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Actualités - ANALYSE

La situation Aussi bien dans les relations libano-syriennes que dans le fontionnement de l’Exécutif… La tendance est désormais à la Nouvelle Vague

Impossible de ne pas relever la volonté de Michel Sleiman de ne pas mélanger public et privé : pas de mariage de fils ou de fille à Baabda (contrairement à son prédecesseur) ni de meutes médiatiques accompagnant chaque pas présidentiel : hier, aucune photo n’a été prise du n° 1 de l’État à Annaya, où il célébrait la Saint-Charbel, pour lequel il voue pourtant une adoration certaine. Un détail certes – mais significatif, et suffisamment rarissime pour le souligner. Il n’y a rien à dire : l’installation de Michel Sleiman à Baabda a induit, sans que l’on sache encore si cela s’est fait naturellement ou si le président de la République y est vraiment pour beaucoup, un changement profond dans la forme. Dans la façon de faire. Et visiblement, cette forme métamorphosée est particulièrement prégnante s’agissant de la conception de la politique libanaise – à l’intérieur comme à l’extérieur. Il y a d’abord un dossier auquel une très grande majorité de Libanais accorde une extrême importance ; une question qui définit depuis de nombreuses années le rapport de chacun de ces Libanais à l’autre, mais aussi au monde : les relations entre Beyrouth et Damas. Aujourd’hui, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, débarquera dans ce pays comme n’importe lequel des chefs de la diplomatie étrangers : à l’aéroport international Rafic Hariri, où il sera accueilli par son homologue libanais, avant de prendre la voiture en direction du palais présidentiel pour transmettre à Michel Sleiman l’invitation de Bachar el-Assad à se rendre à Damas. Le respect de la forme est parfait. L’image du gauleiter visitant les terres conquises a été dynamitée, et la tournée auprès d’une troïka new look (parce que deux de ses membres sont désormais bien décomplexés) n’est pas inscrite à l’ordre du jour de l’escale beyrouthine du ministre syrien. Il y a aussi le fonctionnement de l’Exécutif. Celui d’une équipe Benetton où toutes les couleurs possibles et imaginables se côtoient et se juxtaposent, une équipe à peine au poste, mais dont les membres ne se contentent pas d’assurer, pour l’instant certes, un minimum de cohésion (courtoisie, respect du collectif et des décisions prises ensemble, comme, par exemple, d’éviter les fuites à la presse). Ils vont plus loin : les membres de ce nouvel Exécutif rivalisent d’optimisme dès qu’un micro les interroge sur leur première et cruciale mission : la rédaction de la déclaration ministérielle. Un texte à propos duquel les sources du 14 et du 8 Mars sont d’accord : « Si tout va bien, s’il n’y a pas d’accrocs concernant les armes du Hezb et les relations libano-syriennes, il sera rendu public en fin de semaine ». Dans tous les cas, ce week-end a été riche en excès : « Beaucoup de progrès ; nous avons besoin d’un peu de temps encore », assure Tarek Mitri ; « climat positif » résume Ibrahim Najjar ; « rapprochement des points de vue », ose Waël Bou Faour, « débats francs, minutieux, sérieux », souligne Jean Oghassabian, « accord de principe », avance Élie Skaff, « nous allons nous mettre d’accord ; d’ailleurs même dans la région, la tendance est à l’entente », renchérit Issam Abou Jamra, etc. Et tous, ou presque, insistent sur la nécessité d’éviter toute ambiguïté, tout flou ou toute possibilité d’interprétation future. C’est clair : la forme est reine. Sauf qu’au Liban plus qu’ailleurs, le poids d’une forme saine ne garantit en rien que le fond suive. Qu’il soit en harmonie. Walid Moallem évoquera aujourd’hui avec Michel Sleiman les détails du sommet libano-syrien censé se tenir dans dix jours au maximum à Damas, et dont la part du lion ira sans aucun doute aux relations libano-syriennes. Inutile de se leurrer : là, tout est à faire. Surtout, indépendamment des détails techniques, en ce qui concerne l’avenir du traité de fraternité et du non moins fumeux Conseil supérieur supposé régir, sous l’occupation, les rapports entre les deux pays. La remarque à ce sujet d’Akram Chehayeb est on ne peut plus à sa place – et savoureuse (lire par ailleurs). Les ministres chargés de la rédaction de la déclaration ministérielle se retrouveront eux aussi aujourd’hui pour un quatrième round, qui les verra rentrer peut-être, enfin, dans le corps du propos : les armes du Hezb et, éventuellement, son corollaire : le concept de résistance. Là aussi, tout est à faire, notamment à l’aune des déclarations dominicales et non moins péremptoires de la part des principaux intéressés : « Pas d’État au Liban hors le programme et la méthode de la Résistance », a ainsi asséné le très hezbollahi Nawwaf Moussawi. Il n’empêche. Que tout cela réussisse ou pas, que le Liban ou la Syrie échangent leurs ambassadeurs en totale harmonie avec l’accord de Vienne ou pas, que le 14 et le 8 Mars s’entendent réellement sur le devenir des armes du Hezb et qu’ils concrétisent cet accord, ou pas, le changement de forme est bel et bien là. L’on nage même en pleine Nouvelle Vague – et cette semaine pourrait le prouver encore davantage. Mais est-ce que cela va vraiment durer ? Est-ce que cela se traduira par des faits, des actes, des mesures immédiatement appliquées ? Très fort – ou très sot – serait celui qui s’aventurerait, aujourd’hui, à dire oui. Z. M.
Impossible de ne pas relever la volonté de Michel Sleiman de ne pas mélanger public et privé : pas de mariage de fils ou de fille à Baabda (contrairement à son prédecesseur) ni de meutes médiatiques accompagnant chaque pas présidentiel : hier, aucune photo n’a été prise du n° 1 de l’État à Annaya, où il célébrait la Saint-Charbel, pour lequel il voue pourtant une...