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Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE Hommage à Béjart à Baalbeck Les étudiants de l’ALBA investissent les marches du temple de Bacchus

Le site de Baalbeck est telle une arme à double tranchant : d’un côté, il magnifie les spectacles qui y sont présentés mais, de l’autre, son cadre prestigieux exige une chorégraphie à sa hauteur. Maurice Béjart l’avait compris dès sa première rencontre avec la Cité du soleil qui a, semble-t-il, marqué le célèbre chorégraphe. Dans Baalbeck, les très riches heures du festival, Etel Adnan écrit que «?pour Maurice Béjart, on peut dire qu’il y eut là, avec Baalbeck, une rencontre fatidique. Ce fut entre les deux une reconnaissance mystique et une découverte qui changea la vie artistique de Béjart. La visite de Baalbeck était la première tournée de Béjart hors de l’Europe. C’est en ce lieu que l’Orient bouleversa ses idées et sa vie. Il présentait Le sacre du printemps et rien ne pouvait être plus à-propos. C’était, selon ses propres paroles, un ballet dépouillé de tous les artifices du pittoresque, un hymne à cette union de l’homme et de la femme, du Ciel et de la Terre, une danse de vie et de mort. » Pour son deuxième passage à Baalbeck en 1966, Béjart présente le deuxième mouvement de la IXe Symphonie de Beethoven et reçoit l’hommage le plus soutenu d’applaudissements de l’histoire du festival. Dans cette création, Béjart réussit, écrit la critique, «?l’impossible union de la danse folklorique et de la danse classique pour aboutir à un ballet qui est à la fois sacré et profane, archaïque et moderne, la clef même de toute son œuvre?». L’été 1972, pour sa troisième visite à Baalbeck, il monte L’ange Heurtebise de Cocteau, un spectacle-danse pour lequel Jean Marais lut sur scène le poème de Cocteau, tandis que l’ange habillé de lumière était interprété par l’incomparable danseur Jorge Donn sur la musique lancinante de Manos Hadjidakis. En 1975, Béjart avait projeté la création d’un ballet sur une chanson d’Oum Kalsoum, expressément pour le Festival de Baalbeck, mais la guerre en a décidé autrement. Et pourtant, relève Georges Haddad, doyen de l’ALBA, il n’a pas été fait mention une seule fois, dans les articles et les reportages (de la presse étrangère) consacrés au célèbre chorégraphe, lors de son décès l’an dernier, de Baalbeck, ce lieu parmi les plus prestigieux d’entre tous, où il s’est produit et où il avait rencontré l’Orient. C’est donc pour combler en quelque sorte cette lacune, que les étudiants de 2e année de l’école des arts décoratifs de l’ALBA-Université de Balamand ont choisi, comme thème de leur spectacle de fin d’année, de rendre un Hommage à Béjart sur les marches du temple de Bacchus. Un défi ambitieux pour la soixantaine d’étudiants des sections architecture d’intérieur et études publicitaires. Lesquels, le temps d’une soirée, ont offert à leurs parents et amis une sorte d’avant-goût du festival international qui redémarre, cette saison, après deux ans d’interruption. Un divertissement visuel et sonore de 75 minutes évoquant, à partir d’un théâtre d’ombres et de marionnettes géantes à fil évoluant sur les rythmes d’une vingtaine d’extraits musicaux – choisis parmi les musiques sur lesquelles Béjart avait construit des chorégraphies – des mouvements de danse. Formes, lumières, rythmes et couleurs Des tableaux conjuguant formes mouvantes, lumières, rythmes et couleurs. Des formes qui sont justement l’œuvre créative des élèves, qui les ont conçues et fabriquées sous la supervision de leurs professeurs, et qui ont procédé à leur difficile manipulation au cours du spectacle à Baalbeck. Introduit par le magnifique murmure de l’adagio de la Symphonie n°5 de Mahler, le spectacle, qui a décliné des scènes sur un répertoire aussi varié que les airs d’Offenbach, la Symphonie n° 9 de Beethoven, Le mandarin merveilleux de Bartok, L’aigle noir de Barbara, la sympathique Valse à mille temps de Brel, un « medley » du groupe Queen, la grandiose Fanfare du Martyr de St Sébastien de Debussy et bien sûr le Sacre du printemps de Stravinsky et le Boléro de Ravel, pour ne citer que les plus marquants, a ainsi distillé dans l’air de Baalbeck comme un souffle de l’atmosphère béjarienne. En souvenir de ses passages marquants… En considérant, bien sûr, qu’on reste là dans le registre d’un spectacle d’étudiants, faisant partie avec les – belles – affiches (exposées sur une ligne de panneaux à l’entrée du site), les programmes et les cartons d’invitation de l’ensemble du projet de fin d’année. Un travail présenté devant un jury composé, entre autres, de la présidente du Festival de Baalbeck, May Arida, qui a chaleureusement félicité les étudiants pour leur prestation. Zéna ZALZAL
Le site de Baalbeck est telle une arme à double tranchant : d’un côté, il magnifie les spectacles qui y sont présentés mais, de l’autre, son cadre prestigieux exige une chorégraphie à sa hauteur. Maurice Béjart l’avait compris dès sa première rencontre avec la Cité du soleil qui a, semble-t-il, marqué le célèbre chorégraphe.
Dans Baalbeck, les très riches heures...