Le milicien et le pompier

Le paradoxe libanais le plus extravagant de cet été fait cohabiter dans un débat vénimeux sur la libération des terres libanaises avec la destruction dans l’indifférence de nombreuses (autres) terres libanaises. D’un côté, est soulignée dans la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement la nécessité de résister par tous les moyens afin que la République libanaise récupère des terres dont la surface réelle est encore en débat (car de libanité très récente). Mais le véritable problème, sous-jacent, n’est-il pas l’utilisation de l’énergie des derniers miliciens non encore reconvertis dans l’économie de marché?? On parle de résistance parce qu’il y a des hommes armés, des hommes sont armés parce qu’ils débordent d’énergie qui ne trouve pas sa place dans l’activité normale du pays. De l’autre côté, l’incendie détruit inexorablement des hectares de forêt dans des régions situées depuis toujours au cœur de la réalité libanaise. Mais le véritable problème n’est-il pas la pauvreté des moyens, que L’Orient-Le Jour qualifiait de dérisoires, pour lutter contre le feu d’origine peut-être criminelle?? Ces moyens ne devraient-ils pas être encore plus puissants, compte tenu des intérêts en jeu?? Pour résoudre ce paradoxe et donc apaiser notre société, je suggère que l’on reconvertisse, fût-ce provisoirement, les hezbollahis en pompiers de l’été. Ils sauront y employer leur débordante énergie vitale. Ils sauront aussi s’attirer la reconnaissance de tous leurs compatriotes – à l’exception des spéculateurs criminels. Le coût de cette reconversion, même provisoire, est inférieur à celui des Canadair qui n’est pas inscrit dans le budget de l’État. Farid ARACTINGI