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Société - Chaque jour, elles écoulent entre 150 et 300 kg de manioc Chassées de Côte d’Ivoire, des femmes burkinabées survivent en vendant de l’attiéké

Des femmes burkinabées, chassées de Côte d’Ivoire en 2003, tentent de survivre dans leur pays d’origine en commercialisant de l’attiéké, le manioc le plus apprécié de leur ancien pays d’adoption. À Kilwin, banlieue de Ouagadougou où elles ont installé une unité de transformation de manioc, Marie-Louise Zongo et ses camarades se sentent soulagées depuis qu’elles ont trouvé de quoi subvenir aux charges de leurs familles. « Nous arrivons à nourrir correctement nos familles comme si on était à Abidjan et à satisfaire aux petits besoins », se félicite Awa Zango dont le mari est porté disparu à Kumassi (un quartier d’Abidjan) après une attaque des miliciens proches du président Laurent Gbagbo en 2003. « À mon arrivée ici, il m’était impossible de scolariser mes enfants. Deux ont quitté les bancs faute de moyens. Cette année, il n’y a eu aucun problème, le dernier va à l’école et ceux qui avaient quitté ont commencé à apprendre la soudure et la couture », témoigne Christelle Ilboudo, 46 ans. Elle a perdu son mari et deux de ses garçons à Guiglo (Ouest), brûlés dans une case par des miliciens. Toutes tentent de refaire leur vie après avoir vécu les atrocités perpétrées contre des Africains de l’Ouest et des Occidentaux à la suite du déclenchement de la rébellion des Forces nouvelles (FN), consécutif au putsch manqué contre M. Gbagbo en septembre 2002. Les partisans du président Gbagbo avaient accusé le Burkina de soutenir les « assaillants ». Maltraités, pillés, poursuivis, bastonnés, tués ou brûlés par des hommes en tenue et les miliciens ivoiriens, les Burkinabés rentrent au pays dans une opération de rapatriement volontaire qui a concerné 365 979 personnes. La plupart des femmes qui travaillent dans cette petite unité ont perdu un membre de leur famille ou un proche. Vendeuses de sable et de graviers, elles fondent en 2006 l’association Bayiri Nooma (« Être dans son pays natal c’est mieux », en mooré, langue la plus parlée au Burkina) et s’adonnent à la préparation et à la commercialisation de l’attiéké après avoir remarqué que les habitudes alimentaires de leurs compatriotes avaient changé. « J’ai remarqué que dans presque toutes les familles, on mange de l’attiéké. Même quand les adultes n’en veulent pas, les enfants demandent, ils en raffolent », explique Mme Zongo, responsable de Bayiri Nooma. Chaque jour, ces femmes écoulent entre 150 et 300 kg d’attiéké pour un chiffre d’affaires mensuel oscillant entre 450 000 et 600 000 FCFA. Mais chaque femme perçoit 35 000 à 45 000 FCFA par mois. Peu mais suffisant pour subvenir aux besoins essentiels de la famille. Jusque-là, l’attiéké vendu est en grande partie importé de Côte d’Ivoire et du Ghana voisins. Mme Zongo importe 1 500 à 2 500 kg de pâte de manioc par semaine de Bouaké (centre de la Côte d’Ivoire). « Auparavant, on utilisait le manioc du Burkina qui nous venait de Bittou (Est), de Bobo Dioulasso et de Banfora (Ouest), mais ce n’est pas de très bonne qualité parce que l’attiéké de ce manioc noircit quand on le conserve plusieurs heures. Nous nous sommes tournés vers Bouaké où nous importons de la pâte de manioc » par le train, indique Mme Zongo. Pour ces femmes, pas question de retourner en Côte d’Ivoire, où vivent quelque quatre millions de Burkinabés travaillant majoritairement dans des plantations de cacao et de café.
Des femmes burkinabées, chassées de Côte d’Ivoire en 2003, tentent de survivre dans leur pays d’origine en commercialisant de l’attiéké, le manioc le plus apprécié de leur ancien pays d’adoption.
À Kilwin, banlieue de Ouagadougou où elles ont installé une unité de transformation de manioc, Marie-Louise Zongo et ses camarades se sentent soulagées depuis qu’elles...