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Le temps du sacré dans l’espace du pouvoir Dr Vatcheh NOURBATLIAN

« Seul Dieu peut prendre le pouvoir qu’il m’a donné » Robert Mugabe, président du Zimbabwe L’État-spectacle au service des milices divines, des oligarchies, des clans, des castes, des gendres et des « sauveurs » hilares « iconisés » n’est rien d’autre que du cannibalisme capitalisé, fétichisme des idoles  et des « maîtres » sanglants hypostasiés. Pseudogouvernement de la cité, sa manipulation par les sophistes et les flibustiers  d’État ne peut que servir à la satisfaction fantasmatique d’une race d’esclaves résignés. Il y a longtemps que le savoir du pouvoir s’est transformé au Liban en manipulation psycho-mentale des masses. Les politiques dévoyés, héritiers directs des sorciers du Moyen Âge, accomplissent  en coordination avec l’État  sécuritaire, les mêmes fonctions de légitimation des pouvoirs en place : ils se repaissent, avec leur intelligence sournoise de démagogues, de la stupidité quotidienne et du sang des hommes. Ils chantent la grandeur de la nation et  sa « dignité » alors qu’ils ne font que multiplier algébriquement la somme de ses misères et de ses aliénations accumulées. De la même façon que la religion, destinée à humaniser les hommes par les sermons, les appels à l’amour, les cantiques et les prières, n’a fait jusqu’à présent au Liban que digérer la raison et alimenter la violence, la politique, destinée à les libérer historiquement de leur nature bestiale, n’a fait que les aliéner à une société anthropophage et antihistorique. Mercenaire de la pensée séparée, le politique ou l’oligarque  travaille pour sa promotion et ne peut donc concevoir la vie politique que comme le code policier de sa survie monopolisée. Considérant le pouvoir comme le plus rentable des « affaires » fondées sur des rapports de domination et d’exploitation, il ne peut donc concevoir  le citoyen que comme « client » ou « sujet » et le peuple comme « masse » méprisable et jetable  à satiété. C’est pour cela qu’il ignore l’histoire comme activité voulue ou progrès, et fait de ses  concitoyens  des « serfs » enfermés dans ses fiefs ou ses toiles d’araignée. Fondée sur la dimension essentielle de sa fonction d’occultation, la politique politicienne ne peut donc que se mentir à elle-même. Et ses gourous prétentieux ont conservé, de leurs ancêtres magiciens, le goût et la nécessité de l’esprit de sérieux et du mystère. Partie dynamique dans la justification des États divisés en maîtres et esclaves, le corps politique garde jalousement ses lois corporatives et les secrets de son autoreproduction dynamique qui en font une secte méprisable. Si l’identification historique et idéologique des politiques au pouvoir en place montre clairement qu’ils sont les serviteurs  pragmatiques de l’ainsi nommé État, qui, il faut le reconnaître, les promeut admirablement, il a fallu attendre jusqu’à nos jours pour voir se dissiper les dernières fictions concernant la « société consensuelle » et  une nation  qui se voulait message, symbole de dialogue  et de convivialité. Il n’y a aujourd’hui plus de politique qui ne soit au service des divers messianismes, de  la secte armée, du sauveur providentiel, de l’idéologie de la guerre sainte et du paradis. Et la politique de la guérilla urbaine nous montre son autre visage, la guérilla médiatique. Dans ces conditions, les sectes armées ne peuvent accepter que les espaces publics restent des terrains vagues livrés à l’imagination des rêveurs, aux rires des enfants et aux loisirs des gens ordinaires. Depuis l’origine de la société religieuse, on a toujours placé dans le ciel la source irréelle du pouvoir séparé. Aujourd’hui que l’État-secte veut se justifier politiquement, le ciel et la terre sont nécessairement dans l’espace de sa guérilla sacrée. Et tout comme autrefois il était interdit de toucher au temps et à l’espace de la religion, il est aujourd’hui  interdit de soulever la question des télécoms, de l’armement ou des directeurs généraux relevant de  sa sacro-sainte  « sécurité ». Le blocage actuel des institutions et les moyens énormes déployés par les États bons samaritains comme le Qatar, pour faire raisonner les dirigeants libanais, ne font que mettre en relief le pouvoir spectaculairement concentré entre les mains des milices et la misère des politiques castrés. Nouveau Yalta, la répartition des postes ministériels à Doha montre l’incapacité des politiciens à résoudre, sur la terre libanaise, leurs antagonismes et leurs luttes d’intérêts venus du ciel ou des territoires d’outre-terre. Promis jadis par les hommes de religion aux bons croyants et pratiquants, le ciel et ses combats entre archanges et démons sont désormais transposés sur la terre du Moyen-Orient et surtout du Liban. Nouveaux anges exterminateurs, portant des casques, des cagoules, des mitraillettes ou des lance-roquettes, les commandos de Dieu sont les vedettes d’un spectacle qui remplit quotidiennement nos écrans de télévision, et les déclarations tonitruantes ou menaçantes de leurs gourous charismatiques parachèvent efficacement le processus de lavage de cerveaux et de bourrage des crânes des masses terrorisées. Archétypes du martyre ou de la résistance à son exposant le plus élevé, les commandos de Dieu font, par la même occasion, la critique des pouvoirs laïques et/ou démocratiques de type occidental et de ses « hypocrisies ». Hommes-panneaux publicitaires, les martyrs flottent jour et nuit sur les poteaux électriques, et leurs camarades cuirassés, ayant tourné leurs fusils vers l’intérieur, se permettent naturellement d’envahir les quartiers de paisibles citoyens pour  faire marcher les hommes au rythme du grand « faqih »  et de sa théocratique « wilayé ». Mais le projet de décentralisation administrative, telle que stipulée par l’accord de Taëf et qui aujourd’hui sommeille dans les tiroirs du système, détruira sûrement les barrières qui isolent le peuple du pouvoir. Plus d’idées du pouvoir séparé du peuple, plus de pouvoir des idées séparées de la terre des hommes. L’autogestion généralisée et  la transformation permanente du Liban  par les communautés locales ou régionales feront de la politique  une activité de base, et non plus un dogme de milice ou une vérité  d’État. Les Libanais iront retrouver dans leur région, et grâce à la démocratie directe ou fédérale, le terrain politique  de la dernière « intifida » : celle qui ira contre les limitations qu’imposent la démocratie formelle et le jacobinisme de l’État chehabiste centralisateur et fort. Et, brisées les murailles du Parlement et du Sérail qui séparent les hommes de la politique, la conquête du pouvoir  ne sera plus la « promotion » de voyous, mais l’épanouissement des réalisations humaines, atteint par une race d’hommes libres. Nous irons voter et élire nos représentants locaux, non comme des employés de « saigneurs », mais comme des maîtres qui passent en revue leurs domaines : le Liban entier recomposé par les conseils autonomes de cazas et de mohafazats. Article paru le jeudi 17 juillet 2008
« Seul Dieu peut prendre le pouvoir qu’il m’a donné »

Robert Mugabe, président du Zimbabwe

L’État-spectacle au service des milices divines, des oligarchies, des clans, des castes, des gendres et des
« sauveurs » hilares « iconisés » n’est rien d’autre que du cannibalisme capitalisé, fétichisme des idoles  et des « maîtres » sanglants hypostasiés....