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JO 2008 - Les officiels de La Havane ne se montrent pas inquiets pour leur équipe nationale Les Cubains optimistes pour les Jeux de Pékin malgré les défections en série

Une série de désertions a certes décimé la délégation cubaine, mais, à l’approche des Jeux olympiques de Pékin, les officiels de La Havane ne se montrent pas inquiets pour leur équipe nationale. Lors d’une cérémonie récente en l’honneur de l’équipe de base-ball, championne olympique en titre, le président Raul Castro a prononcé un discours d’encouragement, qui ressemblait plutôt à des consignes de guerre. « Vous savez tous ce que le peuple cubain attend de vous, et nous savons que vous l’accomplirez pleinement », a-t-il déclaré au stade d’Amérique latine de La Havane. À Cuba, les bons athlètes sont repérés et couvés dès leur plus jeune âge au sein d’un système sportif d’inspiration soviétique institué après la révolution de 1959 qui a porté Fidel Castro, le grand frère de Raul, au pouvoir. Les enfants fréquentent des écoles spéciales dédiées au sport et les meilleurs sont sélectionnés dans l’un des deux centres sportifs de haut niveau de l’île. Aujourd’hui encore, le sport reste un moyen de glorifier la nation et son système socialiste, à l’image de ce qui se passait en Union soviétique et chez ses alliés d’Europe de l’Est pendant la guerre froide. « Une trahison » C’est pourquoi les défections ne sont pas prises à la légère, explique Uva de Aragon, spécialiste de Cuba à l’Université internationale de Floride basée à Miami. « Pour le gouvernement, c’est un coup porté à son image et il considère cela comme une trahison. » Fidel Castro en personne considère la réussite sportive du pays dans les sports traditionnellement réservés aux Américains comme un élément vital de sa bataille politique avec les États-Unis. « Allez (aux JO) avec un esprit de vainqueur comme à Ayacucho et Mal Tiempo », a-t-il déclaré, en référence à deux batailles historiques, dans un message publié en une des journaux officiels à quelques jours des Jeux. « Vous pourrez compter sur l’amour du peuple pour notre pays. » Avec une population de 11 millions d’habitants, Cuba a gagné 170 médailles olympiques, dont 65 en or. En comparaison, l’Inde n’a remporté que quatre titres olympiques, pour une population estimée à 1,1 milliard d’habitants. Malgré tout, les athlètes cubains demeurent des amateurs très peu payés, et la plupart de ceux qui quittent le pays espèrent passer professionnels. Cette année, les équipes de base-ball, de football, de judo et de boxe ont subi des séries de désertions inquiétantes. La plus retentissante fut celle de la judoka Yurisel Laborde, double championne du monde des moins de 78 kilos et médaillée de bronze olympique à Athènes, qui a profité des Jeux panaméricains organisés en mai dernier à Miami pour trouver refuge aux États-Unis, où elle a demandé l’asile politique, quitte à renoncer aux JO de Pékin. La boxe décimée L’équipe de boxe a aussi été particulièrement touchée. Avec cinq médailles d’or, Cuba avait dominé la discipline aux Jeux d’Athènes. Mais aucun des champions olympiques en titre ne défendra son titre à Pékin, car trois d’entre eux ont fait défection et un a été exclu de l’équipe pour avoir tenté de s’enfuir. Le dernier, Mario Kindelan, a pris sa retraite. Ces forfaits ont laissé Cuba avec une sélection de boxeurs jeunes, sans expérience olympique, qui devront affronter une concurrence relevée à Pékin, prévient Pedro Roque, l’entraîneur de l’équipe de boxe. Mais, dit-il dans un bel élan de patriotisme, « nous disposons d’assez de boxeurs pour une, deux ou trois équipes. Les forfaits ne nous affectent pas du tout ». L’équipe comptera notamment dans ses rangs le champion du monde amateur 2005 des poids légers, Yordenis Ugas, ainsi que cinq champions 2007 des Jeux panaméricains. Cuba comptera par ailleurs sur son équipe de base-ball, favorite pour le titre, et ses athlètes, emmenés par le recordman du monde du 110 mètres haies Dayron Robles, pour faire résonner l’hymne cubain dans l’arène olympique. Cuba a bien essayé de contrer les désertions en offrant des primes à ceux qui reviennent au pays après les compétitions internationales. Selon Milton Jamail, auteur d’un ouvrage sur le base-ball cubain, les sommes offertes sont faibles en comparaison de ce que les sportifs pourraient gagner en devenant professionnels à l’étranger. Malgré tout, l’envie de rentrer au pays est souvent la plus forte. « La plupart des joueurs cubains ont réellement envie de rentrer. Leurs familles et amis sont à Cuba. Ils n’ont pas envie de s’installer dans un autre pays et devoir commencer une nouvelle vie », dit-il. Dans ce contexte de désertions à répétition, les autorités cubaines peuvent néanmoins envisager avec sérénité les Jeux car, à Pékin, les athlètes qui souhaiteraient fuir auraient aussi à échapper aux autorités chinoises, proches de leur allié communiste.
Une série de désertions a certes décimé la délégation cubaine, mais, à l’approche des Jeux olympiques de Pékin, les officiels de La Havane ne se montrent pas inquiets pour leur équipe nationale.
Lors d’une cérémonie récente en l’honneur de l’équipe de base-ball, championne olympique en titre, le président Raul Castro a prononcé un discours d’encouragement, qui...