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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉCHOS Le mythe du Berlin de l’art bohème a fait son temps

Chaque mythe a son temps. Celui du Berlin de l’art bohème est révolu. Les galeries prolifèrent et les collectionneurs accourent dans la capitale allemande : le marché de l’art contemporain s’est professionnalisé. « Depuis deux ans, c’est la ruée vers l’or », résume Anne Maier, porte-parole de l’Art Forum, la foire d’art contemporain de Berlin, confrontée en 2003 à d’immenses difficultés. À l’époque, une bonne partie des galeristes berlinois privilégiaient le marché britannique. « Maintenant, Berlin est considérée comme la ville la plus productive en matière d’art contemporain », souligne Mme Maier. Location bon marché d’ateliers spacieux et possibilité de fabrication peu chère dans cette ville en perpétuel mouvement continuent d’attirer les jeunes créateurs. Et, par ricochet, les galeries comme les collectionneurs. Une multitude de galeries commerciales – leur fédération berlinoise en dénombre 420 – y ont récemment ouvert leur dépendance ou leur siège, comme Haunch of Venison (Londres), Praz-Delavallade (Paris) ou Bodhiart (Bombay). « Chaque galerie importante a un artiste qui vit et travaille à Berlin », souligne Mme Maier. « Le marché s’est professionnalisé », constate Simone Wiechers, de la galerie Deschler, ouverte depuis 1995 dans l’Auguststrasse, l’une des cinq grandes rues de galeries que compte la capitale avec Brunnenstrasse, Mommsenstrasse, Zimmerstrasse et Heidestrasse. Une évolution vécue aussi par les artistes Installée depuis 19 ans à Berlin, l’Espagnole Chuz Lopez Vidal, déplore que « le marché a commencé à dicter la voie aux artistes » et que Berlin « a tendance maintenant à subventionner en première ligne les artiste établis ». Qu’importe, rétorque Nina Bachman, « il y a encore un grand potentiel, c’est encore très libéral ». Et « on peut survivre ici avec pas grand-chose », dit cette Finlandaise venue tenter sa chance il y a trois ans à Berlin. Pour éviter les commissions à verser aux galeries berlinoises, certains, comme le peintre Andreas-Magnus-Janssen, originaire de Wilhelmshaven (Nord-Ouest), choisissent d’exposer dans des cabinets d’avocats et médicaux, ainsi que chez les conseillers fiscaux. Une niche qui lui permet depuis sept ans de vendre une quarantaine de tableaux par an à une clientèle exclusivement berlinoise. Berlin, qui tirait à l’origine sa force dans la scène underground et son vivier de jeunes artistes, la trouve désormais aussi auprès de ses collectionneurs. Des amateurs d’art affluent du monde entier pour voir les expositions dans des lieux comme le bunker artistique du collectionneur d’art Christian Boros. Pour faciliter la chasse des collectionneurs, plusieurs galeries se sont regroupées en mai dans la halle am Wasser et la Galeriehaus de la Lindenstrasse. Depuis un an, une trentaine de galeries organisent aussi des « Gallery Week-Ends » aux ouvertures prolongées pour une clientèle internationale de passage. Elles proposent même un service de chauffeurs pour conduire les amateurs d’une galerie à l’autre. Les prix restent modérés Comparés aux autres grandes métropoles artistiques, les prix des œuvres restent modérés. À l’Art Forum, la moyenne se situe autour de 5 000 euros et la barre des 100 000 euros est rarement atteinte. Ville des collectionneurs, la capitale allemande puise aussi sa force actuelle dans l’engagement des investisseurs privés. Ce sont eux qui financent la construction de la Kunsthalle White Cube, une salle d’exposition d’art contemporain réalisée par l’Autrichien Adolf Krischanitz. Et bientôt aussi le projet d’un musée d’art du XXIe siècle qui se veut digne du Guggenheim de Bilbao. Anne PADIEU (AFP)
Chaque mythe a son temps. Celui du Berlin de l’art bohème est révolu. Les galeries prolifèrent et les collectionneurs accourent dans la capitale allemande : le marché de l’art contemporain s’est professionnalisé.
« Depuis deux ans, c’est la ruée vers l’or », résume Anne Maier, porte-parole de l’Art Forum, la foire d’art contemporain de Berlin, confrontée en...