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Actualités - OPINION

Le Liban, politiquement désarticulé, risque de faire les frais d’un large bazar extérieur

Une frappe américaine ou israélienne contre les sites nucléaires iraniens et syriens ? C’est tout à fait exclu, estime un pilier analyste du 14 Mars. Exclu parce que, de toute évidence, et Téhéran le souligne sans cesse, la riposte serait immédiate, entraînant sans doute une guerre généralisée. Avec, entre autres avanies, destruction des ressources pétrolières du Golfe arabe, si profitables aux Américains, si chères au monde occidental. On en est donc, comme du temps bipolaire Khrouchtchev-Kennedy, à l’équilibre de la terreur dissuasive. Et, tout à fait comme de ce temps-là, les tensions refoulées suscitent un souci réciproque de cadrage, pour les garder sous contrôle et empêcher l’éruption. En d’autres termes, il est question, sourdement mais aussi lourdement, de négocier un arrangement entre les multiples axes en conflit dans la région. D’abord, et au plus près de nous, entre Israël et la Syrie. Ou entre Israéliens et Palestiniens, tout comme entre le Fateh et Hamas. Ensuite, entre les Américains d’un côté, les Syriens et les Iraniens de l’autre. Et, parallèlement ou accessoirement, entre l’Europe, l’ONU, les Turcs et les radicaux d’Orient. Enfin, entre le couple Damas-Téhéran et le tandem Riyad-Le Caire. Les enjeux ? Les maillons faibles de la carte : l’Irak, la Palestine, le Liban, avec regard oblique, plus loin, sur l’Afghanistan, voire sur le Pakistan. Pour ce qui est des perspectives concernant le Liban, la source citée souligne qu’il y a du pour et du contre. D’un côté, il fait toujours l’objet d’appétits voraces. Israéliens, syriens ou iraniens. Mais, d’un autre côté, son indépendance, sa souveraineté, son intégrité territoriale, sa liberté de décision et son droit à un État de droit trouvent, cette fois, de très fermes défenseurs. Dont la communauté internationale, Washington, Paris, Riyad et Le Caire. Et, surtout, le renouveau Beyrouth officiel lui-même. Toutes parties qui considèrent que les valeurs citées ne sont pas négociables. C’est là un fait nouveau, comme disent les juristes, essentiel par rapport aux précédents historiques. Comme lorsque, pour la présidentielle de 88, Américains et Syriens se sont entendus comme larrons en foire pour tenter de décider à la place des Libanais. Ou encore comme pour l’entrée des Syriens en 76. Vigilance Mais, il faut tout de suite le souligner, l’art de la diplomatie consiste justement à ruser avec les principes, pour les trahir sans avoir l’air d’y toucher. Le Liban doit donc faire très attention au tour que pourraient prendre les négociations multilatérales en gestation. Des pourparlers dont le pôle cité a réalisé le côté quasi inéluctable lors d’une visite à Washington. Dont les responsables lui ont répété qu’il n’est pas question de renverser le régime syrien, mais d’en corriger le comportement. Et qu’il s’agit, de même, de contenir l’Iran, sans plus, par des sanctions ciblées, pour qu’il ne développe pas l’arme nucléaire. À partir de là, le risque pour le Liban est clair. Une fois rassuré sur son sort et sur sa pérennité, le régime syrien n’aurait aucune raison de modifier sa ligne d’attaque pour la récupération de sa tutelle. Une contre-offensive qu’il a d’ailleurs lancée en se trouvant rasséréné par la pressante intercession en sa faveur, auprès des Américains, de Moubarak et d’Abdallah après l’assassinat du président Hariri. Moyennant le retrait de ses troupes, on le laisserait tranquille. Il en a profité pour lancer ses bons amis du cru à l’assaut. Secondés, si l’on peut dire, par un cycle effroyable d’assassinats et d’attentats ou même de batailles comme à Nahr el-Bared. Pour en arriver aux agressions de mai dernier. Tactique Mais Damas n’oublie pas de ménager la chèvre et le chou. Pour renforcer ses propres capacités de pressions par la nuisance en distendant, en réduisant les pressions que lui-même subit. Il lâche occasionnellement du lest, sans rien céder sur le fond. On l’a vu à Doha, et après, quand il a permis l’élection du général Sleiman, sans donner de feu vert ensuite pour la formation d’un cabinet d’entente. Prenant au piège, en quelque sorte, le président français Nicolas Sarkozy qui, après l’élection, s’est empressé de reprendre langue avec Assad, et même de l’inviter aux cérémonies du 14 Juillet. Autre péril sous-jacent, selon ce loyaliste éclairé : dans le fond, le leadership arabe est en phase de régression dans la région, face à un Téhéran de plus en plus ambitieux et actif. Au point qu’il est en train de s’approprier une partie importante du nucléus du principal problème régional, le conflit avec Israël. De la carte palestinienne, via le Hamas, et de la frontière sud-libanaise, via le Hezbollah. Sans compter le petit jeu du côté de l’Irak. Localement, le coup de force hezbollahi de mai frappant Beyrouth et la Montagne s’est fait sans réaction notable des USA ou de Paris. Le Liban est peut-être bien en train d’entrer dans l’ère iranienne, après l’ère nassérienne, syrienne ou israélienne, avec éclipse de l’Amérique de Bush, du fait de la prochaine présidentielle. Et erreur d’aiguillage de la France de Sarkozy, qui n’est pas Chirac. Retour et arrivée, cependant, à la source. L’observateur cité craint que Damas n’obtienne, à tout le moins, une neutralisation du tribunal international, sa bête noire. En perdant son droit à la vérité dans l’assassinat du président Hariri, le Liban risque de perdre, un à un, tous ses autres droits vitaux. Et de continuer à servir de bouc émissaire, de lice ouverte à tous les vents, iraniens, syriens ou israéliens. Ou encore de se trouver disloqué du fait de divisions internes attisées par les tireurs de ficelle. Émile KHOURY
Une frappe américaine ou israélienne contre les sites nucléaires iraniens et syriens ? C’est tout à fait exclu, estime un pilier analyste du 14 Mars. Exclu parce que, de toute évidence, et Téhéran le souligne sans cesse, la riposte serait immédiate, entraînant sans doute une guerre généralisée. Avec, entre autres avanies, destruction des ressources pétrolières du Golfe...