troisième long-métrage de fiction Le cerf-volant (Lion d’argent - Grand prix du jury de la Mostra 2003) où elle tentait de forcer le mur du «?druzisme?» pour mieux comprendre cette confession. Tout comme les précédents, Le cerf-volant parlait de la guerre, cette guerre que la cinéaste avait vécue et qu’elle rejetait. Lors de la censure de Civilisées par la Sûreté générale, Randa Chahal avait refusé de réduire le débat à une discussion tournant autour d’un problème d’insultes. Sa seule intention était d’évoquer l’horreur de la guerre, non de l’édulcorer pour éviter qu’elle se répète. Pointilleuse jusqu’à la manie, la cinéaste n’hésitait pas à répéter une scène dix à vingt fois pour obtenir le résultat obtenu. Militante d’une cause, elle l’était donc également pour le cinéma qu’elle voulait le meilleur. «?Nous avons de forts potentiels, disait-elle, mais il leur manque la connaissance du matériel et de la technique, et les pays arabes ont une énorme avance sur nous.?» Ainsi, cette réalisatrice, qui portait en elle les blessures de son pays, souffrait également du manque d’infrastructure du cinéma libanais. «?Un film ne marche que si chacun est à son poste, à tous les niveaux de la chaîne technique.?» Une battante qui manquera certainement au cinéma libanais ainsi qu’au Liban.
C’est à Randa Chahal la cinéaste et la militante que le festival libanais qui se déroulait à l’Empire Sofil a rendu hommage à travers des gens du milieu qui l’ont connue. Entre militantisme et poésie, la réalisatrice franco-libanaise avait réussi à briser les barrières et à repousser certaines limites de l’art du cinéma qu’elle vénérait plus que tout....