Izzat al-Douri prédit une année décisive dans la lutte contre l’occupation US Nouvelle vague de violence sur les terres d’el-Qaëda en Irak

La police et l’armée irakiennes dans la ligne de mire des terroristes. Au moins 37 morts dans une série d’attentats. Au moins 37 personnes ont péri hier dans des attentats-suicide perpétrés dans deux bastions d’el-Qaëda. Peu après 08h00 heure locale, deux kamikazes ont déclenché leur ceinture d’explosifs à proximité de l’entrée principale du camp militaire Saad, où une foule de volontaires irakiens attendaient pour s’enrôler. La base est située à 10 km à l’est de Baqouba, capitale de la province de Diyala (nord-est de Bagdad), et qui accueille également des troupes américaines. La double explosion a tué 28 recrues et blessé au moins 55 personnes, selon un dernier bilan de sources policières et militaires, confirmé à l’AFP par des sources hospitalières. À l’hôpital de Baqouba, où les familles ont rapidement afflué, des dizaines de blessés étaient soignés à même le sol, dans l’entrée de l’établissement. La province de Diyala est un bastion de la branche irakienne d’el-Qaëda et est considérée comme l’une des plus dangereuses d’Irak. L’armée irakienne doit bientôt y lancer une nouvelle offensive. Plus au nord, à Mossoul, le dernier « bastion urbain » d’el-Qaëda, selon l’armée américaine, au moins neuf personnes ont été tuées dans deux attentats-suicide visant la police et l’armée irakiennes, ont indiqué à l’AFP un responsable de la police locale et un médecin. Dans l’ouest de la ville, une voiture piégée a également explosé près d’une patrouille de l’armée irakienne, blessant six personnes, dont deux soldats. Ces attentats interviennent alors que des unités irakiennes, soutenues par l’armée américaine, mènent depuis le 14 mai une vaste offensive contre la branche irakienne d’el-Qaëda à Mossoul. Par ailleurs, à Bagdad, le ministre irakien de l’Électricité Karim Wahid a échappé à un attentat à la bombe, qui a blessé trois de ses gardes du corps, selon les services de sécurité. Parallèlement, l’ancien bras droit de Saddam Hussein, Izzat Ibrahim al-Douri, recherché par les États-Unis, a appelé les Irakiens, dans un enregistrement diffusé hier par la chaîne de télévision al-Arabiya, à « frapper l’ennemi partout (...) pour que cette année soit (...) décisive pour la victoire » sur les forces américaines. S’adressant au président américain, il lui conseille de « cesser une expérience qui dure depuis plus de cinq ans » et d’« annoncer franchement le nombre de vos morts et l’ampleur de vos pertes » en Irak depuis son invasion en 2003. Dans ce nouvel enregistrement qui lui est attribué par al-Arabiya, Izzat al-Douri critique également l’action d’el-Qaëda en Irak et celle de l’Armée du mahdi, le mouvement du leader radical chiite Moqtada Sadr. Dans les courts extraits diffusés par al-Arabiya, Izzat al-Douri ne donne toutefois pas d’indication sur le groupe qu’il dirigerait en Irak où la rébellion est minée par des divisions internes. Izzat Ibrahim al-Douri, donné pour mort à plusieurs reprises et qui figure en tête des personnes toujours recherchées par les Américains, est le plus haut responsable encore en fuite de l’ancien régime baassiste de Saddam Hussein. Obama utilise l’Irak pour attaquer Bush et McCain Le candidat démocrate à la présidentielle américaine Barack Obama avait son adversaire républicain John McCain et le président sortant George W. Bush en ligne de mire hier lorsqu’il a une nouvelle fois critiqué, hier à Washington, la guerre en Irak. « Comme le président Bush et le sénateur John McCain auraient dû s’en rendre compte, le front central de la guerre contre le terrorisme n’est pas l’Irak, et ça ne l’a jamais été », a déclaré M. Obama lors d’un discours. « La base el-Qaëda est en train de s’étendre au Pakistan, probablement pas plus loin de son ancien sanctuaire afghan qu’un trajet de train entre Washington et Philadelphie », a ajouté M. Obama, soulignant que « s’il y a un nouvel attentat contre notre patrie, cela viendra probablement de la même région où le 11-Septembre avait été préparé. Et pourtant aujourd’hui nous avons cinq fois plus de militaires en Irak qu’en Afghanistan ». « Cette guerre (en Irak) pèse sur notre sécurité, notre statut dans le monde, notre armée, notre économie et les ressources qu’il nous faut pour faire face aux défis du XXIe siècle », a ajouté le sénateur de l’Illinois, qui s’était opposé à la guerre en Irak dès 2002, avant même qu’elle ne soit lancée. Déjà dans une tribune libre publiée lundi dans le New York Times, M. Obama s’était engagé à déployer deux brigades de combat (jusqu’à 10 000 hommes) en Afghanistan pour faire face à un regain de violence, tandis qu’il retirerait la plupart des militaires servant en Irak en 16 mois. Son discours intervient quelques jours avant son départ pour une tournée la semaine prochaine au Proche-Orient et en Europe. Des visites en Irak et en Afghanistan sont également prévues à des dates non précisées. John McCain a, de son côté, proposé hier d’augmenter le nombre de soldats américains en Afghanistan sur le modèle de ce qui a été réalisé en Irak, assurant que l’envoi de renforts dans ce pays avait prouvé son efficacité. « Le sénateur Obama nous dit que nous ne pouvons pas gagner en Afghanistan sans perdre en Irak. En fait, c’est exactement l’inverse », a estimé M. McCain. « Avec la bonne stratégie et le nombre approprié de soldats, nous pouvons gagner à la fois en Irak et en Afghanistan », a-t-il assuré. Le président George W. Bush a, pour sa part, rejeté hier les calendriers « artificiels » de retrait des troupes d’Irak et a répété que tout retrait devait dépendre des conditions sur le terrain. « Nous avons rencontré des succès en Irak », a-t-il ajouté. Trois islamistes irakiens condamnés à des peines de prison en Allemagne Trois islamistes d’Ansar el-Islam, un mouvement kurde irakien lié à el-Qaëda, ont été condamnés hier en Allemagne à des peines allant de sept ans et demi à 10 ans de prison. Ils sont été reconnus coupables d’avoir projeté, le 3 décembre 2004, un attentat à Berlin contre le chef du gouvernement provisoire irakien de l’époque, Iyad Allaoui, alors en visite en Allemagne. La défense a annoncé qu’elle allait interjeter appel. Londres va envoyer 120 soldats supplémentaires La Grande-Bretagne va envoyer 120 soldats supplémentaires en Irak afin d’aider à l’entraînement de l’armée irakienne, a indiqué hier un porte-parole du ministère de la Défense britannique. Le porte-parole n’était pas en mesure mardi de préciser un calendrier pour le déploiement de ces soldats en Irak où se trouvent déjà quelque 4 000 militaires. Il a en outre qualifié de « pure spéculation » une information du tabloïd The Sun hier selon laquelle les retraits de troupes d’Irak seraient hautement improbables pour au moins une année.