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ÉCLAIRAGE Le sort de l’accord de Doha tributaire des développements régionaux et internationaux ? Scarlett HADDAD

Qu’est-ce qui n’a donc pas fonctionné après l’accord de Doha pour que la situation en soit arrivée à ce stade de pourrissement ? Près d’un mois après l’élection du président Michel Sleiman à la tête de la République, en présence de représentants des pays arabes et de la communauté internationale, dans un appui déclaré jamais vu encore au Liban, les espoirs de normalisation rapide de la situation semblent s’évaporer. Le gouvernement d’union nationale sur lequel les protagonistes s’étaient entendus à Doha tarde à voir le jour alors que les incidents sécuritaires se multiplient et que l’adoption du nouveau découpage électoral proposé à Doha ne semble pas non plus imminent. Que s’est-il donc passé pour que l’accord de Doha, salué comme le début d’une nouvelle page pleine de promesses positives pour le Liban, soit aujourd’hui plus ou moins remis en question, dans les faits sinon dans les déclarations ? Une source de l’opposition, qui ne cache d’ailleurs pas sa déception vis-à-vis de l’état actuel des choses, explique que l’accord de Doha est intervenu à un moment où toutes les parties locales, régionales et internationales, impliquées de près ou de loin dans la crise libanaise, avaient intérêt à faire passer cet accord, même provisoire. Selon cette source, l’accord de Doha est intervenu après les événements de Beyrouth, les 7 et 8 mai. À ce moment, les protagonistes locaux et régionaux étaient encore sous le choc de ce qui s’était passé : la majorité et le Courant du futur en particulier éprouvaient un sentiment de défaite et de frustration, et l’opposition, en particulier le Hezbollah, était inquiète des conséquences de son action ainsi que du tollé sunnite qu’elle avait provoqué. Sur le plan régional, l’Iran conseillait aussi l’apaisement pour éviter une généralisation des conflits entre sunnites et chiites, et l’Arabie saoudite voulait stopper les dégâts et permettre à ses alliés de se ressaisir. Sur le plan international, la France voulait depuis le début une solution et avait fait plusieurs tentatives en ce sens alors que les États-Unis, selon la source de l’opposition, voulaient éviter que « la victoire militaire de l’opposition ne se transforme en victoire politique ». C’est donc dans ce contexte que le Qatar a offert ses bons et loyaux services, en ayant bien pris soin d’obtenir un feu vert de la part de toutes les parties concernées. C’est d’ailleurs ce feu vert qui aurait permis à l’émir du Qatar dans ses contacts avec les protagonistes libanais de les pousser à s’entendre, leur affirmant qu’ils n’ont pas d’autre choix puisque le monde entier souhaite la conclusion d’un accord. Ainsi est donc né l’accord de Doha, sur le berceau duquel, toutefois, de bonnes et de mauvaises fées se sont penchées. Selon la source de l’opposition, cet accord aurait été en fait conclu dans un moment précis et dans des circonstances particulières, mais la suite des événements a montré qu’il n’était pas destiné à régler l’ensemble de la crise libanaise, ni à mettre réellement le pays sur les rails de la solution, comme on l’avait alors déclaré. Pour cette source de l’opposition, tous les protagonistes voulaient en fait un répit, sans plus, car les contentieux régionaux et internationaux ne sont pas encore réglés. La même source ajoute que la majorité a vu le parti qu’elle pouvait tirer du maintien du statu quo pour tenter d’éviter de donner à l’opposition le tiers de blocage au gouvernement ainsi que le nouveau découpage électoral. Sans oublier le fait que depuis les événements de mai, elle a repris en main une grande partie de l’initiative interne. Pour cette même source, l’opposition, elle, ne compte pas se laisser faire et rééditer l’expérience du dernier gouvernement du mandat Lahoud, lorsque certains ministres ont changé de camp en cours de route. Elle préfère donc prendre son temps, convaincue qu’elle ne doit pas perdre en politique ce qu’elle a gagné sur le terrain. Sur le plan régional, le contentieux entre d’une part la Syrie, et d’autre part l’Arabie saoudite et l’Égypte, est loin d’être réglé. Au contraire, il s’aggrave de jour en jour et la source de l’opposition considère que l’Arabie saoudite souhaite faire payer à la Syrie ses positions hostiles et pleines de défi, alors que la Syrie estime que le temps joue en sa faveur et qu’elle est mesure de passer outre Riyad et ses exigences. Sur le plan international enfin, la source de l’opposition estime que s’il est certain que le projet de l’administration américaine dans la région est en train de reculer, il n’est pas encore neutralisé. Selon la même source, les États-Unis continuent d’étudier sérieusement l’idée d’attaquer l’Iran. Le plan militaire aurait même été évoqué au cours de la dernière visite du Premier ministre israélien à Washington, et ce dernier aurait expliqué aux Américains qu’Israël devrait mobiliser la moitié de ses forces armées sans être en mesure de bombarder tous les sites nucléaires iraniens tant ceux-ci sont nombreux et bien dissimulés. Mais, toujours selon la même source, l’administration américaine continue de considérer une telle attaque comme une option sérieuse, et elle a installé dans la région une grande partie de sa flotte de guerre pour être prête à toutes les éventualités. La source de l’opposition évoque aussi des articles dans les journaux américains qui précisent qu’une telle attaque pourrait avoir lieu à l’automne, soit pour influer sur les élections présidentielles, soit pour créer un fait accompli qui permettrait à la nouvelle administration d’initier de nouvelles solutions. Dans un contexte aussi flou, où toutes les options sont encore possibles, la situation au Liban ne peut donc pas se diriger vers des solutions durables et radicales. Au mieux, les Libanais pourraient avoir un nouveau gouvernement, au pire le satu quo actuel pourrait se prolonger, avec des secousses sécuritaires, mais sans conflit généralisé. Le Liban serait donc, une fois de plus, tributaire des développements régionaux et internationaux...
Qu’est-ce qui n’a donc pas fonctionné après l’accord de Doha pour que la situation en soit arrivée à ce stade de pourrissement ? Près d’un mois après l’élection du président Michel Sleiman à la tête de la République, en présence de représentants des pays arabes et de la communauté internationale, dans un appui déclaré jamais vu encore au Liban, les espoirs de...