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Actualités - CHRONOLOGIE

L’ambassadeur Checchia souligne les liens d’amitié entre Rome et Beyrouth L’aide italienne au Liban couvre pratiquement tous les secteurs Propos recueillis par Nada MERHI

Comptant l’un des plus importants contingents au sein de la Finul renforcée, l’Italie est l’État le plus engagé dans les projets de développement dans le pays du Cèdre. C’est grâce à des programmes de formation, à la mise en place d’une infrastructure adéquate et d’un système de codification des appels assurés par l’Italie que la Croix-Rouge libanaise a réussi à mettre en application le 140. C’est également grâce à l’engagement de ce pays et à son expertise que le niveau d’éducation en sciences infirmières a été haussé et qu’une loi a été promulguée permettant la création de l’ordre des infirmiers et infirmières du Liban. C’est aussi l’Italie qui a été le premier pays à accourir au secours du Liban au lendemain de la guerre de juillet 2006 à travers son programme d’urgence Ross, à travers plus de vingt de ses ONG déployées sur l’ensemble du territoire… Les projets de développement gérés depuis 1997 par Rome au Liban se comptent à la pelle et tous émanent de cette « amitié ancienne » que voue l’Italie au Liban et de sa confiance en ce « pays, message de paix et de coexistence entre les différentes cultures et confessions ». L’implication de l’Italie au Liban « tient d’abord à notre amitié ancienne à l’égard de ce pays et à notre conscience de ce que le Liban représente pour la Méditerranée, pour l’Europe et pour le Proche-Orient, affirme l’ambassadeur Gabriele Checchia. Nous croyons au Liban, message de paix et de coexistence entre les différentes cultures et confessions. Ce qui se traduit notamment par un soutien actif à la population libanaise surtout aux couches les plus défavorisées. Le Liban est passé par des moments très difficiles et on constate que certaines régions sont moins développées que d’autres. Il s’agit donc de donner une égalité de chances. Notre rôle consiste ainsi à se tenir à côté de la population libanaise, toutes communautés confondues, et à être à l’écoute de ses besoins sur la base d’un partenariat actif ». En effet, l’Italie ne perçoit pas sa coopération avec le Liban d’un point de vue « classique » ou comme une « assistance », mais en tant que « vrai partenariat ». « La coopération entre l’administration italienne, l’ambassade, le département de la coopération et les interlocuteurs libanais est excellente », souligne M. Checchia, précisant qu’avec Paris III et la conférence de Stockholm, « la dimension de la coopération bilatérale classique a augmenté, notamment en ce qui concerne les fonds consacrés au Liban ». Présente sur le terrain, œuvrant en étroite collaboration avec le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), les ministères compétents, la société civile libanaise et les municipalités, l’Italie couvre une grand éventail de secteurs, de la santé à l’environnement en passant par la culture, la gestion de l’eau et des déchets, l’agriculture, le social et le développement local. Sans oublier la récupération du patrimoine archéologique notamment à Beyrouth et dans la Békaa, les activités en relation avec le genre, « donc le soutien à l’égalité des droits entre les hommes et les femmes », les réfugiés, le dossier des déplacés de la Montagne, le soutien aux enfants qui souffrent d’un retard d’apprentissage. « L’Italie se pose comme chef de file au niveau communautaire en ce qui concerne l’assistance au développement local, souligne M. Checchia. Nous sommes présents à tous les niveaux et c’est là l’essence de notre activité dans le domaine de la coopération. » Vingt-cinq millions d’euros pour 2008 Les projets sont retenus sur la base d’un dialogue « serré et quotidien avec nos partenaires libanais », note M. Checchia. « On essaie d’adapter les projets à la situation et à la sensibilité des bénéficiaires, poursuit-il. Le projet destiné aux enfants en état d’apprentissage, à titre d’exemple, est réalisé en étroite collaboration entre les instances techniques ministérielles libanaises et l’Université Saint-Joseph. » Les budgets varient d’un projet à un autre et « sont décidés au niveau du ministère italien des Affaires étrangères, lorsqu’il s’agit d’un financement bilatéral », c’est-à-dire d’un don alloué par le gouvernement italien au gouvernement libanais, soit au CDR et aux ministères compétents. Dans le cadre du financement multilatéral, les dons sont alloués par le gouvernement italien aux organisations internationales (agences des Nations unies, Banque mondiale…). Lorsque le financement est multilatéral, le gouvernement libanais participe en partie aux dons qui sont versés aux organisations internationales, c’est-à-dire aux agences exécutrices. Les crédits d’aide (prêts bonifiés) enfin font l’objet d’un accord intergouvernemental qui devra par la suite être ratifié par le Parlement libanais. Les montants pour les projets susceptibles d’être financés par ce genre de crédits aux taux de concessionnalité extrêmement favorables (85 % d’élément don) sont négociés avec le CDR dans le cadre d’une programmation nationale et le déboursement fera l’objet d’une convention financière pour chacun de projets sélectionnés. « Pour l’année 2008, nous avons débloqué dans le cadre d’un financement bilatéral 25 millions d’euros en dons pour de nouveaux projets qui sont en phase d’identification, explique M. Checchia. Dix millions d’euros sont consacrés à l’assistance d’émergence, 10 autres millions à des projets relatifs à l’eau, aux affaires sociales, à la capacitation de la femme et à l’environnement. Les 5 derniers millions couvrent l’agriculture, les activités économiques et le développement local. Au niveau social, nous lancerons prochainement un projet susceptible d’améliorer les conditions de vie des déplacés de la Montagne. Il s’agit d’un ancien dossier aux importantes implications humanitaires et politiques, et qui nous a été soumis par le ministère libanais compétent, il y a quelques mois. » « Nous sommes sensibles à tous les aspects de la problématique sociale libanaise, insiste encore M. Checchia. Nous trouvons que c’est ce que nous devons faire pour un pays ami qui nous est cher. En effet, le Liban revêt pour nous une valeur symbolique très importante, notamment en raison de la présence chrétienne ancienne. De plus, c’est un pays ouvert, c’est une démocratie avec toutes ses spécificités et c’est un pays-message d’un Proche-Orient possible que nous souhaitons voir s’installer un peu partout et qui rime avec coexistence, multiconfessionnalisme, institutions démocratiques et constitutions parlementaires. Nous sommes impliqués avec conviction et en tenant compte de toutes les spécificités du Liban et de ce qu’il représente même d’un point de vue symbolique pour nous et pour l’Europe. » Transparence dans les dépenses Au nombre des projets en voie d’exécution figurent notamment la réhabilitation de l’hôpital de Baabda soumis récemment à l’ambassade d’Italie, la deuxième phase du programme Ross, le traitement des eaux à Denniyeh, à Jbeil et à Tripoli, et la réhabilitation du camp de Nahr el-Bared et des villages avoisinants. Ce dernier projet est exécuté en coopération avec le PNUD. « Nous avons été les premiers à attribuer des contributions pour les municipalités voisines du camp de Nahr el-Bared, parce qu’on souhaite que la réhabilitation du camp soit un projet intégré qui tient compte du problème des réfugiés palestiniens, mais aussi de ceux qui ont souffert de façon plus ou moins directe de ces affrontements, indique M. Checchia. Nous ne voulons pas qu’il y ait une politique de deux poids, deux mesures. Nous avons dans ce cadre une excellente coopération avec l’Unrwa, nos partenaires de la communauté internationale et avec le comité de dialogue libano-palestinien. » Et de poursuivre en précisant que des projets de coopération sont également exécutés en synergie avec le contingent italien qui œuvre activement en faveur de la population du Liban-Sud (la réhabilitation de l’hôpital de Tebnine, à titre d’exemple) dans le cadre du programme CIMIC (coopération civile et militaire). Qui gère les budgets ? « Nous avons mis en place avec le CDR des procédures visant à garantir la transparence dans les dépenses, répond M. Checchia. De plus, dans le cadre du mécanisme de suivi établi par Rome, des équipes d’inspecteurs viennent régulièrement au Liban. Le protocole de coopération fixe de son côté des procédures qui sont contraignantes tant pour la partie italienne que libanaise, d’autant que nous avons voulu donner un cadre juridique et financier clair et surtout transparent à cette coopération. » Couvrir l’ensemble du territoire Jusqu’où va la coopération italo-libanaise ? « Les projets de coopération avec le Liban ont débuté en 1997 et aucune échéance n’est fixée, rassure M. Checchia. Les protocoles sont renouvelables. Nous pensons débloquer chaque année une somme adéquate pour des projets au Liban en fonction bien sûr de l’évolution sur le terrain. Nous sommes toujours prêts à financer des projets de coopération, compte tenu de nos contraintes budgétaires évidemment. Mais dans la mesure où notre budget le permet, nous allons consacrer une partie de nos fonds aux activités de coopération dans le monde et dans ce cadre, le Liban occupe une place tout à fait particulière. » Expliquant en outre qu’une importante partie de projets est consacrée au Liban-Sud, en raison de l’urgence, M. Checchia remarque que tout en continuant « à accorder une attention particulière au sud, les projets seront étalés dans la prochaine étape d’une façon plus équilibrée sur l’ensemble du territoire ». « Notre philosophie consiste à soutenir le Liban dans son ensemble, signale l’ambassadeur. C’est dans cette optique que nous consacrerons au cours des prochaines années des sommes plus importantes pour des projets de développement au Akkar, parce que nous sommes conscients qu’il s’agit d’une région pauvre où peuvent se produire des phénomènes sociaux politiques que nous ne devons pas favoriser. Il faudrait donc, pour contrer cela, opérer à hausser le niveau de vie de la population de cette région. » Sur le plan économique, M. Checchia rappelle que l’Italie demeure le « principal fournisseur du Liban et souvent le premier partenaire ». « Mais cela dépend aussi de l’exportation des produits pétroliers qui dépassent le marché italien ou libanais, remarque-t-il. Notre coopération n’est toutefois pas liée au volet économique et commercial. La coopération a un but humanitaire et de stabilisation socio-économique. » Et M. Checchia de conclure : « Nous sommes à l’écoute des couches les moins favorisées de la population libanaise et nous sommes prêts à écouter le message qu’elles souhaiteraient nous faire parvenir. Nous sommes attachés à un Liban qui se développe dans une dimension d’égalité de chances. La stabilité socio-économique du Liban et même des régions les plus éloignées du pays est aussi un gage de stabilité politique pour nous et pour cette partie du monde. Donc autant de facteurs qui nous poussent à aller de l’avant sachant que vos souhaits sont les nôtres. »
Comptant l’un des plus importants contingents au sein de la Finul renforcée, l’Italie est l’État le plus engagé dans les projets de développement dans le pays du Cèdre. C’est grâce à des programmes de formation, à la mise en place d’une infrastructure adéquate et d’un système de codification des appels assurés par l’Italie que la Croix-Rouge libanaise a réussi...