Longue barbe et cheveux blancs, le fugitif se déplaçait librement Méconnaissable, Karadzic a dupé son entourage en plein Belgrade

Longue barbe et cheveux blancs, les yeux cachés derrière des lunettes, Radovan Karadzic, arrêté après une traque de 13 ans, s’était rendu méconnaissable pour duper tous ceux qui l’ont, à leur insu, côtoyé à Belgrade où il s’est déplacé sans problème. «Le fait qu’il se déplaçait librement dans la ville et apparaissait même dans des endroits publics montre à quel point son identité était convaincante », a indiqué le procureur serbe pour crimes de guerre Vladimir Vukcevic lors d’une conférence de presse. Selon lui, Karadzic possédait de faux documents au nom de Dragan Dabic et gagnait sa vie en s’occupant de médecine alternative dans la capitale serbe. « Il a même travaillé dans un cabinet médical à Belgrade sans que personne ne soupçonne son identité. Les propriétaires des appartements qu’il avait loués ne connaissaient pas son identité non plus », a-t-il précisé. Selon la télévision B92, Karadzic aurait même fait des conférences sur le thème de bioénergie et méditations et avait publié des articles dans le journal Zdrav zivot (Vie saine) sous sa fausse identité. « Nous ne savons pas s’il s’agit de Radovan Karadzic, mais c’est la personne que nous avons vue sur la photo montrée à la télévision » qui a collaboré à notre magazine, ont indiqué à l’agence Beta les représentants de Zdrav zivot. « Il a communiqué avec moi personnellement, mais je n’ai jamais imaginé qu’il puisse être Radovan Karadzic », a indiqué le rédacteur en chef du journal Goran Kojic. « L’homme avait une apparence très curieuse, des cheveux longs blancs qu’il attachait d’une manière bizarre sur le sommet de sa tête », a décrit M. Kojic. Rasim Ljajic, ministre chargé de la Coopération avec le TPI, a montré à la presse une photographie de Karadzic sur laquelle il est méconnaissable, étonnamment mince, portant une longue barbe blanche et de longs cheveux blancs tombant sur ses épaules. Une apparence tout à fait différente de celle qu’on lui connaissait lors de sa dernière apparition publique en 1996 : chevelure grisonnante toujours en bataille, le front barré d’une mèche indomptable. À Belgrade, Karadzic se déplaçait vraisemblablement en transport en commun, son avocat Veselin Vujacic ayant indiqué qu’il avait un abonnement mensuel pour le transport public. Selon la presse serbe, c’est dans un autobus qu’il aurait été arrêté lundi dans la soirée. « Sa dernière adresse était à Novi Belgrade » le quartier moderne de la capitale serbe sur la rive gauche de la Sava, a précisé le procureur Vukcevic. Selon Luka, le frère de Karadzic, pendant ses 13 ans de cavale, celui que la justice internationale réclamait pour crimes de guerre et génocide a vécu à Belgrade et dans divers endroits de Serbie et Bosnie. Sa famille a affirmé ne pas savoir où il se trouvait et n’avoir eu aucun contact avec lui au cours des dernières années.