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Liban, un pays de cocagne que j’aime malgré tout

Un de mes voisins étrangers, qui a adopté le Liban comme seconde patrie, m’a dit il y a quelques jours, à l’occasion d’une parade organisée à minuit pour fêter la victoire de l’Allemagne à l’Euro 2008?: «?Vous êtes vraiment un pays extraordinaire. Réunir plus de 100 voitures pour fêter la victoire d’une équipe étrangère, qu’elle soit allemande, italienne, française, espagnole ou russe, est un exploit qu’aucun pays au monde ne peut réussir.?» Dans ce pays béni de Dieu et où les diables ont droit de cité, on retrouve tous les contrastes qui peuvent exister dans le monde et avec lesquels nous sommes obligés de cohabiter et de survivre. L’été arrive et déjà tous les jolis ventres des Libanaises, de 7 à 72 ans, sont bien exposés aux regards concupiscents ou ravis de dizaines de milliers de spectateurs allégés par ce spectacle gratuit. C’est comme on dit un genre de «?Folies Berbères?» à la portée de tous. J’ai reçu il y a quelques jours une maman sexy à la quarantaine incertaine, accompagnée de ses deux filles, de 13 et 17 ans. Elles formaient vraiment un trio provocant, qui attirait le regard de tous les passants, et si nos intégristes avaient vu ce spectacle, je suis certain qu’ils en auraient avalé leurs barbes. Étrange et unique Liban. Vous parlez de crise économique et de misère noire, mais essayez un week-end de trouver une place dans un restaurant ou sur une plage. La moyenne par personne est de 20 dollars et le salaire mensuel moyen de 300, cela n’empêchera pas le Libanais moyen ou le Libanais aisé de trinquer, joyeusement entouré de tous ses enfants et petits-enfants, et de savourer son petit arak. Demain est un autre jour et les soucis d’argent sont pour tous les jours, exceptés les week-ends. Je ne vous parle pas des habits des petits qui sont tous signés des plus grandes marques, car l’esprit d’émulation dans notre pays commence à 5 ans, et pour les femmes cela représente une source de compétition qui n’a jamais de fin. Que je t’aime pourtant, mon Liban, avec tes contrastes, avec ta joie de vivre, ton esprit provocateur qui est en définitive une sorte d’autodéfense contre un environnement hostile. Tes politiciens sont pourris, car ils savent manger à tous les râteliers. L’argent n’a pas d’odeur, et même l’Iran, qui était banni il y a quelques années, a aujourd’hui ses partisans, de plus en plus nombreux, car il dépense de plus en plus d’argent. Mais si ce pays s’avise de chercher à dominer et à imposer sa façon de vivre, alors le Libanais se rebiffe car son besoin de liberté est trop grand, et tous les envahisseurs, qu’ils soient romains, arabes, turcs, français ou de quelque autre pays, ne sont jamais arrivés à dominer ces petits Astérix en «?cherwal?» qui, dans le cadre de leur communauté ou de leur région, sont indomptables. Le Liban, grâce à ses millions d’émigrés disséminés aux quatre coins du monde, a su imposer partout sa joie de vivre, son sens du commerce, ses qualités et ses défauts qui ne se retrouvent chez aucun peuple du monde. Et, comble d’ironie, ce sont les populations locales qui adoptent les us et coutumes des Libanais. Et pour terminer, je dirais comme Gibran Khalil Gibran, ce géant libanais de la littérature et de l’art?: «?Si je n’étais pas libanais, je chercherais à devenir libanais.?» Raymond NAHAS
Un de mes voisins étrangers, qui a adopté le Liban comme seconde patrie, m’a dit il y a quelques jours, à l’occasion d’une parade organisée à minuit pour fêter la victoire de l’Allemagne à l’Euro 2008?: «?Vous êtes vraiment un pays extraordinaire. Réunir plus de 100 voitures pour fêter la victoire d’une équipe étrangère, qu’elle soit allemande, italienne,...