Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE Rumeurs et accusation sur le report des élections législatives... Scarlett HADDAD

La situation générale du pays a beau s’améliorer, les oiseaux de mauvais augure continuent à émettre des doutes sur la stabilité du pays et à élaborer des scénarios plus ou moins catastrophiques. Les évoquer ne signifie nullement qu’ils vont se dérouler comme le prédisent les plus pessimistes, mais il est toujours bon d’avoir en tête toutes les possibilités pour mieux éviter le pire. L’opposition et la majorité s’accusent ainsi mutuellement de vouloir le report des élections législatives prévues pour mai 2009. Des sources proches de l’opposition émettent ainsi des doutes sur la tenue des prochaines législatives au printemps prochain. Selon ses sources, les données locales aussi bien que régionales et internationales montrent que la période des conflits est loin d’être terminée et que la tension est toujours grande entre les parties qui s’affrontent. La preuve de ce qu’elles avancent est donnée, selon ces sources, par le fait que chaque sujet évoqué sur le plan interne devient automatiquement l’objet d’un conflit. La formation du gouvernement a pris ainsi un temps plus long que prévu. Même chose pour la déclaration ministérielle. De plus, chaque décision fait aussi l’objet de longues concertations et le dialogue national attendu ne semble plus imminent. Les sources proches de l’opposition estiment que la majorité cherche à gagner du temps sur chaque point soulevé, comme si elle attendait encore quelque chose, ou comme si elle voulait entraver les décisions dans l’espoir de retarder l’échéance électorale. Dans le contexte actuel où les polémiques se succèdent dans un climat de tension, les sources proches de l’opposition considèrent que la majorité fait son possible pour retarder l’adoption d’une nouvelle loi électorale, tout en faisant campagne contre les armes de la Résistance. Dans quelques semaines, elle brandira, toujours selon les mêmes sources, le slogan selon lequel il n’est pas possible d’organiser des élections législatives tant qu’une partie libanaise continuera à détenir des armes. Les sources proches de l’opposition pensent que cette affirmation va constituer le pivot de l’étape future et vise soit à retarder l’échéance électorale, soit à organiser les élections sur la base de la loi en vigueur actuellement qui est celle de 2000. Selon ces mêmes sources, le grand problème pour le camp de la majorité est la crainte de perdre ces élections ou d’avoir à les mener en rangs séparés, avec des ententes électorales bilatérales qui seraient de nature à faire imploser le camp du 14 Mars. Les milieux proches de l’opposition ajoutent encore que la blessure ouverte de Tripoli peut aussi être utilisée comme un élément important pour retarder les élections. Car comment pourrait-on organiser un scrutin dans le pays alors qu’une grande ville comme la capitale du Nord est en proie à une instabilité permanente ? Ces mêmes milieux se demandent à cet égard pourquoi la situation à Tripoli, même si elle est aujourd’hui en voie d’apaisement, ne connaît pas encore de solution radicale. Ils répondent à cette question en affirmant que c’est une volonté délibérée de la majorité pour justement maintenir une possibilité de reporter les élections. De leur côté, les sources proches de la majorité estiment que c’est l’opposition qui maintient la tension et souhaite reporter les élections législatives de mai 2009. La raison invoquée est la suivante : selon elles, il s’agit tout simplement d’attendre la nouvelle administration américaine. Le nouveau président, qui sera élu en novembre, ne doit prendre officiellement ses fonctions qu’en janvier 2009. Et il lui faut quelques mois pour mettre en place son administration et exposer sa stratégie pour le Moyen-Orient. Avec un peu de chance, celle-ci pourrait peut-être se préciser en mai prochain. Mais si ce n’est pas le cas, les sources proches de la majorité estiment que l’opposition préférerait attendre un peu pour s’assurer que la nouvelle administration se dirige vers un dialogue avec la Syrie et l’Iran avant de se lancer dans le processus législatif. Si un accord, même tacite, était conclu entre Damas et Washington avant le mois de mai, cela devrait renforcer la position du 8 Mars. Sinon, ce camp préférerait attendre le temps nécessaire pour que la nouvelle administration soit convaincue de l’inéluctabilité d’un accord avec la Syrie. Les sources proches de la majorité ajoutent aussi que si besoin est, la Syrie et ses alliés libanais seraient prêts à convaincre la nouvelle administration à coups d’incidents au Liban. D’où la nécessité de maintenir la plaie de Tripoli béante, puisque cette ville est devenue l’abcès de fixation de la région. Les deux camps se renvoient donc les accusations, mais ce qui compte, c’est que la possibilité d’un report des élections est de plus en plus évoquée dans les coulisses. Avec, d’un côté comme de l’autre, l’invocation de raisons régionales et internationales pour étayer l’accusation. Comme si le Liban était toujours condamné à rester à la merci de développements qui dépassent ses frontières... Élections ou pas, la situation semble devoir en tout cas rester dans le flou jusqu’au printemps prochain.
La situation générale du pays a beau s’améliorer, les oiseaux de mauvais augure continuent à émettre des doutes sur la stabilité du pays et à élaborer des scénarios plus ou moins catastrophiques. Les évoquer ne signifie nullement qu’ils vont se dérouler comme le prédisent les plus pessimistes, mais il est toujours bon d’avoir en tête toutes les possibilités pour mieux éviter...