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Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE - «?Insomnie?» de Jana el-Hassan à la salle Gulbenkian (LAU) Les cauchemars de la vie…

Un monde dérangeant, grinçant, mal à l’aise, noir, aux confins de la clochardise, habite cette production tout en cris, ululements ou propos incompréhensibles, des étudiants des beaux-arts de l’Université libanaise. Production intitulée « Lamma al-Naoum Youghader al-Joufoun », en termes plus prosaïques et moins poétiques, cela se traduit par?« Insomnie. » « Insomnie » est en fait un ensemble de textes de Abdel Rahman Munif, Gao Xingjian, Lydia Sylvaere et Harold Pinter, adaptés en arabe littéraire (bien pompeusement) et dirigés pour les feux de la rampe par Jana el-Hassan. Pour cette cinquième journée du XIe Festival international universitaire de théâtre, le ton à la salle Gulbenkian est à un univers sombre et grimaçant. Pour une scène envahie par les chiffons, un banc public, des étagères noires (à usage multiple par la suite), des paravents en bambous (barreaux de prison?!) et un petit groupe de personnages étranges et hirsutes, plus proches des zombies que des vivants (avec accoutrements crado, cheveux dépeignés et un œil au beurre cerné de noir) le ton sardonique, cruel, «?goyesque?» s’annonce clairement… Un ton mélodramatique aux effets appuyés et lourdement recherchés. Un univers absurde oppressant où domine une atmosphère oscillant entre obsession tragique du monde moderne, refus de l’analyse, psychologie conventionnelle et douteux surréalisme dû à un réalisme outrancier. Mystère, poésie (souvent mal intégrée?dans un dialogue oiseux ou d’interminables soliloques frisant le délire verbal), langage puisant toutes ses ressources dans un vocabulaire banal, sens du fantastique et du rythme, voilà les ingrédients d’un travail plus prétentieux que convaincant, plus expérimental que rationnel, plus inaudible et bruyant que réconfortant ou rassurant, plus visuellement agaçant que basé même sur une esthétique du laid acceptable. Recherchant constamment en vain leur identité, ces personnages perdus dans la vie et au quotidien, comme les épaves moribondes de ce tableau de la Méduse tanguant dans la solitude des eaux, ont des accents entre Pirandello et Kafka dans leur quête pathétique, leur désespoir, leur isolement, leur folie… Radotages, redites, méprises, vulgarité, silence et même un certain chant désespéré sont au rendez-vous avec les spectateurs (mis à rude épreuve et souvent à bout de nerfs) assistant impuissants à tant de confusion, de cris, d’incohérence, de symbolisme non perceptible, d’agitation… Des personnages en prise hystérique avec leur peur, leur angoisse, leur crainte, leur revers, leur échec…Des dénués de toute caractérisation précise, dominés par la peur. Une peur irraisonnée du monde qui les entoure avec ses menaces imprévisibles et fatales…Des personnages qui se conduisent absurdement parce que la vie est absurde… Dans cette ronde fantasque et lugubre d’un somnambule croisant une brochette de personnages extravagants et excentriques (un déserteur, un SDF, une geisha, une mère, une jeune femme, un jeune homme, monsieur personne?!), la vie se transforme en une palette d’ombres inquiétantes… Une vie reflétant, avec une insistance presque macabre et un pessimisme stressant marqué au fusain noir, les pires cauchemars d’une traversée humaine…Mais où sont donc la lumière du jour et la clémence de Dieu?? Edgar DAVIDIAN
Un monde dérangeant, grinçant, mal à l’aise, noir, aux confins de la clochardise, habite cette production tout en cris, ululements ou propos incompréhensibles, des étudiants des beaux-arts de l’Université libanaise. Production intitulée « Lamma al-Naoum Youghader al-Joufoun », en termes plus prosaïques et moins poétiques, cela se traduit par?« Insomnie. » « Insomnie...