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TOURISME - Le propriétaire de l’hôtel est apparenté à la famille royale saoudienne Pas d’alcool et moins d’étoiles pour le « Grand Hyatt » du Caire

Le « Grand Hyatt », un palace du Caire où l’alcool a été banni au nom de la loi islamique, est menacé par les autorités égyptiennes de perdre début juillet ses cinq étoiles. Début mai, son propriétaire, le cheikh Abdel Aziz Ibrahim, apparenté à la famille royale saoudienne, a décidé d’expurger radicalement d’alcool ce palace idéalement placé en surplomb du Nil. Il a ainsi donné l’ordre que soient vidées dans les toilettes quelque 2 500 bouteilles des bars ou des caves, sans prendre la peine d’en aviser la société gestionnaire américaine, Hyatt International. « 300 000 dollars sont partis dans les canalisations par ce diktat qui contrevient totalement aux règlements de l’hôtellerie égyptienne », affirme le président de l’Association des hôtels égyptiens, Fathi Nour. Si le propriétaire observe le mutisme, n’ayant pas donné suite aux questions de l’AFP, les représentants du Hyatt, dont le siège est à Chicago, concèdent n’avoir pas goûté sa façon de procéder. « De l’alcool, il n’y en a plus, et ce n’est pas de notre fait. Des discussions sont engagées pour deux ou trois semaines », a affirmé à l’AFP la porte-parole du Grand Hyatt, Sally Khattab. Pour Fathi Nour, qui a rencontré le cheikh la semaine passée, la situation « est claire et a valeur d’exemple ». Cela passe, avec le retour de l’alcool, ou cela casse. « Le 2 juillet est la date limite. S’il persévère, l’hôtel tombera à deux étoiles, avec des tarifs en conséquence, a-t-il dit. Il ne va pas nous imposer la loi saoudienne. Si la nôtre ne lui plaît pas, qu’il aille ailleurs. » Les règles stipulent qu’au-dessus de deux étoiles, les hôtels doivent vendre de l’alcool aux clients qui le souhaitent. Un propriétaire ne doit pas non plus s’immiscer dans la gestion d’une compagnie gestionnaire. Cette décision a fait sensation dans le secteur touristique qui, avec 11,1 millions de visiteurs l’an dernier, emploie 12 % de la population active et pèse 11,6 % du PNB. Pour les autorités égyptiennes, qui considèrent comme stratégique une industrie pourvoyeuse de 20 % des devises étrangères, l’islamisation de la société doit s’arrêter au seuil des hôtels pour touristes. Interdite sans appel par la charia, la loi islamique, la consommation d’alcool n’est pas prohibée en Égypte mais peu répandue, et surtout le fait des touristes dont le nombre a doublé en cinq ans. Visitant la vallée du Nil, ou se prélassant sur les plages de la mer Rouge, les Européens, qui comptent pour les deux tiers des touristes, assurent 80 % de la consommation de vin en Égypte. « Il y a vraiment un boom touristique, nous croisons les doigts pour que cela dure », affirme à l’AFP le ministre du Tourisme, Zoheir Garranah, rappelant que « nous avons des lois qui régulent cette industrie ». Pour le ministre, la question est en effet là. « S’il ne veut pas qu’on serve de l’alcool et se plier aux règles, c’est son choix, mais il doit en supporter les conséquences. » Se sentant moins bienvenus à Londres, Paris ou New York, c’est vers Le Caire que les vacanciers des pays arabes du Golfe – dont 400 000 Saoudiens – migrent désormais en masse pendant l’été. Capitale mythique dans le monde arabe, Le Caire a toujours attiré des voyageurs du Golfe, y compris pour ses lieux de plaisirs, et ils ne semblent guère choqués par la vente d’alcool dans les palaces. Estimant à 10 % le marché des voyageurs musulmans, quelques « hôtels islamiques » sans alcool se sont créés dans le Golfe, comme à Dubaï le Taj Palace et en début d’année les appartements-hôtels Tamani. Pour le cheikh Ali Abdel Bakhi, du centre des études islamiques d’al-Azhar, haute autorité du monde sunnite, « cette décision est très bonne, car au moins elle permet d’avoir le choix d’un hôtel islamique ». « Il faut l’encourager car l’alcool abaisse l’homme au rang de l’animal », a-t-il dit à l’AFP.
Le « Grand Hyatt », un palace du Caire où l’alcool a été banni au nom de la loi islamique, est menacé par les autorités égyptiennes de perdre début juillet ses cinq étoiles.
Début mai, son propriétaire, le cheikh Abdel Aziz Ibrahim, apparenté à la famille royale saoudienne, a décidé d’expurger radicalement d’alcool ce palace idéalement placé en surplomb du...