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Football - Les Bleus affrontent ce soir une sélection mondiale constellée de vedettes Les champions du monde 98 fêtent leurs 10 ans au Stade de France

Dix ans jour pour jour après le sacre mondial obtenu face au Brésil en 1998, l’équipe de France de football de l’époque emmenée par Zinedine Zidane va célébrer cet anniversaire en affrontant ce soir (22h, heure de Beyrouth) au Stade de France une sélection mondiale constellée de vedettes. « Pour ces retrouvailles, le Stade de France, ça allait de soi... même si autant que vous le sachiez, nous n’avons pas tous conservé tout à fait nos silhouettes affinées de 98 ! » prévient Didier Deschamps, le capitaine de l’équipe de France championne du monde. Le 12 juillet 1998, les Bleus avaient battu le Brésil 3-0 en finale, grâce à un doublé de la tête de Zizou et un dernier but d’Emmanuel Petit. Petit et David Trezeguet légèrement blessé devraient être les seuls Bleus manquant à l’appel. Aimé Jacquet, le sélectionneur des champions du monde, conduira sa troupe face à une sélection mondiale dirigée par Arsène Wenger. Samuel Eto’o, Luis Figo, Mickael Laudrup, Sonny Anderson ou encore Pedro Miguel Pauleta seront quelques-unes des étoiles de cette constellation mondiale. Ce match France 98 – Sélection mondiale est organisé par le Club des internationaux de football et le Club France 98, créé au lendemain de la Coupe du monde, qui regroupe les joueurs et les membres du staff des Bleus sur la période 1996-2000. Les matches à caractère humanitaire ou caritatif organisés par le Club France 98 lui a déjà permis de récolter plus de quatre millions d’euros pour différentes associations ou fondations, a-t-il indiqué par communiqué. Les bénéfices tirés de ce match des 10 ans, estimés à environ un million d’euros, serviront à financer des actions pour les jeunes issus des quartiers défavorisés. « On fera ce qu’on pourra – le maximum, c’est une habitude chez nous ! –, mais ce qui ne fait aucun doute c’est que la fête et le spectacle seront au rendez-vous sur le terrain comme dans les tribunes, affirme Didier Deschamps. Je rappelle les consignes de 98 : pas de costards-cravates, mais cool, dans la bonne humeur, des chants, des olas, lâchez-vous ! » Un spectacle pyrotechnique clôturera ce match des 10 ans des champions du monde, qui survient quelques jours après la piteuse élimination des Bleus 2008 au premier tour de l’Euro en Suisse et en Autriche. Que reste-t-il de la génération Black-Blanc-Beur ? Le 12 juillet 1998, toute la France, ivre de joie, fête sa première victoire en Coupe du monde derrière son équipe Black-Blanc-Beur, censée symboliser l’intégration, avant que l’envahissement du terrain de France-Algérie par les enfants de l’immigration ne lézarde le mythe. Dix ans après France-Brésil, alors que le pays s’apprête à communier au match France-98-Sélection mondiale, au Stade de France, que reste-t-il de ce moment de fraternité, de cette France métissée idéale, des Champs-Élysées envahis par une foule bigarrée ? « Ça n’a duré qu’un été », estime Ludovic Lestrelin, maître de conférence en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), qui enseigne notamment la sociologie à l’Université de Caen (Normandie). Un été où « un bel élan unanime a salué la victoire d’un État nation, d’un modèle d’intégration, pas seulement d’une équipe. Ce sentiment venait d’ailleurs de toutes parts, du mouvement sportif, des politiques », rappelle-t-il. « Cette équipe était perçue comme le reflet de la diversité, mais c’était un discours totalement reconstruit, artificiel, reprend le professeur Lestrelin. Les grands sports, surtout le football, peuvent générer des mouvements collectifs très forts, mais temporaires. » Le succès joue un grand rôle dans ce sentiment, également. « La France s’est reconnue dans son équipe (en 1998) parce qu’elle est allée au bout. L’équipe de 2008 présente les mêmes caractéristiques, avec des joueurs issus de l’immigration maghrébine (Benzema), africaine (Gomis) ou des Dom-Tom (Thuram, Abidal), mais elle a échoué (éliminée dès le premier tour de l’Euro 2008) et n’a pas généré le même élan », poursuit le sociologue. « C’est amusant : ce type de discours n’apparaît pas dans les moments de moindre succès sportif », note-t-il. Le 6 octobre 2001, comme un contrepoint à la fusion du 12 juillet, le rêve de fraternité s’effondre quand les jeunes Français issus de l’immigration maghrébine envahissent le Stade de France, empêchant le match amical France-Algérie de se poursuivre (4-1 à un quart d’heure de la fin). Du réveil Black-Blanc-Beur de 1998, « il reste un fond de réalité, tout de même, admet Ludovic Lestrelin. Le foot peut aussi participer de ce sentiment de faire partie de la communauté nationale. On retrouve le même type d’exemple à Marseille (sa thèse de doctorat étudiait la sociologie des supporteurs de l’OM), où le club est vécu comme un rite d’intégration. » « Un match de foot ne se résume pas qu’au match, note également Jean-Michel Faure, sociologue du sport, ce sont des collectivités qui s’affrontent. Je n’aime pas les expressions de type : “Football opium du peuple”, des sentiments profonds d’appartenance s’expriment. Les jeunes “beurs”, en 1998, disaient : “Nous aussi, nous sommes des Français”. » « Le peuple s’est reconnu dans ce groupe métissé », note le sociologue Yvan Gastaut, auteur de Le métissage par le foot. L’intégration, mais jusqu’où ? (Autrement). « Les symboles de la République, en partie confisqués par l’extrême droite depuis le milieu des années 1980, ont été momentanément récupérés, à cette occasion, au service d’une citoyenneté plus ouverte (...) pour partager “tous ensemble” le plaisir de la victoire sportive. » « Notre socle à tous, en 1998, joueurs et supporteurs, c’était bien la culture française, écrit Lilian Thuram dans sa préface au livre d’Yvan Gastaut. Celle d’une France ouverte, riche de ses multiples origines (...). Notre victoire a pu symboliser cette réalité pas toujours perceptible (...). Qu’on le veuille ou non, il y a un avant et un après “France 98”. »
Dix ans jour pour jour après le sacre mondial obtenu face au Brésil en 1998, l’équipe de France de football de l’époque emmenée par Zinedine Zidane va célébrer cet anniversaire en affrontant ce soir (22h, heure de Beyrouth) au Stade de France une sélection mondiale constellée de vedettes.
« Pour ces retrouvailles, le Stade de France, ça allait de soi... même si autant...