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Actualités - CHRONOLOGIE

Histoire d’une ville prisée pour sa grande bleue, ses demeures anciennes, ses night-clubs et son arrière-pays En vogue, Batroun connaît aussi son boom immobilier

Depuis le départ des Syriens, Batroun chaloupe entre patrimoine et loisirs. La ville est devenue une destination prisée des vacanciers et des amateurs de pubs et boîtes de nuit. Dotée d’un potentiel immense avec ses monuments archéologiques et historiques, ses souks et caravansérails et sa rue des poissonniers, Batroun poursuit la fête sans trop changer de visage. Appréciée pour ses demeures traditionnelles, qui rendent hommage aux bâtisseurs du XIXe siècle, la ville connaît aujourd’hui un dynamisme immobilier. Elle sauve ainsi ses murs, mais pour mieux garder son âme. Construites en majorité au milieu du XIXe siècle, les maisons anciennes, dont une bonne partie figure sur la liste officielle des monuments classés, font la fierté de Batroun. Organisées autour d’étroites ruelles, elles constituent un exemple de l’architecture traditionnelle libanaise, et les Beyrouthins férus de patrimoine architectural lorgnent les bâtiments qui semblent désertés depuis des décennies. Trônant dans le centre ancien de la ville, face à la mer, «?ces propriétés familiales qui se transmettent de père en fils ne sont pas à vendre?», signale illico Marcellino al-Hark, président de la municipalité. «?Elles appartiennent à des émigrés (Colombie, Mexique, Brésil, Canada, Australie et États-Unis), qui voudraient tout au plus les louer (...) En tout cas, elles ne seront cédées qu’à des Batrouniens?», précise-t-il, ajoutant que certaines bâtisses, comme celle de Camilio Akl, «?un des auteurs de la déclaration du Grand Liban et chez qui le patriarche Élias Hoyek?a souvent séjourné?», présentent «?un intérêt historique?». Côté terrains, «?peu de parcelles sont disponibles?sur le front de mer?» où le coût du mètre carré varie entre 1?000 et 1?500 dollars. À l’intérieur, il se situe dans une fourchette de 300 à 400 dollars. Considérant que les prix peuvent encore grimper, les propriétaires des biens-fonds ne sont pas pressés de conclure des ventes «?car les prix connaissent une augmentation progressive », explique le courtier Georges Mina. Les collines surplombant la ville n’échappent pas à la frénésie immobilière. Le mètre carré est cédé à cent et 130 dollars, et les nouveaux immeubles poussent comme des champignons. «?Entre 85 % et 90 % de ces projets résidentiels sont déjà vendus?», affirme M. Mina, ajoutant que les appartements attirent une clientèle locale, particulièrement les Batrouniens émigrés qui achètent «?sur plan?». Sous les vignes, un amphithéâtre romain «?Un schéma directeur et des politiques de protection diverses ont été mis en place pour conserver le patrimoine architectural de Batroun. Tout projet de construction dans les zones historiques, urbaines ou commerciales doit être approuvé par le bureau régional de la Direction générale de l’urbanisme (DGU) et la Direction générale des antiquités (DGA)?», explique encore le président de la municipalité. Il rappelle qu’en 2001, la réhabilitation du souk a été une «?étape importante et bénéfique pour l’image de la ville?». Formant une unité architecturale autour de huit ruelles étroites, le souk bâti avec de la pierre sableuse a subi un vrai lifting?: ravalement de 2?000 m2 de façades, pavement basaltique des ruelles, travaux d’infrastructure (réseaux d’eau, d’électricité et de téléphone), de menuiserie, de ferronnerie?et d’éclairage… Pour financer l’opération, la municipalité a carrément réalisé une levée de fonds auprès de la Banque mondiale, la Commission européenne et le secteur privé, précise Marcellino al-Hark. Ville côtière, située à 50 km au nord de Beyrouth et à 30 km au sud de Tripoli, Batroun a été fondée au IIIe millénaire avant J.-C. Le lieu, cité dans les lettres de Tal el-Amarna, regorge de vestiges des différentes civilisations qui ont traversé le Liban. Le mur phénicien taillé dans le roc, un château médiéval situé dans une zone qui a été expropriée par la Direction générale des antiquités, et les traces d’autres occupations (nécropole romaine, mosaïques byzantines, églises croisées) font de Batroun un témoin important de l’histoire du Liban. Toutefois, aucune fouille archéologique n’a jamais été réalisée dans cette ville. Les gradins d’un amphithéâtre romain ont été découverts par pur hasard sous les vignes d’une propriété privée, celle de Joseph Jammal. La ville, qui se focalise sur son patrimoine, passe aussi des nuits électriques. Le soir, la musique techno électro-pop, s’échappant d’une dizaine de pubs et boîtes de nuit qui investissent les remises des anciennes bâtisses, attire les noctambules. Batroun by night s’est forgé une image branchée chez les Beyrouthins et Tripolitains qui y viennent rire et danser jusqu’au bout de la nuit. Dotée également de plusieurs centres balnéaires dont le Batroun Village Club, aménagé à la manière d’un village méditerranéen sur une surface de 100?000 m2, la ville peut être le point de départ d’excursions vers les villages de l’arrière-pays, constellé de très vieilles églises datant des croisés : Hardine, Kfifane, Jrabta, pour ne citer que trois lieux d’une beauté à couper le souffle qu’abrite le caza de Batroun. Partisans du patrimoine, croyants ou mystiques, ou tout simplement passionnés des grandes étendues naturelles sauvages… le district de Batroun vous offre une belle parenthèse. May MAKAREM
Depuis le départ des Syriens, Batroun chaloupe entre patrimoine et loisirs. La ville est devenue une destination prisée des vacanciers et des amateurs de pubs et boîtes de nuit. Dotée d’un potentiel immense avec ses monuments archéologiques et historiques, ses souks et caravansérails et sa rue des poissonniers, Batroun poursuit la fête sans trop changer de visage. Appréciée pour ses...