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Actualités - CHRONOLOGIE

L’acidification des océans scrutée par les chercheurs européens

Largement méconnues, les conséquences de l’acidification des océans sur les écosystèmes marins vont faire l’objet d’une campagne européenne de recherche, la première du genre, coordonnée par l’observatoire océanologique (LOV) de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes, France). « Jusqu’à la fin des années 1990, on savait que les océans absorbaient un tiers des émissions humaines de CO2 présent dans l’atmosphère, mais on voyait plutôt ça comme une bénédiction parce que c’était autant de CO2 en moins dans l’air », explique Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche à l’observatoire (CNRS/Université de Paris 6). « Puis des chercheurs ont découvert que la croissance des organismes marins à squelette calcaire était affectée négativement par cette acidification et on a commencé à se dire que l’absorption de CO2 par l’océan n’était pas si anodine que ça. » Chaque jour, plus de 25 millions de tonnes de gaz carbonique (CO2) produites par les activités humaines se retrouvent dans les océans et contribuent à les acidifier. Comment réagissent à ce phénomène les différents organismes et écosystèmes marins ? Le programme Epoca va mobiliser pendant quatre ans 27 équipes de recherche réparties dans neuf pays européens pour répondre à cette question. Tous les partenaires du projet se réunissent pour la première fois demain à Nice afin de planifier les différentes étapes de l’expérimentation. « Un premier aspect va consister à décrire le niveau d’acidification des océans aujourd’hui et dans le passé en remontant plusieurs milliers d’années en arrière et ça dans trois zones : Méditerranée, Atlantique, Arctique », détaille M. Gattuso. « On pense pouvoir obtenir des données anciennes en prélevant des carottes de sédiments au fond des mers. Chaque couche de sédiment correspondant à une période donnée, on va estimer le niveau du pH au moment où les coquilles calcaires ont été fabriquées », poursuit-il. La plus grosse partie du programme Epoca va tenter de préciser les réponses biologiques des zooplanctons, phytoplanctons, algues, mollusques et autres coraux au phénomène d’acidification et d’évaluer leur capacité d’adaptation. « Peut-être le constat ne sera-t-il pas uniquement négatif. Une étude a déjà prouvé que la croissance des plantes marines est stimulée par l’augmentation du CO2 dans l’eau », remarque Lina Hansson, manager d’Epoca. Outre les études en laboratoire, les chercheurs vont également mener des expériences en milieu naturel, dont la plus emblématique se déroulera en juin 2009 au Spitzberg. Des sacs pouvant contenir plusieurs m3 d’eau vont être immergés dans les eaux froides de l’Arctique qui absorbent davantage de CO2 que les eaux plus chaudes. Leur contenu sera soumis à différentes modifications du pH pour reproduire les conditions de pH passées et simuler celles à venir. L’Union européenne (UE) qui finance à hauteur de 6,5 millions d’euros cette campagne d’un budget total de 16,5 millions d’euros sera destinataire des résultats et n’entend pas les oublier au fond d’un tiroir. « Nous allons tenter d’identifier des seuils critiques de pH à ne pas franchir sous peine de bouleverser l’écosystème des océans. L’UE veut inclure ce phénomène dans les négociations de l’après-Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre », explique M. Gattuso.
Largement méconnues, les conséquences de l’acidification des océans sur les écosystèmes marins vont faire l’objet d’une campagne européenne de recherche, la première du genre, coordonnée par l’observatoire océanologique (LOV) de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes, France).
« Jusqu’à la fin des années 1990, on savait que les océans absorbaient un tiers des...