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Actualités - CHRONOLOGIE

PROGRAMME EUROMED - Travail complémentaire d’al-Majmoua et de CRTD.A pour encourager le «?rôle des femmes dans la vie économique?» La durabilité des projets, inquiétude principale des partenaires libanais

Parmi les différents projets entrepris par l’Union européenne au Liban dans le cadre du programme EuroMed, le projet Femmes entrepreneuses en Méditerranée a pour objectif majeur la promotion du rôle des femmes dans toutes les sphères de la vie économique dans les pays concernés. Ce projet a débuté en janvier 2006 grâce au financement de l’UE, avec la collaboration d’al-Majmoua (l’association libanaise pour le développement) et le CRTD.A (Collective for Research & Training on Development-Action). La durabilité des projets reste l’inquiétude principale des partenaires libanais. Difficile de suivre Alia Farhat. Elle passe d’un bureau à une salle de conférences, d’un étage à un autre, son téléphone portable dans une main, un dossier dans l’autre. Alia Farhat est responsable du programme Rôle des femmes dans la vie économique, abrégé en EOWEL, à l’association libanaise pour le développement – al-Majmoua, une ONG libanaise créée en 1997. Ce projet est réalisé dans le cadre de la coopération EuroMed visant les pays MEDA et concerne les Femmes entrepreneuses en Méditerranée (FEM). «?Nous faisons partie, avec d’autres organisations tunisienne, marocaine, égyptienne et française, d’un consortium qui offre des services financiers, des micro-crédits aux femmes et aux hommes qui ont des difficultés pour accéder aux services bancaires. En général, les microentrepreneuses auxquelles nous nous adressons demandent de petits montants variant entre 200 et 5?000 dollars?», explique Alia Farhat. Ce projet a débuté en janvier 2006 grâce au financement de l’UE en créant un service non financier dans lequel al-Majmoua s’adresse uniquement aux femmes. À ce jour, au moins 3?000 femmes ont bénéficié du projet FEM. Ce projet comprend des sessions de sensibilisation. «?Nous répondons à des questions très précises, posées par les femmes elles-mêmes, sur des sujets comme la prévention du cancer du sein ou les violences contre les femmes?», souligne Mme Farhat. «?Ces sessions ont été très bénéfiques parce qu’elles nous ont permis d’identifier des besoins urgents concernant des cas assez graves?», ajoute-t-elle. Le gros du projet se concentre toutefois sur les services pour le développement des affaires. L’association organise des formations professionnelles adressées à des femmes au foyer, sans diplômes, souhaitant apprendre un petit métier afin de le pratiquer à partir de leur domicile pour générer un petit revenu. «?Nous avons fait des formations pour le travail du rotin, l’emballage de chocolats, etc. Près de 80 femmes ont bénéficié de ces sessions. Une quinzaine ont persévéré et se sont lancées dans un petit travail suite à cette formation. L’avantage de ce type d’activités est qu’elles nécessitent un capital de départ très limité?», affirme Mme Farhat. Sur des thèmes plus précis, al-Majmoua organise des formations techniques, comme des sessions d’information sur le micro-crédit. «?Nous avons fait appel à une jeune styliste qui a donné une formation spécialisée pour les couturières en Fashion Design, Pattern Making, les grands courants de la mode...?», ajoute-t-elle. «?Nous mettons également en relation ces couturières avec des designers, ou avec des ateliers qui ont besoin de leur service d’une manière ponctuelle ou régulière. Notre but est donc de faciliter le lien entre ces femmes qui vivent en général dans des régions rurales et le marché du travail?», explique la responsable d’al-Majmoua. Plus de visibilité pour les entrepreneuses Layla Mourad a fait des études de couture dans les années 70, avant de se marier. Elle a cinq filles, aujourd’hui toutes mariées. Grâce à son activité, elle a pu assurer une éducation à ses filles et subvenir aux besoins de sa famille. «?J’ai beaucoup bénéficié des activités d’al-Majmoua?», explique-t-elle. «?Je vais prochainement au Maroc pour participer à un séminaire d’échanges d’expériences avec des femmes d’autres pays?», ajoute Mme Mourad, alors qu’elle prend les mesures d’une cliente dans «?son atelier?». Il s’agit en fait du balcon de sa maison, qu’elle a fermé avec des rideaux opaques et étanches. Elle y a placé deux machines à coudre et l’on peut admirer quelques-unes des robes qu’elle est en train de terminer. «?Grâce au réseau tissé avec al-Majmoua, ma réputation a dépassé les frontières de mon quartier?», ajoute-t-elle avec fierté. Mme Mourad a également participé à un fashion-show organisé grâce à l’association libanaise pour le développement. «?Le défilé de mode fut un succès. Il a été le résultat d’un travail assidu sur une année et a offert à plusieurs femmes créatrices une ouverture très réussie sur le monde extérieur?», renchérit Mme Farhat. L’initiative de l’UE fut le point de départ pour un travail à plus grande échelle au niveau de ces services. C’est dans ce cadre qu’al-Majmoua a coopéré avec CRTD.A (Collective for Research & Training on Development-Action), organisant conjointement une conférence autour du thème «?Comment aider les femmes à accéder aux micro-crédits?». De son côté, la directrice exécutive du CRTD.A, Lina Abou-Habib, estime que l’intérêt du programme relève du fait qu’il englobe des pays du Machrek et du Maghreb (Liban, Syrie, Égypte, Algérie et Maroc). «?Son importance relève également du fait que ce projet fonctionne à plusieurs niveaux. D’abord, nous travaillons directement avec les femmes (issues de milieux ruraux ou chefs d’entreprise), avec les associations (de femmes, de consommation), avec le secteur public (ministère des Affaires sociales, de l’Économie, conseils nationaux de femmes) et enfin avec les médias?», explique Mme Abou-Habib, installée dans son bureau tapissé d’affiches et de posters sur le thème de la défense des droits de la femme. Des résultats concrets Par ailleurs, le projet comprend cinq éléments fondamentaux?: il y a eu d’abord un travail d’évaluation qui a duré plus longtemps que prévu à cause de la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Le rapport a été publié lors d’une conférence de presse tenue le 1er février 2007. À partir des résultats obtenus, «?nous travaillons sur deux axes essentiels?: la formation et le renforcement des capacités des formateurs et formatrices, suivis d’un travail de conseil sur la participation économique des femmes. Nous travaillons directement avec les femmes?», insiste Mme Abou-Habib, qui cite l’exemple d’une coopérative de femmes dans la Békaa. «?Quand nous avons entamé le projet, nos maris se moquaient de nous?», explique l’une des femmes impliquée dans ce projet et résidant à la périphérie du Liban. «?Aujourd’hui, nous sommes invitées à prendre part à toutes les décisions qui ont lieu dans notre village?», affirme-t-elle fièrement. La communication est le quatrième pilier du projet. «?Les activités qui ont eu lieu ces trois dernières années vont nous permettre de créer une base d’archives importantes qui sera traduite en arabe, en français et en anglais?», explique Lina Abou-Habib. Et après?? Enfin, la dernière composante du projet, le «?Policy Making?», ne deviendra réalité qu’en cas de suivi du projet. Ceci «?nécessiterait un travail de longue haleine?», souligne Mme Abou-Habib. «?En plus de la guerre et de l’instabilité politique, le problème essentiel est la durabilité du projet. Nous craignons toujours que le projet ne soit pas prolongé jusqu’à la deuxième phase qui nous permettrait d’exploiter les résultats obtenus?», s’inquiète-t-elle. L’objectif central, aujourd’hui, est donc l’après-FEM. «?Le partenariat a très bien fonctionné, insiste Alia Farhat, et nous avons envie de poursuivre tous ensemble. Avoir une continuité est vraiment important.?» * * * Nom?: Rôle des femmes dans la vie économique (EOWEL). Budget?: 5 millions d’euros (MEDA). Durée?: 2006-2008. Pays méditerranéens partenaires participants?: Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Autorité palestinienne, Syrie, Tunisie, Turquie. Le programme a pour objectif majeur la promotion du rôle des femmes dans toutes les sphères de la vie économique et vise à renforcer la coopération des États et des acteurs de la société civile dans ce domaine. www.roleofwomenineconomiclife.net Antoine AJOURY Source?: EuroMed Info Center.
Parmi les différents projets entrepris par l’Union européenne au Liban dans le cadre du programme EuroMed, le projet Femmes entrepreneuses en Méditerranée a pour objectif majeur la promotion du rôle des femmes dans toutes les sphères de la vie économique dans les pays concernés. Ce projet a débuté en janvier 2006 grâce au financement de l’UE, avec la collaboration...