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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À la galerie Sfeir-Semler jusqu’au 8 novembre L’histoire de l’art moderne et contemporain arabe selon Walid Raad

Dans son précédent projet intitulé l’Atlas Group Archive, Walid Raad avait axé son travail sur la question de la documentation dans l’art. Dans cette œuvre – élaborée sur une quinzaine d’années – cet artiste et professeur, associé à la Cooper Union à New York, explorait, à partir de textes, de vidéos, de photographies et de performances, les expériences et les représentations de la guerre de 1975 et, plus largement, l’histoire contemporaine du Liban, son pays natal, comme vous l’aurez deviné ! Walid Raad, qui entame aujourd’hui une œuvre nouvelle sur le même mode de la recherche artistique, s’attaque cette fois à l’histoire de l’art moderne et contemporain arabe. À la galerie Sfeir-Semler – qui accueille sa première exposition individuelle au Liban et dans le Moyen-Orient – il présente «?le prologue, le préambule?» dit-il de ce nouveau projet de longue haleine qui comprendra «?des expositions, des publications, des conférences et des performances à venir?». Un projet inspiré de cette «?fascination nouvelle pour l’art dans le monde arabe?» (avec l’ouverture du Louvre, du Guggenheim, les nouvelles galeries, les enchères, etc.). Un constat qui a amené cet artiste intellectuel à entamer une réflexion sur «?la généalogie artistique, la mise en place d’une infrastructure (musées, galeries “White Cube”, publications spécialisées, marchés…) et surtout l’impact de la guerre, de la violence et des bouleversements du dernier siècle sur l’œuvre d’art dans le monde arabe?». «?1re partie, chapitre 1er : Beyrouth 1992-2005?» Sauf que la question posée ici est la suivante : «?Est-ce que la violence affecte d’une manière non seulement matérielle (destructions de musées, indisponibilité des œuvres, etc.), mais également immatérielle l’œuvre d’art elle-même ??» Comme toujours chez Walid Raad, une question en amène une autre. Et, partant de là, l’artiste examine la relation de l’œuvre à l’espace-temps, au visible et à l’invisible, ainsi que son rapport à l’espace muséal et au spectateur… Autant de thèmes qu’il traite «?en avant-propos?» dans la présente exposition intitulée donc «?Histoire de l’art moderne et contemporain arabe, 1re partie, chapitre 1er : Beyrouth 1992-2005?», et divisée en six sections. Sorte de livre ouvert, elle débute par le titre, collé tout simplement sur un pan de mur, et se «?referme?» sur une section graphique, baptisée «?Appendix XVIII: Plates?». Celle-ci comporte une série de triptyques aux couleurs vives, aux compositions en apparence abstraites et purement formelles, mais élaborées à partir de textes, de couvertures d’ouvrages, de pages de catalogues ou de publications théoriques représentant différents éléments de l’infrastructure de l’art au Liban. Entre les deux, une section qui aborde le thème de la «?disponibilité des œuvres à être vues?», une autre sur la généalogie artistique, une troisième consacrée à l’espace muséal et une quatrième présentant l’Atlas Group tracent le parcours de cette exposition… purement intellectuelle. Blanc sur blanc Walid Raad, qui réfléchit sur la question de savoir «?quand et comment la culture et la tradition dans le monde arabe ont pu être affectées par les guerres internes, ou celles fomentées par l’extérieur, qui se sont succédé au cours des dernières décennies?», estime que, pour avoir une réponse à cette question, «?il faut d’abord construire la généalogie des artistes?». Et de là, examiner la faculté d’un artiste à se placer dans la lignée de ses prédécesseurs ainsi que ses difficultés à accéder à ces références. Des questionnements que Raad initie dans les deuxième et troisième sections de l’exposition. En intervenant, d’une part, au moyen d’un trompe-l’œil mural, sur une œuvre de Walid Sadek (Love Is Blind, présentée il y a quelques années au Musée d’art moderne d’Oxford ) qui, elle-même, traitait de celle de Moustapha Farroukh et, d’autre part, en jouant également la carte du trompe-l’œil, de la «?visibilité et de l’invisibilité?» de la lignée d’artistes arabes qui se sont succédé au cours des cent dernières années à Beyrouth par l’inscription tout le long de trois murs… blancs de leurs 150 noms en lettres calligraphiques arabes découpées dans du vinyl… blanc. D’une histoire à l’autre Dans la section suivante, les sens optique et de l’observation du visiteur sont également sollicités de manière insolite, sinon ludique. Car c’est dans un trou dans le mur que Walid Raad a, cette fois, construit son espace muséal. Une maquette reproduisant l’architecture d’un musée classique, avec salles cloisonnées et ornementées, qui s’oppose à la tendance actuelle des «?White Cubes?» des musées et galeries d’art contemporain, ces espaces cubiques et blancs qui intègrent mieux – et s’intègrent d’ailleurs parfois – aux œuvres multiformes et multimédias contemporaines. Enfin, dans l’avant-dernière section, Raad donne à voir une version en format réduit de l’ensemble du projet Atlas Group. On y retrouve miniaturisés : la centaine de photos qui appartiennent désormais aux collections privées du Tate Moderne et du MoMA, ainsi qu’une série de mixed-médias exposés actuellement au Centre Georges Pompidou à Paris, plus une sculpture et cinq vidéos. Une vue d’ensemble du fameux projet qui documente l’histoire contemporaine du Liban. Et qui trouve donc naturellement sa place dans le cadre de cette recherche sur l’histoire de l’art contemporain dans le monde arabe ! On l’aura compris, il ne s’agit nullement d’une exposition conventionnelle, encore moins d’une expression d’émotion, mais d’un cheminement – avec ses voies de traverses – purement conceptuel et intellectualisant. Une exposition difficile à appréhender pour les non-initiés. Et qui pose indéniablement la question du statut de l’artiste et de l’œuvre d’art…contemporaine ! Des œuvres dans les plus grands musées Walid Raad est l’un des artistes libanais les plus cotés actuellement à l’étranger. Outre ses participations aux grandes manifestations artistiques internationales, comme la Documenta 11 (Kassel, en Allemagne), la Biennale de Venise, Raad est déjà introduit dans les plus grands musées d’art contemporain au monde. Ses œuvres figurent ainsi dans les collections privées du MoMA et du Guggenheim à New York, celles du Tate Moderne et du British Museum à Londres ou encore à la National Galerie de Berlin et au Centre Pompidou à Paris, où quelques-unes de ses œuvres sont exposées à l’heure actuelle. Zéna ZALZAL * Jusqu’au 8 novembre, à la galerie Sfeir-Semler, La Quarantaine, immeuble Tannous, 4e étage. Tél.: 01/566550 ou 03/611913.
Dans son précédent projet intitulé l’Atlas Group Archive, Walid Raad avait axé son travail sur la question de la documentation dans l’art. Dans cette œuvre – élaborée sur une quinzaine d’années – cet artiste et professeur, associé à la Cooper Union à New York, explorait, à partir de textes, de vidéos, de photographies et de performances, les expériences et les...