Retour aux sources

Le retour de Samir Kantar a donné lieu à un tas des festivités et nous sommes heureux et fiers de le voir retrouver son pays, sa famille et ses amis. Mais ce qui nous inquiète et nous laisse perplexes, c’est cette suite de surenchères qui ont donné l’occasion, tout d’abord à tous les niveaux de nos gouvernants, puis à tous les partis politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, et enfin à sa communauté et aux autres communautés, de chercher à se mettre en valeur. Ce pays ne changera jamais, et chaque événement doit avoir son profil politique et doit être mis à profit pour en tirer le plus d’avantages possible. Il y a quelques jours, j’ai reçu un émigré libanais qui, il y a 50 ans, avait quitté son pays natal pour faire fortune ailleurs. «?Mission accomplie, me dit-il avec son accent américain, mais si vous saviez combien j’ai souffert, combien j’ai lutté, combien de jours et de nuits j’ai dû me contenter d’un morceau de pain rassis et faire des dizaines de kilomètres pour placer des produits qui étaient invendables.?» «?Puis la chance m’a souri, a-t-il ajouté. Un jour j’ai croisé un chef d’entreprise qui m’a donné l’occasion de me mettre en valeur et de prouver ma capacité au travail et mon abnégation.?» Disons la vérité, ces milliers de Libanais qui ont lutté, travaillé, souffert et qui ont accepté toutes les situations sont pour moi autant de héros anonymes qui méritent eux aussi des arcs de triomphe et la considération de ceux qui sont restés au pays. Le Liban, pays martyr, qui depuis des centaines d’années a subi tant d’humiliations, tant d’occupations et hélas aussi tant d’affronts, est un pays de héros qui méritent chacun notre considération. Amis Libanais, revenons sur terre, oublions nos querelles intestines, redevenons un peuple paisible qui fait l’admiration de tous. La politique doit quitter notre territoire, car ce pays trop exigu est essentiellement touristique. Sachons accueillir avec joie et honneur nos émigrés libanais qui sont les héros du Liban, ouvrons nos maisons, nos villes, nos villages, nos églises, et nos mosquées, et accueillons-les avec tous les honneurs dus à leur rang. Notre pays et ses habitants sont fatigués de toutes ces surenchères et nous rêvons de paix, nous tenons à la paix, nous voulons la paix. Quel beau pays que le nôtre quand il sera redevenu le pays de la joie de vivre, ouvert à tous. Devenons la Suisse du Moyen-Orient, avec une pointe de Monte-Carlo, et accueillons chaque année nos 10 millions de touristes qui vont redonner prospérité et vitalité à ce pays qui en a tant besoin. Raymond NAHAS