Rechercher
Rechercher

Actualités

EXPOSITION Hans Hartung à la Fondation Maeght : la quadrature du cercle

Le peintre abstrait Hans Hartung (1904-1989), exposé cet été à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, unissait deux exigences contradictoires : une spontanéité absolue et une maîtrise tout aussi absolue du processus créateur. « Hans Hartung, qui a l’air et qui est dans la spontanéité absolue, était en même temps dans la construction, dans la maîtrise, dans la méthode » de façon très minutieuse et réfléchie, explique Michel Enrici, directeur de la Fondation Maeght et commissaire de l’exposition Hartung, qui se tient du 3 juillet au 16 novembre. Intitulée « le geste et la méthode », l’exposition s’inscrit en faux contre les étiquettes d’« abstraction lyrique » ou d’ « expressionnisme abstrait » que l’on accroche souvent à l’œuvre d’Hartung, en méconnaissance du contrôle méticuleux que le peintre exerçait sur ses œuvres, même celles d’apparence débridée. Trois cent cinquante œuvres sont exposées : tableaux, dessins, gravures, céramiques. Ce sont « les Hartung de Hartung ». Toutes les œuvres exposées, sauf quatre qui appartiennent à la Fondation et à la famille Maeght, proviennent de la collection personnelle du peintre, gérée depuis dix ans par la Fondation Hartung à Antibes. Un autoportrait de 1922, mutin, fier, non dénué d’autodérision, accueille le visiteur. Un parcours à peu près chronologique se déroule ensuite jusqu’aux grandes œuvres gestuelles, proprement « californiennes », de la fin. L’exposition veut mettre en lumière le cheminement du processus créateur de Hartung depuis « les matrices » que constituent les carnets, où formes et couleurs sont soigneusement et méthodiquement annotées, jusqu’au tableau final en passant par les dessins intermédiaires. Hans Hartung est né à Leipzig en 1904. Antinazi convaincu, il quitte l’Allemagne dans les années 30, s’installe à Paris, s’engage dans la Légion étrangère, est blessé, amputé de la jambe droite. Il est naturalisé français après la guerre. Le courage qu’il manifeste dans sa vie se retrouve dans son œuvre. Épuisé, solitaire, frappé par une attaque cérébrale, Hartung, dans les trois dernières années de sa vie, continue à peindre, dans les pires difficultés physiques, sur un fauteuil roulant, en s’aidant d’une sulfateuse. Un film présenté à la Fondation le montre soulevant péniblement sa buse pour envoyer une giclée sur la toile, laissant retomber la buse, épuisé, puis recommençant encore et encore jusqu’à l’achèvement de l’œuvre. « Travailler sur Hartung, c’est se dire soudain : « Cet homme est un héros », observe Michel Enrici. Hans Hartung ne négligeait aucun aspect du processus créateur. Il étudiait soigneusement la qualité de ses couleurs, leur conservation, le temps de séchage, si bien que des toiles vieilles de vingt ans ou plus gardent l’éclat qu’elles avaient au sortir de l’atelier. Le peintre portait un grand soin aux outils. Dans une vitrine, quelques-uns sont exposés : machine à crépir, pistolets à peinture, aérosols, aérographes, raclettes, peignes, râteaux, rouleaux divers et variés, brosses, pioches et même quelques pinceaux.. Dans la dernière salle, la Femme Cuillère de Giacometti observe avec un sourire approbateur 32 œuvres sur carton baryté, dit aussi « carte à gratter », un support que Hartung avait découvert en dessinant les plans de sa maison à Antibes. Dans le parc de la Fondation, des sculptures de Miro, le chant des oiseaux, le cri des cigales. Entre Giacometti et Miro, autres « héros » de la création, Hartung est en compagnie de ses pairs. Hervé CLERC (AFP)
Le peintre abstrait Hans Hartung (1904-1989), exposé cet été à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, unissait deux exigences contradictoires : une spontanéité absolue et une maîtrise tout aussi absolue du processus créateur.
« Hans Hartung, qui a l’air et qui est dans la spontanéité absolue, était en même temps dans la construction, dans la maîtrise, dans la...